Le Canada a abandonné sa taxe numérique sur les GAFAM, les géants de la Tech américains, pour relancer les négociations commerciales. Trump avait menacé le pays de nouveaux tarifs douaniers. Comme l'Europe, le Canada a échoué.

Le Canada et les USA vont encore discuter de la taxation des géants du numérique © Imago Media Indonesia / Shutterstock
Le Canada et les USA vont encore discuter de la taxation des géants du numérique © Imago Media Indonesia / Shutterstock

C'est un volte-face assez spectaculaire puisque le Canada a annulé dimanche soir, in extremis donc, sa taxe sur les services numériques qui devait frapper les géants américains de la tech dès ce lundi. Cette reculade intervient après les menaces de Donald Trump d'imposer de nouveaux tarifs douaniers. Une décision qui rappelle les hésitations européennes face à la taxation des GAFAM et illustre la difficulté de s'attaquer aux revenus de ces mastodontes numériques.

Trump fait plier le Canada sur la taxe GAFAM

Quelques heures seulement avant l'entrée en vigueur d'une taxe de 3% sur les grands noms américains de la Tech, le gouvernement canadien a jeté l'éponge, comme l'indique Reuters. Le Premier ministre Mark Carney préfère visiblement éviter un bras de fer commercial avec son homologue américain. Une décision qui en dit évidemment long sur les rapports de force géopolitiques actuels.

Le pensionnaire de la Maison-Blanche, Donald Trump, n'avait pas mâché ses mots vendredi dernier, qualifiant cette taxe « d'attaque flagrante » contre les entreprises américaines. Le président américain avait même claqué la porte des négociations commerciales, en brandissant la menace de nouveaux tarifs douaniers, comme il sait si bien le faire. La stratégie de pression a manifestement porté ses fruits, puisque les discussions doivent maintenant reprendre avant le 21 juillet.

Cette taxe canadienne n'avait pourtant rien de très révolutionnaire. Elle visait 3% des revenus générés par les géants comme Amazon, Google, Meta ou Apple auprès des utilisateurs canadiens, avec un seuil fixé à 20 millions de dollars annuels. Le ministre des Finances canadien, François-Philippe Champagne va devoir présenter une législation pour abroger complètement cette loi, initialement annoncée en 2020.

La difficile taxation des géants tech à l'échelle planétaire

Le Canada rejoint ainsi la longue liste des pays qui peinent à imposer leur volonté aux GAFAM. D'ailleurs, ne jetons pas la pierre à Donald Trump, car l'administration Biden avait déjà contesté cette taxe en 2024, estimant à l'époque qu'elle violait les accords commerciaux nord-américains. On comprend que les enjeux dépassent largement la simple fiscalité.

Avec 349 milliards de dollars d'exportations américaines vers le Canada en 2024, les relations commerciales entre les deux pays pèsent lourd dans la balance. Le Canada avait d'ailleurs échappé aux tarifs généraux de Trump en avril, mais fait déjà face à des droits de 50% sur l'acier et l'aluminium. Une leçon que d'autres nations pourraient méditer avant de s'attaquer aux intérêts américains.

Cette reculade canadienne sonne comme un avertissement pour tous ceux qui rêvent encore de dompter les géants de la tech. Entre pressions diplomatiques, menaces commerciales et lobbying intensif, les obstacles sont nombreux. Une leçon que l'Europe pourrait méditer alors qu'elle cherche encore sa voie sur la taxation numérique, après avoir elle-même hésité pendant des années à s'attaquer aux revenus des GAFAM.

En Europe, certains États comme la France, l'Italie, l'Espagne, l'Autriche et le Royaume-Uni, appliquent une taxe numérique, faute d'accord au niveau de l'Union européenne. Celle-ci oscille entre 2 et 3% des revenus numériques, 3% dans l'Hexagone.