L'astronaute Samantha Cristoforetti devient la première femme européenne à sortir en EVA

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
22 juillet 2022 à 17h15
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Les deux astronautes sur le flanc de Nauka. On voit bien le bras robotisé ERA. Crédits : NASA
Les deux astronautes sur le flanc de Nauka. On voit bien le bras robotisé ERA. Crédits : NASA

Accompagnée du très expérimenté Oleg Artemyev, l’Italienne de l’agence spatiale européenne (ESA) est sortie ce 21 juillet 2022 sur les flancs du module russe Nauka. Ensemble, les deux astronautes ont largué différents nanosatellites avant de s’occuper du bras robotisé européen, l’ERA.

Plus de 7 heures bien remplies !

Une sortie, beaucoup de questions

Ces dernières années, les sorties extravéhiculaires du côté russe de la station étaient devenues exclusivement russes, ces derniers étant les bénéficiaires des travaux effectués sur les flancs de leurs modules à l’extérieur de la Station Spatiale internationale. Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi, et il était fréquent dans les premières années de l’ISS, de voir des sorties communes.

L’Italienne Samantha Cristoforetti, qui en est à son deuxième séjour de longue durée en orbite, s’était préparée avant le décollage à cette sortie, en particulier lors d'entraînements en piscine et en scaphandre russe Orlan. Malgré les tensions suivant l’invasion russe de l’Ukraine depuis février dernier, mais aussi les menaces de l’ex-directeur de Roscosmos, cette sortie commune a bien eu lieu. L’ESA est en effet directement concernée, puisque pour la 3e fois consécutive, une partie importante de la sortie concerne un matériel européen lancé et installé sur le flanc du module russe Nauka, l’ERA ou bras robotisé européen.

Largages et installations

À l’occasion de sa sortie, Samantha Cristoforetti est également devenue la première femme européenne à réaliser une sortie extravéhiculaire. Le programme n’en était pas allégé pour autant, avec une ouverture du sas Poisk à 16 h 50 (Paris).

La première partie de la sortie, durant environ 2 heures, était dédiée à la préparation et à l’éjection à la main de dix petits satellites au format CubeSat 3U (10 x 10 x 30 cm), au service des universités de Koursk et Riazan. Une tâche qui demande beaucoup de concentration, ces « lancers de satellites » ne laissant pas beaucoup de place à l’erreur, même si c’est un exercice régulier pour les cosmonautes russes en EVA. Oleg Artemyev, qui sortait de l’ISS pour la 6e fois, est un habitué du genre !

Les deux participants ont ensuite rejoint le bas du module Nauka pour travailler à l’interface du bras ERA, mais aussi à l’installation d’une plaque d’accroche pour que ce dernier puisse s’étendre et atteindre un jour en extension le module Rassviet.  

Les deux astronautes sur le flanc du module Poisk pour le largage des satellites. Crédits : Roscosmos
Les deux astronautes sur le flanc du module Poisk pour le largage des satellites. Crédits : Roscosmos

Au bout du marathon

Si les deux astronautes n’ont pas pu terminer toute la longue liste de tâches qui leur était dévolue (ce qui est commun, en particulier côté russe), cette sortie EVA restera comme un succès. Ils sont tout de même restés dans le vide spatial durant 7 heures et 5 minutes… Une longue durée qui va leur demander un repos récupérateur : une sortie est toujours un exercice physique et mental intense !

Reste à savoir si Européens et Russes prévoiront une deuxième EVA commune d’ici le mois de septembre et la fin de l’expédition actuelle (ce qui dépendra sans doute des performances du bras). Il reste quoi qu’il arrive plusieurs sorties pour que le module Nauka soit considéré comme pleinement opérationnel. Celle-ci était déjà la quatrième cette année impliquant des cosmonautes.

Source : Nasaspaceflight

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (9)

coln
Petite erreur, le module est Rassvet et non Rassviet.
cid1
@chicour:<br /> probablement parce que dans notre société patriarcale les femmes ont à subir une inégalité de genre, elle sont moins bien payée que les hommes pour un travail égal,<br /> parce que les « hommes » les harcèlent, les violes, les battent, et les prennent pour des péripatéticiennes. Bref montrer un exemple d’une femme astronaute donnes aux petites filles un espoir qu’elles avaient perdu. désolé pour le HS
cid1
C’est donc la première femme Européenne à sortir en EVA, tout va changer à l’ESA après ça, les femmes sont de plus en plus représentées, il leur reste à conquérir le milieux du dev informatique, très bon article comme toujours.
gothax
Merci passionnant. Oleg est une légende.<br /> Une question bête mais sérieuse Éric : les italiens dans l’espace se nomment comment?<br /> Cosmo- spacio- astro- taïko- ?<br /> (Troll : si tu me réponds pizza-naute c’est rigolade tout le we )
ebottlaender
S’agissant d’une translittération du russe, Rassvet c’est la translittération anglaise, et Rassviet en français.<br /> On peut faire les deux (et surtout dire les deux) mais en FR Rassviet est plus correct.
ebottlaender
En fait, ces noms sont conçus pour être universels, c’est à dire qu’ils ne s’appliquent pas en particulier à une nation ou un bloc. Donc on peut écrire astronaute pour tout le monde. Généralement, et par habitude, on garde cosmonautes pour les russes, mais c’est aussi un générique, donc on pourrait même écrire correctement « cosmonaute américain ». Ou italienne <br /> Donc pour répondre, astronaute c’est le mieux. D’autant que c’est le terme utilisé par le CNES et l’ESA.
gothax
CQFD ! Merci
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