Google Trends suspendu en Nouvelle-Zélande après avoir dévoilé l'identité d'un suspect

09 juillet 2019 à 11h19
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Elles sont utilisées par des milliers de personnes, notamment pour connaître les sujets les plus en vogue. Mais les Néo-Zélandais devront se passer des alertes de Google Trends durant quelques temps. Suite à un faux pas et à un face-à-face du géant américain avec les grands élus, le service est suspendu dans le pays.

Cette suspension fait suite à la diffusion publique, via les mails automatiques générés par Google Trends, du nom d'un individu suspecté de meurtre.

Un nom rendu public

Reprenons les faits dans l'ordre chronologique. Le 2 décembre dernier, Grace Millane, une étudiante britannique en vacances à Auckland, est enlevée et assassinée. Six jours plus tard, un homme de 26 ans est interpellé : il est considéré comme le principal suspect. L'affaire avait fait grand bruit sur la scène internationale.

Cela explique peut-être qu'elle ait été mentionnée dans les e-mails générés automatiquement, et envoyés par Google Trends à des milliers d'internautes. Mais alors que la justice néo-zélandaise avait accordé un droit à l'anonymat au suspect, les e-mails reçus précisaient son identité.

S'en est suivi, pendant des mois, un bras de fer entre Google et les pouvoirs publics néo-zélandais. Andrew Little, le ministre de la justice, a rendu public un message de Google, qualifiant simplement l'incident de « relativement unique, dans une affaire très médiatisée [...] abondamment traitée par la presse étrangère ». Le géant américain reconnait une erreur, mais n'apporte aucune modification à son service. Selon lui, moins de 200 utilisateurs auraient reçu l'e-mail indiscret.

Google fait un pas en arrière

Pour Andrew Litttle, cette déclaration revient à « faire un doigt d'honneur à la justice néo-zélandaise et à la famille de Grace Millane », menaçant de faire pression sur le géant américain, par des accords internationaux ou pour la voie de la justice.

En réponse, Google a donc suspendu le service Google Trends, reconnaissant une mauvaise communication et qualifiant le débat de « malentendu ». « Nous comprenons le droit à un procès équitable, et reconnaissons qu'il s'agit là d'un élément fondamental du système judiciaire. Nous comprenons qu'il y ait une sensibilité autour de cet incident, et nous avons suspendu les e-mails de Google Trends en Nouvelle-Zélande ». Andrew Little a alors qualifié cette décision de « bienvenue ».

Aucune date de rétablissement du service d'alertes n'a été communiquée pour la Nouvelle-Zélande. La situation entre le pays et le vaste Internet devient plus tendue, en particulier depuis l'attaque terroriste de Christchurch. En mars dernier, un suprémaciste blanc a fait 51 morts, et a filmé son acte pour le diffuser sur les réseaux sociaux. Une semaine plus tard, la première ministre Jacinda Ardern a reçu des menaces de mort par ces mêmes réseaux. L'élue a rencontré le Président Emmanuel Macron en mai, ce qui a abouti à un engagement pour le contrôle des « contenus en ligne terroristes ou extrémistes violents ».

Cela dit, Andrew Little souhaite rester ouvert aux géants des réseaux : « Je continue de chercher des engagements constructifs avec Google et les autres multinationales de la high-tech, pour des solutions à long terme », dit-il.

Source : 9to5Google

Benoît Théry

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Commentaires (13)

