Boeing déplore ses pertes et repousse les livraisons du 777X à fin 2023, au mieux

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
05 février 2021 à 09h01
3
Boeing 777x © Boeing

L'avionneur Boeing a publié des résultats trimestriels et annuels en baisse, sans surprise. Le géant américain doit, en plus, faire face à des annulations à la pelle de son prochain gros porteur.

Marqué par la pandémie, le dernier bilan financier du groupe Boeing n'est forcément pas très flatteur. Confronté aux annulations du 777X et à la réglementation du 737 MAX, le constructeur américain prend chaque jour un peu plus conscience des conséquences de la crise occasionnée par la Covid-19. En 2020, ses revenus ont plongé de 24%, comparés à ceux de 2019.

La pandémie et le 737 MAX, cet amer cocktail

Sur l'année écoulée, Boeing a généré un chiffre d'affaires de 58,2 milliards de dollars (48,6 milliards d'euros), en baisse de 24% sur un an. Au quatrième trimestre 2020, la baisse fut un peu moins évidente, avec des revenus à hauteur de 15,3 milliards de dollars, contre 17,9 milliards de dollars au T4 2019 (-15%).

La donnée la plus criante pour Boeing est celle qui concerne la perte nette. En 2020, l'avionneur a fait état de 11,9 milliards de dollars de pertes. En 2019, celles-ci n'étaient que de 636 millions de dollars. « L’année 2020 a été marquée par de profonds bouleversements sociétaux et planétaires qui ont considérablement touché notre industrie. L’impact exceptionnel de la pandémie sur le transport aérien commercial, associé à l’immobilisation au sol du 737 MAX, a eu des répercussions sur nos résultats », a commenté le David Calhoun, Président-directeur général de Boeing, en marge de la publication des résultats, à la fin du mois de janvier.

S'il a commencé à recevoir l'approbation d'autorités de réglementation, l'agence gouvernementale américaine de l'aviation civile ayant autorisé son retour en service (d'ailleurs effectifs auprès de plusieurs compagnies depuis le 25 janvier 2021), et que les livraisons ont repris, le 737 MAX est loin, très loin d'avoir repris son rythme de croisière. Et les nombreuses lignes aériennes coupées partout dans le monde n'aident pas.

Des annulations en cascade pour le 777X, mais un carnet de commandes qui reste bien rempli pour Boeing

Si la relance douce du 737 MAX donne à Boeing un semblant d'optimisme, l'inquiétude est plutôt portée sur le 777X, qui va devoir encore patienter avant de prendre son envol, au propre comme au figuré. La première livraison du prochain gros porteur de l'avionneur a en effet encore été repoussée d'un an, et celle-ci n'interviendra, au mieux, qu'à la fin 2023.

Le programme 777X a ainsi enregistré une charge avant impôt de 6,5 milliards de dollars, nécessaire en raison des frais à couvrir, liés à une demande moins importante que prévue, et d'un programme de certification qui tarde. Le carnet de commandes de l'appareil, qui était de 350 il y a un an, est tombé à 191 ces dernières semaines. Les principaux clients de la compagnie qui ont jeté leur dévolu sur le 777X (Emirates, Etihad Airways, Cathay Pacific et Lufthansa) ont tous décidé soit de convertir une partie de la commande en 787-10, soit de décaler les livraisons.

Qu'en pense-t-on chez Clubic ?

Malgré des indicateurs aujourd'hui peu reluisants, il n'y a pas nécessairement péril en la demeure du côté de Boeing. Ou plutôt, la situation pourrait être pire, aurions-nous pu dire, même si le géant a déjà dégraissé et supprimé plusieurs milliers d'emplois dans le monde. Le constructeur possède encore un carnet de commandes bien rempli, avec 4 000 avions commerciaux à produire. Pour un montant total de 363 milliards de dollars. Il ne faudra tout de même pas que la crise s'éternise.

Source : communiqué de presse

Alexandre Boero

Chargé de l'actualité de Clubic

Chargé de l'actualité de Clubic

Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

Lire d'autres articles

Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM, école reconnue par la profession), pour écrire, interviewer, filmer, monter et produire du contenu écrit, audio ou vidéo au quotidien. Quelques atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la production vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et la musique :)

Lire d'autres articles
Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ? Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
google-news

A découvrir en vidéo

Rejoignez la communauté Clubic S'inscrire

Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.

S'inscrire

Commentaires (3)

Nmut
Le principal problème, c’est le manque de visibilité, même à court terme. Les commandes et surtout les options vont encore se réduire dans les prochains mois, mais de combien? Personne ne peut le prédire. Il y a eu un rebond un poil plus important qu’imaginé sur la fin de 2020 qui a donné un peu d’espoir à toute l’industrie, mais depuis, le croissance est inférieure à celle prévue et c’est la soupe à la grimace…
Fulmlmetal
Comme vous le dites à la fin, la situation de Boeing n’est pas si grave.<br /> Effectivement les annulations sont en réalité des reports ou conversion vers un autre modèle. Le plus important pour Boeing étant de ne pas voir ses clients partir à la concurrence.<br /> Le B737 max est à nouveau autorisé en vol, et c’est une bonne nouvelle car les lignes interieures (régionales/nationales/pays voisins) seront les premieres à reprendre. La vision de reprise des gros porteurs n’est pas très bonnes pour au moins un à deux ans.<br /> Boeing peut compter sur le soutien indirect du gouvernement. Le contrat du siècle des ravitailleurs KC46 est pour eux une énorme bouffé d’air. Il y a les contrats pour un nouveau F-15 EX, l’actuel F/A-18 Super hornet et le futur F/A 18 Advanced. Et coté spatial il y a le lanceur Vulcan et la capsule Starliner. Bref de très gros contrats militaires qui déguise des subventions d’aide. Une banqueroute de Boeing serait une catastrophe (économique et militaro-stratégique) pour l’Amérique, impensable.<br /> Le carnet de commande est bien rempli, de quoi fournir du travail pour plusieurs années. Plus d’une entreprise en réelle difficulté aimerait avoir un tel carnet de commande.<br /> Bref si Boeing connait le creux de la vague avec certains échecs et la crise, elle s’en sortira. Ce qui est certain c’est que Airbus profite des déboires de Boeing au niveau internationale, meme si Airbus souffre aussi mais beaucoup moins. Attention quand meme à ne pas laisser la porte ouverte au chinois COMAC car la chine vient d’imposer aux compagnies chinoises d’acheter leurs avions nationaux (C919 et ARJ21) pour attirer la confiance des compagnies étrangers qui ne veulent pas d’un avion estampillé Made in China.
orionb1
BOEING est et restera toujours une grande entreprise<br /> il n’empêche que je suis très content de ce qui leur arrive (avoir privilégié le pognon au détriment de la sécurité) et j’espère que ça leur servira de leçon pour très longtemps (ainsi qu’à beaucoup d’autres boites, mais je rêve)
Voir tous les messages sur le forum
Haut de page

Sur le même sujet