"Google a fait appel" : le message sur la page d'accueil française du moteur de recherche

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
22 juillet 2020 à 14h15
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Capture d'écran Google.fr, le 21 juillet 2020
Capture d'écran Google.fr, le 21 juillet 2020

Le message apparaît directement et en gros caractère sur la homepage du site, en réaction à l'amende de 150 millions d'euros infligée à la firme par l'Autorité de la concurrence française en 2019.

C'est une mention pour le moins inhabituelle que l'on peut constater sur la page d'accueil de Google.fr et Google.com. Depuis le début de la semaine, le moteur de recherche y fait figurer la mention « Google condamnée par l'Autorité de la concurrence française. Google a fait appel », le tout accompagné d'un lien qui nous redirige vers le compte-rendu d'une décision rendue en 2019, qui avait entraîné la condamnation de la firme de Mountain View.

150 millions d'euros d'amende pour l'abus de position dominante de la régie publicitaire Google Ads

Le 20 décembre 2019, l'Autorité de la concurrence française avait publié une décision par laquelle elle annonçait condamner la société Google à une amende rondelette de 150 millions d'euros, au motif qu'elle avait abusé de la position dominante de son service de publicité en ligne, AdWords, devenu Google Ads depuis juillet 2018.

Pour le gendarme de la concurrence, la position monopolistique occupée par Google à travers son moteur de recherche et, de fait, sa régie publicitaire, pose problème dans le sens où l'entreprise américaine édicte ses propres règles pour une majorité d'acteurs et annonceurs, ce qui fait peser sur le géant « une responsabilité particulière en matière de respect des règles de concurrence ». L'autorité avait ainsi soulevé l'influence des règles édictées par Google sur les modèles économiques des annonceurs.

Et celles-ci étant unilatérales, aucun annonceur n'était en mesure de refuser ces règles. Cela reviendrait à se priver d'un moteur de recherche qui dépasse allègrement les 90% de parts de marché en France, ce qu'aucun acteur économique raisonnable ne peut se permettre.

La mention affichée durant 7 jours consécutifs

Si l'Autorité de la concurrence n'avait pas, dans le fond, critiqué l'essence même de ces règles de Google, qui constituent un obstacle à des sites malveillants par exemple, elle avait précisé qu'elles doivent tout de même « être définies et appliquées de manière objective, transparente et non-discriminatoire ». Or, selon elle, elles souffraient d'un manque de clarté, outre un défaut de transparence et d'objectivité. Sans oublier la possibilité, pour Google, de les modifier en toute liberté, à sa discrétion, peu importe les conséquences pour les annonceurs et internautes.

Google fut ainsi accusée de différences de traitement entre annonceurs, et de proposer les services Google Ads à des sites qui furent pourtant préalablement suspendus. Le gendarme avait dénoncé une situation qui perturbe le fonctionnement de la concurrence des marchés, avant de condamner l'entreprise à cette fameuse amende de 150 millions d'euros et une obligation de clarifier les règles Google Ads, les procédures de suspension et d'instaurer des mesures de prévention et de traitement des violations des règles, d'ici cinq ans.

Comme le prévoit la décision, Google applique ainsi bien, durant toute cette semaine, la mention évoquée au début de l'article, vue par les nombreux utilisateurs .fr et .com du moteur de recherche, et ce pour une durée de 7 jours consécutifs. Mais l'appel de la décision, lui, entraîne de façon automatique une suspension de l'amende.

