Amazon avait prévenu Parler depuis des mois d'une possible sanction à cause de posts enfreignant la loi

15 janvier 2021 à 10h07
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Parler

Quelques jours après la suppression pure et simple du réseau social Parler des serveurs d'Amazon Web Services, le site a déposé une plainte contre le géant de Seattle, l'accusant de ne pas mettre tous les services sur un pied d'égalité. Amazon réagit plutôt clairement à ces accusations.

Dans des documents transmis à la justice américaine, Amazon affirme avoir averti des responsables de Parler, près de deux mois avant les violences commises au Capitole, que des propos illégaux, « menaçant la
sécurité publique
 » étaient diffusés sur le réseau social. Retour sur l'affaire.

Parler.com n'existe plus

Comme un effet boule de neige. La semaine dernière, les manifestations et violences ayant été commises au Capitole ont notamment entraîné la suspension du réseau social Parler, prisé par de nombreux partisans de Donald Trump et des ultra-conservateurs américains.

L'application a été retirée des magasins d'applications iOS et Android avant que Parler.com ne disparaisse simplement et purement d'Internet. La raison ? Dimanche 10 janvier, Amazon, qui met son infrastructure de serveurs à disposition des sociétés en ligne, via sa division Amazon Web Services (AWS), a pris la décision de couper l'accès au réseau. Le site est devenu inaccessible le lendemain, confirmant que Parler n'avait pas été en mesure de trouver un nouvel hébergeur dans les temps.

Dépôt de plainte et bataille politique

Fondé en 2018, Parler a énormément gagné en visibilité et en utilisateurs en 2020, notamment depuis la désactivation du compte Twitter de Donald Trump, devenant pour un temps l'une des applications les plus téléchargées de l'App Store.

Une ascension stoppée en pleine course, donc, poussant le réseau social à s'insurger. Dans la soirée de lundi, les représentants de Parler ont ainsi annoncé avoir déposé plainte contre AWS en demandant à un
tribunal fédéral de forcer l'hébergeur à rouvrir ses serveurs. Dans sa plainte, Parler explique que cette décision lui assène un coup fatal : « Sans AWS, Parler est fini et n'a plus aucun moyen de revenir en ligne ».

Ses créateurs, John Matz et Rebekah Mercer, qui est aussi une importante donatrice du Parti républicain, accusent également Amazon de freiner la liberté d'expression en ligne. « Nous allons tout faire pour trouver un nouveau fournisseur rapidement », a assuré John Matz sur son profil avant la suppression du site, selon Le Monde. Il accuse les géants du Web de mener une « guerre contre la liberté d’expression », soulignant qu'ils « ne
gagneront PAS ! Nous sommes le dernier espoir du monde pour la liberté d’expression et la libre information »
.

Amazon aurait prévenu Parler

Dans une lettre envoyé aux représentants du réseau social, dans la soirée de dimanche, Amazon annonçait la suspension de l'accès à ses serveurs
d'hébergement, notamment parce que le réseau social ne modérait pas les « contenus violents ». Un message, obtenu par CNN ce mardi 12 janvier, montrait par ailleurs le contenu des échanges entre Amazon et Amy Peikoff, responsable des politiques du réseau social. Ce dernier contient plusieurs centaines d'exemples de messages extraits de Parler, dans lesquels les membres partagent des propos haineux.

Dans des documents transmis à la cours de justice américaine, Amazon affirme en outre avoir prévenu des responsables de Parler, près de deux mois avant les événements du Capitole, des risques encourus par la
plateforme. « Cette affaire ne concerne pas la liberté d'expression […]. Ce n'est pas une conspiration pour restreindre les échanges. Cette affaire est à propos du refus et de l'incapacité de Parler de supprimer des serveurs Amazon Web Services du contenu qui menace la sécurité publique, comme l'incitation au viol, la torture, l'assassinant de personnalités publiques officielles et de citoyens privés », écrit l'avocat d'Amazon.

Amazon ajoute plusieurs exemples des publications en question. Dans des emails datant de mi-novembre, AWS aurait ainsi demandé à Parler de supprimer des messages à caractère racistes et encourageant au meurtre de Michelle Obama (« Kill 'em All »). Parler aurait alors répondu : « Aussi haineux qu'ils soient, ils ne violent pas nos conditions de services », mettant en avant le Second amendement de la Constitution américaine. Amazon affirme avoir « reporté plus de 100 pièces représentatives du contenu prônant la violence sur Parler ».

