Bientôt la fin des pirouettes pour Salto ?

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 14 novembre 2022 à 10h00
© Clubic
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Un peu plus de deux ans après avoir vu le jour, la plateforme de streaming vidéo, qui n'a toujours pas franchi la barre du million d'abonnés, pourrait (déjà) disparaître.

Les groupes TF1, M6 et France Télévisions, à l'origine de la joint-venture Salto, vont très vite se réunir pour décider du sort du service vidéo payant. Créée en 2020 avec de grandes ambitions, la plateforme n'a jamais véritablement su s'imposer auprès du grand public, pour le moment tourné vers des alternatives telles Netflix, Prime Video ou Disney+. Elle est aujourd'hui sérieusement menacée.

Passage à l'offre unique, la réticence du nouveau patron de TF1… Les signaux ne sont pas au vert pour Salto

L'avenir de Salto s'inscrit en pointillé, et plusieurs indices tendent à le montrer. Nos confrères du Monde indiquent que pour le service de vidéo par abonnement payant, tout pourrait même se jouer avant la fin du mois, au moment où les actionnaires se réuniront pour trancher de façon binaire. Soit la plateforme poursuivra sa route d'une façon ou d'une autre, soit elle arrivera au bout du chemin, marquant un brusque pas en arrière pour les trois groupes audiovisuels.

De notre côté, nous avons pu remarquer le tout récent changement de proposition chez Salto, avec un passage à l'abonnement unique à 7,99 euros (ou 69,99 euros en version annuelle), celui-ci prenant au passage un petit euro supplémentaire dans la musette. Désormais, le catalogue est disponible pour trois utilisateurs simultanés. La simplification tarifaire à l'extrême du service pourrait être louable, mais dans un tel contexte, elle interroge.

Autre indice : l'arrivée de Rodolphe Belmer à la tête de TF1. Celui qui fut membre du conseil d'administration de Netflix ne serait pas très chaud pour que le groupe basé à Boulogne-Billancourt s'accroche à Salto, qui générerait trop de frais et irait contre sa stratégie. Il envisage déjà, depuis plusieurs jours, un retrait pur et simple de l'aventure, souhaitant éteindre son propre flambeau.

On peut enfin se permettre de douter du futur positionnement de France Télévisions, bientôt privé des ressources issues de la redevance audiovisuelle, et qui aujourd'hui voit Salto comme le trou dans la raquette budgétaire.

Salto, une plateforme au potentiel attractif, vraiment ?

Aucune décision officielle n'a encore été prise pour l'avenir de Salto, mais l'ambiance semble lourde, voire pesante. Aujourd'hui, la plateforme revendique avoir dépassé les 700 000 abonnés payants, 900 000 au total (en prenant en compte les fluctuations liées au mois d'essai offert).

Si aujourd'hui Salto n'est pas encore en situation de pleine coopération mutuelle avec les opérateurs Orange, SFR et Free, le service a conclu un accord presque logique avec Bouygues Telecom (accessible en IPTV et sur mobile), ainsi qu'un partenariat avec Amazon Prime. Une preuve que ses dirigeants ne lâchent pas encore complètement le morceau.

Salto se dit confiant et cherche à atteindre le cap si symbolique du million d'abonnés avant la fin de l'année, et pourrait générer un chiffre d'affaires de l'ordre de 69 millions d'euros cette année. Le service représente ainsi un certain actif, qui pourrait potentiellement intéresser d'autres acteurs (sociétés de production ou opérateurs télécoms), mais que le « groupe des trois » devrait alors supporter, à tous les sens du terme.

Salto
  • moodRemboursement sous 30 jours
  • devices1 appareil
  • live_tvQualité vidéo : HD
  • downloadLecture hors ligne non disponible
  • escalator_warningEspace enfant disponible
  • Web
  • Streaming vidéo & SVOD
6 / 10

Source : Le Monde

Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Commentaires (10)
falcon007

Honnetement je ne sais pas quelle équipe a pondu l’étude de marché… mais c’etait pas compliqué de le prévoir malheuresement…
Dur dur de prendre le train en route…

Nissart

je me demande combien l’état donc nos impôts, via France Televisions, a dépensé d’argent dans cette plateforme dont il était évident, dès le départ, qu’elle serait toujours déficitaire.

Kergariou

Bravo ! :clap:t2:

austinlolo

Une simple question auprès des consommateurs, du genre « êtes vous pret à payer un abonnement supplémentaire, surtout en cette période, pour accéder à des séries françaises ? »

Et ils auraient compris qu’il valait mieux investir (ou dépenser) son argent (enfin notre argent) autrement

Yannick2k

si ces 3 groupes ont créé Salto et en même temps garder leur propres services (france.tv, TF1max, 6Play), je vois pas quel est l’intérêt… il aurait fallu tout regrouper pour rentabiliser au max et avoir plus de potentiel client… en gros il aurait fallu investir ou racheter Molotov !

ld9474

Ce que je trouve dommage dans cette histoire c’est que nous aurons in fine qu’une seule plateforme française: MyCanal. Le reste n’est qu’américain. Ceci étant quand on est une société qui applaudit à 4 mains les 25 épisodes des hommes chauve souris, araignée qui sont des remakes de remakes faut pas s’étonner.

Proutie66

Rien de joyeux à ce que Salto s’arrête.
On va avoir que du Netflix/disney, avec leur vision des choses Américaine.
Est-ce mieux ? Pas sûr.

qotzo

A la question « voulez-vous que la france soit indépendante au niveau de la création cinématographique », on obtiendra 95% de réponse positive.

A la question « voulez-vous que la france soit indépendante au niveau de la création cinématographique, et que cette indépendance soit financée par vos impôts », on obtiendra 5% de réponse positive.

Tout est dans la question.

Et c’est là qu’on comprend que les résultats de l’étude de marché dépendent de l’intérêt de son commanditaire.

Pour pousser le cynisme jusqu’au bout : on fait une étude bidon, les décideurs ne comprennent rien et voient juste le 95% et signent, 2-3 ans plus tard, le mal est fait, et les décideurs qui ne comprennent toujours rien sont face à un dilemme : soit on injecte plus d’argent et d’autres études toujours aussi bidon montrent qu’on finira par gagner de l’argent soit on s’arrête et on perd toute la mise et on se prend le parachute doré et tant pis pour les sous fifres.

gemini7

À mon avis, ils auraient dû intégrer le meilleur des deux cultures, et peut-être aussi s’ouvrir aux pays Européens qui produisent d’excellentes choses. (Italie, Espagne, Suède et j’en oublie plein)
Là, Salto ne s’adresse qu’aux Français et aux Francophones, un peu court.

Smap

@Yan.K tout à fait d’accord, en gardant leurs appli respectives, ils ont tué le concept.
Dommage, avec une appli unique, ça pouvait marcher !