Que va-t-il rester de Salto si M6 se désengage elle aussi ?

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 19 novembre 2022 à 09h00
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Comme TF1, M6 devrait se désengager de Salto, scellant ainsi le sort de la plateforme de streaming française. À moins qu'un nouvel acteur puisse garantir sa survie.

Il n'est désormais plus exagéré de dire que Salto joue sa survie sur cette fin d'année. Deux ans après son lancement, le service de streaming vidéo né de l'association des groupes TF1, M6 et France Télévisions assiste aux défections de ses créateurs historiques. Et après TF1, le premier à avoir tourné le dos à la plateforme, c'est au tour des actionnaires du groupe M6 de quitter le navire, selon les informations de La Lettre A.

Double Salto arrière

Pour Salto, ce n'est plus un mais désormais deux pas en arrière qu'il faut comptabiliser. Il ne fait plus de doute que TF1 va se désengager du capital de l'entreprise, et que M6 va lui emboîter le pas. Les deux entreprises vont donc retirer leur participation et faire plonger la valeur de Salto, aujourd'hui estimée à 135 millions d'euros.

Partant de ce constat, il n'y aura donc guère que France Télévisions pour tenir à bout de bras son Salto, dont le groupe audiovisuel public est à l'origine. Sauf qu'il va devoir faire sans redevance TV, ce qui rend un maintien de Salto à flot tout simplement impossible économiquement, le service ayant enregistré des pertes de l'ordre de 150 millions d'euros, rien que l'an dernier.

Si TF1 et M6 venaient à définitivement confirmer leur retrait de Salto (et La Lettre A ne semble pas avoir de doute là-dessus), cela scellerait définitivement le sort de la plateforme, qui n'a toujours pas atteint son objectif du million d'utilisateurs (900 000 aujourd'hui, dont 700 000 payants), alors qu'il aurait dû l'être depuis fin 2021.

Canal+ prêt à sortir du bois ?

Pour garder Salto en vie, la plateforme n'a plus d'autres choix que d'envisager une cession. Parmi les candidats à une reprise, l'un d'eux ressort du chapeau : il s'agit du groupe Canal+, qui compte 10 millions d'abonnés et qui a su faire de son offre de streaming myCanal un pilier de sa stratégie.

Canal+ est solide et est porté par le groupe Vivendi, dont l'actionnaire majoritaire Vincent Bolloré, très critiqué dans le paysage médiatique, pourrait sans mal porter secours à Salto. Au premier semestre, l'entreprise a d'ailleurs lancé sa plateforme de streaming en Autriche, après avoir noué un partenariat avec A1 Telekom Austria, confirmant ainsi son intérêt pour le marché de la SVoD.

Le groupe Canal est toujours très friand d'acquisition(s). Au même titre qu'il semble intéressé par Salto, il serait aussi sur les rangs pour racheter OCS, qui appartient à Orange et dans lequel Canal+ a déjà pris une participation (estimée à environ 30 %). Affaire à suivre donc.

Source : La Lettre A

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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_J2B

Et pas de problème de monopole si ça se fait ?
Non parce qu’en offre française si Canal rachète OCS et Salto, il resterait quoi ?

Biggs

Ça va peut-être redonner du poil de la bête à Molotov.tv.

raiden

Comment on peut perdre autant d’argent alors que c’est un simple service de streaming ?
Ok l’infrastructure doit couter de l’argent mais comme il y a des gens abonnés ?
Si le but etait d’avoir 1 milion d’abonnés, personne s’est dit qu’il serait bien qu’a la moitié le service soit au moins, stable (pas de perte d’argent?)

Hormis les couts de pub et des serveurs comment on perds autant d’argent ?
Ou alors il y a de l’argent qui sert a arroser des gens … ?

gaadek

Encore une fois, on assiste au naufrage programmé d’une stratégie franco-française totalement débile, et ce depuis le début.

C’est hallucinant qu’en France, on ait un tel égo qu’il faille systématiquement copier ce qui existe, en mode français, par pure surestime.

Quand on arrêter de recopier pour se planter au lieu de favoriser les entreprises qui innovent (je pense par exemple à Deezer, Doctolib et autres qui sont novateurs dans leur domaine respectif), on y arrivera.

gaadek

Non, c’est beaucoup plus simple: il suffit de créer une plateforme qui fait exactement ce qui existe déja (Netflix, Amazon Vidéo,…), mais sans contenu intéressant et espérer que les gens vont payer pour ça juste parce que c’est français. Pas besoin de HEC pour savoir que c’était voué à l’échec.

Bon, j’édite parce que je ne réponds pas à ta question

Cmoi

Je ne vois pas trop l’intérêt d’un rachat de Salto par Canal+…car s’il n’y a plus de contenus de TF1, FranceTV et M6…il ne restera plus grand chose de l’identité de cette offre SVOD. Peut-être pour reprendre le portefeuille d’abonnés? Mais si le contenu change radicalement, ils vont se désabonner en masse.

Cmoi

Il existait déjà des services similaires à ceux que tu cites à l’étranger…Par ex. Spotify fut créé avant Deezer.

Kylebutler

Le coût principal concerne l’acquisition des droits de diffusion du contenu. Ensuite on entre dans une spirale déficitaire :
La plateforme dépense pour ajouter du contenu « prestigieux » à son catalogue (exemple Harry Potter), censé générer des abonnements. Le nombre d’abonné n’est pas suffisant =>on perd de l’argent. Soit on continue dans cette voie afin de grossir la base d’abonné et on creuse le déficit, soit on stoppe ces acquisitions de droits et la plateforme n’attire personne.

A titre de comparaison, Netflix n’a jamais été rentable. Tant que le nombre d’abonné était croissant, ce n’était pas un problème, la valorisation boursière continuait de grimper. Depuis que leur base d’abonné stagne, ça commence à se gâter. Et la plateforme cherche de nouvelles sources de croissance : augmentation des tarifs, pub, lutte contre le partage de comptes…

Le problème de départ avec Salto est dans son concept même : regrouper les productions originales (et plutôt médiocres) de chaînes gratuites dans une offre payante. Le public n’est logiquement pas au rendez-vous.

Kylebutler

Sur le marché français, ils sont déjà en concurrence avec des acteurs mondiaux : Netflix, Amazon Prime, Disney+, Apple…

gaadek

Oui, enfin Spotify a été créé 1 an avant Deezer, je ne suis pas sur qu’en 1 an Spotify avait déjà la renommée mondiale qu’on lui connait actuellement! Et ça explique certainement pourquoi Deezer a réussi à se faire une place :slight_smile: Là, on parle de Salto, créé en 2019 (et mis en service… juste après le premier confinement de début 2020!), soit plus de 12 ans après le service de streaming de Netflix . On n’est carrément pas sur la même échelle de temps!

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