L'affaire se règlera donc devant la justice, Parler soutenant qu'il s'agit d'un choix politique de la part d'Amazon et Amazon assurant que Parler bafoue les conditions de service de AWS.

De son côté, le P.-D.G. d'Apple Tim Cook, interrogé par CBS sur de nombreux sujets, a laissé une porte ouverte à un retour de Parler sur l'App Store. « Tout ce que nous demandons, c’est qu’ils respectent les conditions d’utilisation [d'Apple] », a-t-il expliqué.

Source : Engadget, Le Monde, CNN

Benjamin Bruel

Journaliste spécialisé dans le numérique, l'espace, la technologie et l'innovation, je me passionne par tout ce qui a trait au futur et à la compréhension du monde de demain. J'exerce ce métier depuis...

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Journaliste spécialisé dans le numérique, l'espace, la technologie et l'innovation, je me passionne par tout ce qui a trait au futur et à la compréhension du monde de demain. J'exerce ce métier depuis quatre ans, souvent devant mon ordinateur et parfois en vadrouille entre deux pays d'Asie. Amateur de bande dessinées, de paranormal et de dark tourism, je voue aussi un culte aux œuvres de Philip Pullman et de Yoko Taro.

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Commentaires (15)

Xavier
Avant de lire l’article, j’aurai eu tendance à condamner Amazon sur le principe, au nom de la liberté d’expression et du fait que ce n’est pas à Amazon de décider mais à la loi…<br /> A la lecture de l’article, je me rend bien compte que ce n’est évidement pas si simple.<br /> Comme d’habitude, avoir un avis tranché sans avoir une connaissance suffisante du sujet est présomptueux et stupide.
Oncle_Picsou
Ça fait plaisir de voir un commentaire modéré, humble et non manichéen. Merci!
keyplus
bah ca fera le bonheur des concurents
cirdan
«&nbsp;Rebekah Mercer, qui est aussi une importante donatrice du Parti républicain&nbsp;»<br /> Accuser les démocrates est une bonne blague et se prévaloir de la liberté d’expression une belle excuse.<br /> En accueillant les franges les plus extrémistes du Parti Républicain, qui sont nourris à la violence des propos de Trump et de sa vision des rapports humains, ils ne font rien d’autre que de la politique.
maxxous59
La liberté d’expression à bon dos, appeler au meurtre n’est pas normal et ne doit pas l’être, comment peut t-on laisser de telles messages, c’est incroyable…<br /> Pour le coup je soutient à 100% Amazon !
g-m1n1
Quel concurrent sérieux d’AWS sera content de récupérer Parler ?<br /> Aucun des gros veut avoir un site à merde pareil comme client.<br /> Bien fait, et bonne chance à eux devant les tribunaux si Amazon leur a fait part de leur remarques des mois avant avec des exemples concrets d’appels aux meurtres, viols et autres… s’ils modèrent pas des trucs du genre, nul besoin de pleurer. Rien à voir avec la liberté d’expression.
Duben
Quand on veut appliquer ses propres règles, il faut être complètement autonome. Si «&nbsp;Parler&nbsp;» veut que l’hébergeur ne mette pas le nez dans ses affaire, alors il faut qu’ils s’auto héberge. A partir du moment ou ils utilisent le service d’un autre, il faut qu’ils s’adaptent.<br /> Ils prônent le fait que ces contenus n’enfreignent pas leurs conditions d’utilisation, soit, alors si on se base sur les conditions d’utilisation, il faut qu’ils respectent celles des services qu’ils utilisent eux même<br /> Ca sent bon l’hypocrisie tout ça
zetwal
On parle de liberté. Certains prétendent quon devrait meme etre libre d’inciter a tuer son prochain du moment quon ne le fait pas soit meme. Mais la liberté poussée a lextreme sans garde fous on sait que ca mene au chaos. Donc quand amazon exerce sa liberté de virer des fascistes de ses serveurs c un geste responsable.
KlingonBrain
