Une nouvelle méthode permet de prouver que l’on se trouve dans une zone précise sans révéler sa localisation exacte. Cette avancée technique combine cryptographie et géométrie, pour mieux protéger la vie privée dans un monde connecté.

- Une nouvelle méthode, Zero-Knowledge Location Privacy, prouve la présence dans une zone sans révéler l'emplacement exact.
- Le système divise la Terre en hexagones, utilisant la cryptographie pour garantir la confidentialité de la localisation.
- Adaptable pour la vérification d'authenticité de données, cette technique protège la vie privée tout en restant fiable.
Diificile aujourd'hui, de cacher l'endroit où l'on se trouve ou notre lieux de résidence, tant les données de localisation se sont imposées dans notre quotidien, des smartphones aux services en ligne. Elles facilitent les déplacements, la publicité ciblée, la sécurité, mais exposent aussi à la surveillance. La nécessité de protéger la vie privée face à ce flux constant de données géographiques devient urgente. Jusqu’ici, il fallait choisir entre prouver sa présence à un endroit ou cacher complètement où l’on est.
Une équipe internationale de chercheurs a proposé un protocole qui change la donne. Il prouve qu’une personne se trouve bien dans une zone géographique donnée sans qu’elle dévoile son emplacement exact. Ce système, baptisé Zero-Knowledge Location Privacy, (ZKLP) combine concepts cryptographiques avancés avec un découpage précis de la Terre en zones géométriques.
Prouver sa localisation sans la dévoiler grâce à la cryptographie
Le protocole est issu d'une idée ancienne de la cryptographie appelée preuve à divulgation nulle de connaissance. Elle permet de démontrer qu’on détient une information sans la révéler. Appliquée à la géolocalisation, elle sert à montrer que l’on est quelque part dans une zone, sans dire où exactement. Pour gérer cela, les chercheurs ont divisé la surface de la Terre en une grille composée d’hexagones réguliers. Chaque hexagone représente une zone définie, dont la taille est adaptable selon les besoins : un quartier, une ville, voire une région.
Quand une personne veut prouver qu’elle est dans un secteur, elle génère une preuve cryptographique qui correspond à la présence dans l’un des hexagones sélectionnés. Cette preuve est vérifiable par un tiers sans que celui-ci sache précisément où l’utilisateur se situe dans la zone. Le protocole utilise des preuves succinctes non interactives (appelées zk-SNARK) qui rendent les calculs efficaces.
Le système peut s’adapter selon la précision souhaitée. Plus la zone choisie est petite, plus la localisation est précise, mais la confidentialité diminue. Au contraire, une zone plus large protège mieux la vie privée, mais ne fournit qu’une indication vague de la position.
Cette méthode ne fonctionne pas sans un point de départ fiable. Elle requiert une source de localisation validée, comme un réseau de satellites GNSS ou une infrastructure réseau. Ensuite, la preuve à divulgation nulle de connaissance prend le relais pour garantir que la localisation affichée ne trahit pas plus d’information que nécessaire.
Des usages multiples pour la protection des données personnelles
La technique se prête à plusieurs domaines où la confidentialité est primordiale. Par exemple, dans le contexte des réseaux sociaux, un utilisateur peut certifier sa présence dans une ville pour accéder à certains services ou événements, sans que son adresse exacte soit visible. Cela prévient les abus liés à la géolocalisation excessive.
Elle pourrait aussi servir dans la vérification d’authenticité de photos ou de vidéos. Une preuve cryptographique peut garantir qu’une image a bien été prise dans une zone donnée, sans pour autant révéler le lieu exact. Ce type de validation devient utile pour lutter contre les deepfakes ou la désinformation géographique.
Les chercheurs évoquent aussi un intérêt dans les domaines du machine learning et de la protection des données. Certaines applications réclament la localisation sans pouvoir exploiter directement les coordonnées précises. Cette méthode permet d’alimenter des algorithmes avec des informations géographiques « anonymisées », en évitant de collecter des données trop intrusives.
Des contraintes techniques restent à gérer. Le protocole exige un calcul cryptographique complexe, même si les zk-SNARK ont réduit le poids des calculs. Le choix de la taille des zones demande un équilibre entre précision et protection. Enfin, le système dépend toujours d’une source initiale fiable, sans quoi la preuve perd de sa valeur.
Cette innovation est un pas vers une géolocalisation plus respectueuse de la vie privée.
Source : The Register