vincent83D
Je ne comprends pas ? Google Trends utilise les données disponibles sur Internet, donc le nom était forcément disponible sur Internet sur des sites, Twitter ou autre ? En quoi Google est fautif de communiquer une information disponible ? c’est vraiment faire du bruit pour faire du bruit là …
K4minoU
Techniquement tu as raison =)<br /> Google Trends établit des stats selon des axes temporels et/ou géographique des mots recherchés (ces mots sont en effet publics) etc… Dans ce cas particulier il peut croiser les informations selon un fait marquant<br /> Or, dans toute justice, si elle est normalement constituée, jusqu’à preuve du contraire, on a tous, le droit à la présomption d’innocence.<br /> Google Trends, en publiant certaines informations (ou plutôt en les soulignant) fausse la donne et peut aller à l’encontre du dossier en cours.<br /> Personnellement, je trouve ça grave mais bon, vive le monde moderne à sensation forte, les mecs sont à la recherche de ces types d’infos, donc forcément, quand il y a de la demande… L’offre va suivre mécaniquement…<br /> Pour information, il existe des avocats spécialisés dans les vices de procédure… Leur boulot, c’est de pointer ce qui ne va pas et un dossier peut être débouté, malgré les preuves, juste à cause d’un clou qui dépasse…<br /> Du coup, dans ce cas précis, si le fait que Google Trends est considéré comme un problème dans les procédures habituelles (et si la culpabilité est confirmée), le coupable peut être relaché sans future poursuite possible, juste à cause d’un vice de procédure
vincent83D
Enfin encore une fois, Google utilise des données, autant se retourner du coup contre les sites qui ont publié le nom du présumé coupable à l’instant T. On peut pas en vouloir à un outil de métriques, ça n’a aucun sens.
K4minoU
Mais non!<br /> Tu ne saisis pas le problème de fond =)<br /> Google est pointé du doigt pour son rôle d’aggrégateur des différentes informations publiques, certes, mais qui restent malgré tout difficiles pour le quidam de percevoir dans son ensemble<br /> Si tu vois une information sur un site, tu passes à autre chose et tu l’oublies. Peut-être même que tu ne t’en rendras même pas compte de son importance avec une affaire de justice en cours…<br /> Maintenant si un site ou un service met tout ceci en avant, avec toutes les relations possibles et imaginables entre les mots, les lieux, la date etc… Il y a de quoi faire ressortir ce que l’on veut, pour peu que l’on ait un certain penchant…<br /> Tu as déjà entendu parler de l’effet Streisand ? C’est presque de cela qu’il s’agit ici… Différemment mais tout de même… La ressemblance porte sur le fait qu’on accentue arbitrairement (ou non), un point qui est insignifiant en soi… =)
vincent83D
Donc on accuserait plutôt une personne qui a partagé une fake news sur son compte Facebook ou autre sans le savoir plutôt que l’origine de la fake news ?<br /> Et pour l’effet Streisand, finalement c’est la justice Néo-Zélandaise qui étale cette affaire, comme semble le dire Google, qui lit des emailings de Google Trend ? Je reste pantois face à ça en tout cas, il est en effet toujours plus intéressant de s’attaquer à plus gros.
Jacky67
vincent83D:<br /> Donc on accuserait plutôt une personne qui a partagé une fake news sur son compte Facebook ou autre sans le savoir plutôt que l’origine de la fake news ?<br /> Je crois que ce n’est pas du tout ce s’explique K4…<br /> En gros, il dit que le souci, c’est que des données disponibles sur le Net sont croisées pour en faire une synthèse ; synthèse qu’un être humain ne pourrait faire car il ne pourrait lire autant de données.<br /> Autrement dit, chaque élément du puzzle est totalement anodin, mais une fois tous les éléments assemblés on obtient un puzzle complet qui n’aura pas du tout les mêmes conséquences.
K4minoU
Les fakes news sont un vrai fléau et problème, nous sommes tous d’accord!<br /> Tant que ces fakes news sont distillées dans la nature (ou plutôt sur le web) cela reste inapperçu et il n’y a pas de réel impact.<br /> Par contre, ici, il y a un réel impact Et c’est précisément de cela que la justice pointe du doigt!<br /> OK, ça peut nuire à ce dossier, le coupable, s’il est, sera peut-être relaché pour vice de procédure, mais cela doit faire à minima juriceprudence pour ne plus réitérer le problème à l’avenir!<br /> Ne te focalise pas sur les notions de gros, qui attaque qui, et ou quoi etc…<br /> Par ailleurs, si je m’attarde sur ton argumentation qui est d’affirmer qu’il est toujours plus intéressant de s’attaquer à plus gros, en quoi ici, la justice a à gagner en s’attaquant à Google? Rien… Elle ne gagne pas d’argent, elle est en train d’instruire un dossier criminel et Google empêche son bon déroulé