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Commentaires (16)

bmustang
me dire que je ne suis pas dans les 90% de googoliens me rassure pour plusieurs raisons. Je fais comme beaucoup d’autres de la recherche sur internet et seulement 0,001% passe par ce dernier.
Saulofein
Quel est le lien avec l’article?
baazul
Peut être pour indiquer qu’il ne souhaite plus utiliser un moteur qui ne respecte pas les règles et qui est devenu trop puissant. Google n’est plus le pays des bisounours comme à ces débuts, maintenant c’est une pompe à fric qui dicte les règles.
Saulofein
D’accord, alors si je suis boulanger et que je décide de vendre des croissants, on va me mettre une amende parce que je suis censé vendre du pain, et j’ai pas le droit de vendre mes croissant?? On va m’imposer de mettre les croissants de mon concurrent dans ma vitrine?<br /> Il est évident que Google va prioriser ses produits sur sa plateforme…<br /> La part de marché importante de Google sur internet n’est due qu’a la qualité de ses services. L’Europe pourra crier très fort, et distribuer dans amendes autant qu’elle voudra, le consommateur a encore le droit de choisir ses produits…
ketchupilevrai
On utilise Google = on accepte ses conditions<br /> Je ne vois pas ou est le débat. Et ça me fait toujours rire ces amendes. Ils se prennent une amende de 150 millions car ils imposent des règles aux annonceurs… ok mais les 150 millions iront dans les poches des annonceurs ? … lol
baazul
Nous ne pouvons pas comparer le petit boulanger du coin et l’une des plus grande puissance mondiale qui arrive à magouiller pour payer le minimum d’impôts alors qu’ils brassent des milliards et décide de vie ou de mort chez les autres (d’ou la loi antitrust), alors certes c’est légal mais est ce moral?<br /> Enfin bon c’est un autre débat
Adrift
Google a vraiment aucune honte d’afficher ce message… surtout quand on sait combien les GAFA optimisent leurs fiscalité en abusant et manipulant les gouvernements.<br /> Il est primordial que le droit à la concurence soit respecté, c’est un principe fondamental du capitalisme.<br /> Pour répondre à l’exemple de @Saulofein et reprendre @baazul, c’est un probleme de monopole. Sans ce droit, on irait tous payer 3 fois le prix de nos reparation chez le concessionaire…
cirdan
Comparer un boulanger de quartier à Google n’a aucun sens; par contre, si le boulot du boulanger était de vendre les croissants des autres en plus des siens, il devrait traiter tout le monde équitablement.<br /> Pourquoi ? Parce que si le boulanger se servait de sa fonction d’agrégateur pour vendre ses produits en priorité, d’une part il ne respecterait pas le principe de libre concurrence en plus de son contrat de vente, et d’autre part, et ça a dû t’échapper comme à tous ceux qui ne comprennent pas la situation, c’est qu’il en profiterait pour éteindre toute concurrence et régner en mettre sur le marché. C’est à dire que le Google-boulanger pourrait, à sa guise, imposer ses tarifs, ses normes, ses conditions de vente… Bref, une cata pour le consommateur.<br /> Après, penser que Google est le meilleur de partout vient sans doute d’un manque de connaissances des produits concurrents, justement en partie parce qu’ils sont moins visibles pour tout un chacun. Un peu le serpent qui se mord la queue.<br /> Je suis toujours surpris de voir à quel point cette marque attire encore autant de compassion alors qu’ils sont devenus une énorme machine à tout avaler et tout contrôler et qu’on aurait tout intérêt à garder un minimum de jugement. Peut-être le syndrome de Stockholm ?
iksess
La comparaison n’est pas bonne. Ça vaudrait si vous possédiez 90 % des boulangeries de la planète. Quand bien même votre pain (le service) serait très bon, il serait sans doute bien qu’on vous empêche de faire ce que voulez, qui ne serait dicté que par votre porte feuille. Démocratie.
Popoulo
Ils n’empêchent personne. Libre à toi d’ouvrir ton moteur de recherche demain si tu le souhaites. Faut juste avoir les reins solides du moment que tu te lances sur le marché. Ça toujours été comme ça et ça le sera toujours.
