L'Europe spatiale revient aux affaires avec le petit lanceur Vega

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
02 juin 2020 à 18h15
4
Le petit lanceur européen Vega. Crédits ESA/S. Corvaja
Le petit lanceur européen Vega. Crédits ESA/S. Corvaja

Avec des mesures adaptées à la pandémie de COVID-19, les équipes sont de retour pour préparer le prochain décollage au Centre Spatial Guyanais

La fusée Vega emmènera la mission VV-16 : SSMS et ses 53 satellites en orbite basse.

Préparation versus COVID-19

C'est un retour aux affaires prudent à plus d'un titre. De fait, pour « rouvrir » le Centre Spatial Guyanais, les équipes venant de métropole ont dû se soumettre à des mesures contraignantes : deux semaines de quarantaine et d'isolement avant de pouvoir pénétrer et travailler sur le site, qui met en place de nouvelles procédures d'hygiène et de distanciation sociale.

Logique, dans ce contexte, que la reprise soit encore progressive : la Guyane est en surveillance active pour la circulation du virus, avec 30 hospitalisations et deux cas en réanimation ce mardi 2 juin. Il faut ajouter à cela que le port spatial européen a rarement vu mission plus internationale pour sa reprise, avec 53 satellites répartis entre 21 clients.

Pour accélérer les opérations, des solutions innovantes ont été mises en place avec, par exemple, l'utilisation de lunettes connectées permettant aux équipes en télétravail d'observer les installations « comme s'ils y étaient ».

Mission record pour Vega

Après deux mois d'arrêt et un mois de préparation, la nouvelle mission s'appelle SSMS (pour Small Spacecraft Mission Service). Mise en place grâce à l'ESA et portée par les industriels italiens Avio et SAB Aerospace, il s'agit d'une plateforme modulable conçue pour emmener un grand nombre de satellites en orbite basse héliosynchrone.

Les charges utiles elles-mêmes peuvent avoir plusieurs formats. Le vol, qui devrait avoir lieu le 18 juin, embarquera des microsatellites comme celui de GHGSat Inc, mais aussi des CubeSats 3U au service des entreprises Planet Labs ou Spire, l'éjecteur ION de D-Orbit et des satellites encore plus petits, les SpaceBee de Swarm Technologies (3 x 10 x 10 cm).

Premier vol depuis VV-15

La mission sera particulièrement suivie, non seulement parce que c'est la première en Guyane depuis le mois de février, mais aussi parce qu'il s'agit du retour en vol du petit lanceur Vega après la catastrophique mission VV15 en juillet 2019. Au cours de cette dernière, le lanceur a souffert d'un échec critique qui l'a empêché d'atteindre l'orbite avec sa charge utile, le satellite « espion » des Emirats Arabes Unis, Falcon Eye 1. Le seul échec de la plus petite fusée européenne en 15 vols...

Au mois de septembre dernier, l'industriel référent du projet, Avio, avait publié une vidéo pour expliquer l'origine de cet échec (une rupture du dôme du troisième étage à propulsion à poudre) et annoncer le retour aux vols. Cette fois avec VV-16, les clients actuels et futurs auront les yeux tournés sur les paramètres de télémesure du petit lanceur…

Eric Bottlaender

Spécialiste espace

Spécialiste espace

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

Lire d'autres articles

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

Lire d'autres articles
Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ? Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
google-news

A découvrir en vidéo

Rejoignez la communauté Clubic S'inscrire

Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.

S'inscrire

Commentaires (4)

Regis_d_Acheres
boum, badaboum
ebottlaender
D’une part, ça a toujours été le cas pour l’Europe, et il y a peu de nouvelles bases de tir de par le monde.<br /> D’autre part, la Chine a besoin de ses propres rotations de bateaux pour amener ses étages à Wenchang (c’est sur une île) et la Russie galère par rail à approvisionner correctement son site de Vostotchnyi…
PsykotropyK
Plus on se rapproche de l’équateur, moins l’énergie requise pour positionner un satellite en orbite géostationnaire est importante, l’Europe dispose grâce à cette base de Kourou d’un avantage indéniable sur nombre de ses compétiteurs.<br /> Dommage qu’ils soient en train de prendre du retard côté technologie
Voir tous les messages sur le forum
Haut de page

Sur le même sujet