vincent83D
Enfin on parle d’un nom … faut-il vraiment croiser tout un tas de données pour récupérer un nom qui a certainement été publié énormément de fois sur Internet pour qu’il ressorte dans Trends ? On pense que derrière Google, il y a une super IA ou des êtres humains qui enquêtent, c’est une analyse de métriques.
Jacky67
vincent83D:<br /> Enfin on parle d’un nom … faut-il vraiment croiser tout un tas de données pour récupérer un nom qui a certainement été publié énormément de fois sur Internet pour qu’il ressorte dans Trends ?<br /> Oui, parfois il le faut. <br /> D’autant plus que ce n’est pas juste un nom, c’est un nom associé à d’autres données trouvées ailleurs.<br /> Un nom sur un site, un lieu sur un autre site, une datation sur un autre, des faits relatés sur d’autres, séparément ce n’est rien mais assemblés par un ordinateur capable d’envoyer des bots sur des millions de pages ça donne une nouvelle information.<br /> Je crois que c’est un des points abordés par K4 ci-dessus.<br /> Bonne journée
K4minoU
J’ai un exemple qui sera, je l’espère, parlant pour toi =)<br /> Les juré d’assises sont des citoyens tirés au sort pour représenter le peuple et rendre leur jugement.<br /> En principe, ces jurés doivent respecter un certain ensemble de règles avec les discrétions qui s’imposent.<br /> Le problème principal, est que ces jurés ont aussi une famille… Un voisinage etc, imagine maintenant qu’une personne de l’entourage (plus ou moins) proche écrit un truc tout con sur le réseau social “M. X, mon voisin est juré dans l’affaire Y impliquant le meurtre de Z”<br /> En soit, la news (fake ou pas) peut être invisible, maintenant Google aide à mettre en avant cette news cas elle rentre dans le cadre d’une recherche qui est grandissante…<br /> Du coup non seulement ça peut nuire gravement au bon déroulé de l’affaire, mais en plus potentiellement, Google peut mettre en danger la vie du juré en question, car son anonymat est fortement écorné<br /> Ici, tu pointeras du doigt sur qui? Le mec qui a révélé l’info? ou Google qui a aidé tout le monde à savoir que l’info existe?<br /> Les 2 ont leur tort, mais un des deux a particulièrement joué un rôle déterminant!
cirdan
Plus concrètement, c’est un problème de compétence judiciaire territoriale. La décision d’un tribunal néo-zélandais s’applique au territoire de la Nouvelle-Zélande et Google Trends l’a violée en envoyant le nom du suspect à des néo-zélandais. Mais avec internet c’est compliqué, parce que les frontières sont très poreuses. Le nom du suspect est accessible ailleurs, mais il ne doit malgré tout pas être diffusé dans un média néo-zélandais.<br /> Un peu dans le même sujet, il y a un éternel débat avec le droit à l’oubli. Lorsqu’un internaute demande à Google de supprimer des informations le concernant, est-ce que ça s’applique au pays du demandeur, ou à Google.com international ?<br /> Un autre exemple avec les élections françaises: il est interdit de donner des estimations de résultat avant la fermeture des derniers bureaux de vote… mais seulement en France. Ca ne s’applique pas à la Belgique ou à la Suisse, c’est pourquoi à chaque élection on assiste à cette tartuferie des estimations que chaque français peut trouver en navigant sur des sites étrangers, alors que les médias français et les antennes françaises des mêmes médias étrangers n’ont pas le droit de diffuser quoi que ce soit.<br /> Après il y a aussi l’habitude qu’à Google de s’affranchir des règles pour appliquer les siennes, et même si la situation peut paraitre étrange vis-à-vis de la conception même d’internet, il est bien qu’ils soient régulièrement rappelés à l’ordre.
COVINA
C’est comme pour les résultats des élections. Il est interdit de publier des tendances avant 20h en France. Néanmoins ces tendances sont connues et souvent publiées par les médias étrangers. En revanche, si un média français reprend l’info, il sera sanctionné et c’est normal. C’est à Google de respecter les droits des pays dans lesquels ils publient. Autant c’est difficile pour les news (quoique) autant pour le push, ils savent vers qui, ils poussent les données et ils ne doivent pas le faire sur le territoire où cela est interdit. Je suis sûr qu’ils (google) se conforment à leurs obligations en Chine.
Blues_Blanche
Google doit respecter le droit. Peu importe comment et pourquoi la société diffuse l’information, que ce soit une personne ou un agrégateur, peu importe. Si la firme ne peut pas contrôler ce quelle divulgue, elle n’a qu’a arrêter de le faire et/ou mettre en oeuvre ce qu’il faut pour ne pas que ça se produise. De plus la 1ere reaction de la firme a été de se “moquer” de l’état de droit du pays…
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