Messenger
Si tu es le seul boulanger de France :oui
tangofever
Sinon ça s’appelle de l’entrave à la concurrence et de l’abus de position dominante, la cause des licenciements de masse problème.<br /> Laissons les sots penser à leurs nombrils.
PsykotropyK
Le problème ici n’est pas de savoir ce qu’ils empêchent (et d’ailleurs ils ont suffisamment de procès sur le dos en ce moment sur le sujet, attendons les verdicts) mais de savoir comment ils utilisent leur position dominante.
PsykotropyK
Saulofein:<br /> Il est évident que Google va prioriser ses produits sur sa plateforme…<br /> Vu sa position sur le marché, la loi lui interdit de prioriser ses produits : si un utilisateurs fait une recherche et qu’il y a 50 réponses possibles, Google n’a pas le droit de mettre le sien en numéro 1 du simple fait que c’est le sien. Si des arguments factuels font que le service Google doit logiquement arriver en haut de liste, alors il n’y a pas d’abus.<br /> Saulofein:<br /> La part de marché importante de Google sur internet n’est due qu’a la qualité de ses services. L’Europe pourra crier très fort, et distribuer dans amendes autant qu’elle voudra, le consommateur a encore le droit de choisir ses produits…<br /> La part de marché de Google en tant que moteur de recherche est principalement du à la qualité des résultats. Mais d’autre services fournissent aujourd’hui des résultats d’aussi bonne qualité, Google ne perd pas trop de part de marché car il ne s’agit pas de service concurrent significativement meilleurs, et ils sont le service «&nbsp;historique&nbsp;» (un peu comme Orange en France qui garde une part de marché très importante car étant l’opérateur historique).<br /> Mais Google ne fait pas que de la recherche. Ils ont aussi un comparateur de prix par exemple. Or, et ils ont un procès sur le dos sur ce sujet, si ils favorisent dans les résultats de recherche le service Google, vu que Google a 90% de part de marché dans la recherche, pas sûr que les utilisateurs du moteur de recherche Google utilise le service de comparaison de prix Google par ce que c’est le meilleur. Sans doute l’utilisent-ils car il est arrivé premier dans la liste des résultats de recherche.<br /> Dans le cas de l’article, le sujet est sur la régie publicitaire de Google. Le placement de pub sur un site est principalement leadé par Google. Si tu as un site, et que tu veux des pubs dessus pour gagner de l’argent, mieux vaut passer par Google que par un autre, car ils ont tout. Or Google a toute liberté pour changer les clauses contractuelles comme ils veulent, et pour un site qui dépendrait fortement des revenus publicitaires ils ne peuvent ni se passer de Google (90% de la pub arrivant par eux), ni négocier les clauses, ni contester un changement unilatéral.
Termos
Merci @PsykotropyK d’essayer d’expliquer les choses. La notion d’abus de position dominante a l’air compliquée à comprendre pour certains !
jo1244
bravo ! mais sais-tu que certains moteurs utilisent les ressources d’un autre sans le dire ? par ex Qwant, notre grande réussite qui utilise Bing. Ou peut-être utilises-tu Yandex ou Baidu et es-tu parfaitement rassuré ?
bmustang
ma démarche est de ne pas mettre ce que je fais ou entreprend dans les mains d’une seule entreprise et c’est valable pour d’autres choses. Je réfléchis pourquoi je fais ceci avec cela ! C’est aussi simple et permet aux autres d’exister et d’être visible. Pour répondre à ta question, je sais évidement qui travaille avec qui parce que je me renseigne avant de le faire, OUI ! Qwant passe une bonne partie de sa recherche par bing et cela marche très bien et n’est pas différent de ce que google propose. Dans la vie, il faut savoir s’ouvrir et ne pas tomber dans la bêtise, réfléchir et permit à tout le monde.
jo1244
Bravo, tu réfléchis et surement penses-tu être le seul à le faire.<br /> Je ne suis pas naif sur les intérêts et méthodes de Google mais ce qui me gène dans ta démarche est que tu sembles bien sûr de toi alors que tu es comme nous tous.
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