On débranche la prise chez EVBox. La filiale d'Engie, spécialiste des bornes de recharge pour véhicules électriques, ferme ses portes et met en péril 500 000 points de charge installés et 700 employés.
EVBox n'a plus de jus. L'entreprise néerlandaise, rachetée en 2017 par Engie, tire sa révérence après des années de pertes financières. De quoi tomber de l'armoire quand on sait que l'entreprise est un poids lourd du secteur. Il fournit des solutions de recharge à plus de 20 000 clients professionnels usagers de véhicules électriques.
Quoi de plus paradoxal pour un groupe si important de se retrouver dans une telle situation, à l'heure où la demande pour les voitures électriques continue de croître ?
Un gouffre financier qui a eu raison des ambitions d'Engie
La raison principale de la fermeture d'EVBox est simple : l'argent. Ou plutôt, son absence. Depuis son rachat par Engie en 2017, l'entreprise a accumulé des pertes vertigineuses, estimées à 800 millions d'euros. C'est un chiffre qui donne le tournis et qui explique la décision radicale du groupe français.
Pourtant, le projet initial était prometteur. EVBox devait être la pierre angulaire de la stratégie d'Engie dans la mobilité électrique. L'entreprise disposait d'une expertise reconnue et d'une présence internationale. Son réseau de 500 000 points de charge témoigne de son envergure. Mais les investissements massifs nécessaires pour rester compétitif, couplés à une croissance du marché plus lente que prévue, ont eu raison de ses ambitions.
Engie a bien tenté de redresser la barre. Une entrée en Bourse avec un SPAC (Special Purpose Acquisition Company) était même envisagée en 2021. L'opération aurait pu apporter les fonds nécessaires pour poursuivre le développement d'EVBox. Mais le projet a capoté et plongé l'entreprise dans une situation financière de plus en plus précaire.
Un secteur en pleine tourmente malgré des perspectives prometteuses et un possible repreneur pour EVBox
On peut expliquer la faillite d'EVBox de plusieurs façons. D'abord, le rythme de déploiement des bornes de recharge ne suit pas toujours celui des ventes de véhicules électriques. Ensuite, les nouvelles réglementations, comme l'AFIR en Europe, le règlement sur le déploiement d'une infrastructure pour carburants alternatifs (Alternative Fuel Infrastructure Regulation), entré en vigueur en avril 2024, impose des investissements supplémentaires aux opérateurs. Enfin, la concurrence s'est considérablement accrue ces dernières années, avec l'arrivée de nouveaux acteurs et la consolidation du marché.
Cet arrêt brutal laisse aussi planer une ombre sur l'avenir des 500 000 points de charge déjà installés. Qui en assurera la maintenance ? Quel sort sera réservé aux utilisateurs ?
Une partie de la réponse se trouve peut-être dans un heureux coup de théâtre. La Financière de Pessac a annoncé la reprise d'EVTronic, la branche d'EVBox spécialisée dans les bornes de recharge rapide (DC). Cette acquisition partielle permet de sauvegarder 134 emplois, principalement à Bordeaux, et assure la continuité du service pour les bornes de recharge rapide.
Pour le reste des activités d'EVBox, notamment les bornes de recharge AC, Engie prévoit la création d'une filiale temporaire aux Pays-Bas. Cette structure devrait employer une centaine de personnes pour assurer le service après-vente, du moins à court terme.
Sources : Electrive, Le Journal de l'Automobile, AVEM