On parle de liberté. Certains prétendent quon devrait meme etre libre d’inciter a tuer son prochain du moment quon ne le fait pas soit meme. Mais la liberté poussée a lextreme sans garde fous on sait que ca mene au chaos.<br /> Personnellement, je ne suis pas d’avis qu’on doive autoriser cela. Liberté ne veut pas dire anarchie(c’est niveau de base en philosophie). Il est évident que la liberté ne peut être une liberté totale. Et l’une des raisons, c’est que notre liberté s’arrête ou commence celle d’autrui.<br /> Mais je n’ai pas entendu dire que Trump ait ordonné explicitement à ses partisans d’aller tuer. Donc il y a un vrai travail à faire pour déterminer dans quelle mesure il l’a fait ou non. Et avec quelles motivations.<br /> C’est typiquement quelque chose auquel seule la justice peut répondre.<br /> Donc quand amazon exerce sa liberté de virer des fascistes de ses serveurs c un geste responsable.<br /> Personnellement, je préfère vivre dans un pays ou c’est la justice qui détermine qui est coupable, pas les entreprises privées. Et cela fait des siècles qu’on sait cela.<br /> Je crois qu’il y a beaucoup de gens qui ne réalisent pas l’immense travail qu’on fait nos ancêtres pour construire un état de droit, ni l’importance primordiale de la séparation des pouvoirs.
Avi84
En droit international, un contrat engage les 2 parties, à respecter les clauses qu’ils ont signés. Si une partie ne respecte pas les clauses, le contrat est nul et l’autre partie peut y mettre fin.<br /> Si Parler n’a pas respecter les termes du contrat, Amazon est en droit d’y mettre fin.<br /> Ce n’est donc pas une question de censure, mais de respect du contrat et du droit du commerce.<br /> Et tout ceux qui n’ont pas lu le dit contrat, ne peuvent pas juger !!!
philumax
Trump est milliardaire…donc, loin de ces considérations. Ce ne sont pas les autres milliardaires qui vont lui faire des misères : on ne se dévore pas entre loups !<br /> Le réseau Parler va disparaître et puis basta !
Bombing_Basta
ultra-conservateurs américains<br /> Sans «&nbsp;politiquement correct&nbsp;» on appelle ça des extrémistes de droite, des fascistes.<br /> Ça m’étonne toujours cette édulcoration de la nature de cette classe politique américaine…<br /> « Sans AWS, Parler est fini et n’a plus aucun moyen de revenir en ligne »<br /> Ah bah alors quoi, les «&nbsp;anti-système&nbsp;» [soit-disant…] sont incapables d’agir sans le soutient du système?<br /> Y’a pas une place en chine pour eux sur les serveurs alibaba?<br /> « Cette affaire ne concerne pas la liberté d’expression […]. Cette affaire est à propos du refus et de l’incapacité de Parler de supprimer des serveurs Amazon Web Services du contenu […] comme l’incitation au viol, la torture, l’assassinant de personnalités publiques officielles et de citoyens privés »<br /> Ouais mais non, si on ne peut plus appeler aux viol/torture/meurtre impunément en public, on est en pleine dictature de la pensée m’voyez!<br /> « Aussi haineux qu’ils soient, ils ne violent pas nos conditions de services »,<br /> Ouais mais ils vont à l’encontre de ceux d’amazon, bigre d’anus boiteux…
KlingonBrain
Trump est milliardaire…donc, loin de ces considérations. Ce ne sont pas les autres milliardaires qui vont lui faire des misères : on ne se dévore pas entre loups !<br /> Le réseau Parler va disparaître et puis basta !<br /> Trump n’en mourra pas. Et il ne nous manquera pas.<br /> Mais donner le sentiment qu’on le censure est une très mauvaise idée. Il va l’exploiter a fond pour se victimiser et renforcer la conviction chez ses partisans qu’il y aurait un complot.<br /> Combattre maladroitement un adversaire peut aboutir à le renforcer.<br /> Qui sait ce que cette division profonde du peuple américain peut donner à long terme si elle s’accentue et se radicalise. En tant que passionné d’histoire, je pense que ça sent très mauvais.<br /> D’ailleurs, on peut trouver le débat américain sur le résultat des élections très capilotracté. Mais il ne faut pas oublier que les polémiques sur le résultat des élections ne datent pas de trump.<br /> Nous sommes français, leur système électoral est très différent du notre et peut être très archaïque comparé au notre. Je ne suis pas certain qu’on soit bien placé pour comprendre et juger. Il en va de même pour leurs problèmes de société.
Mr_Electro84
Vous avez (quasiment) tous compris, Parler n’a pas respecté les CGU d’AWS, Amazon à mis fin tout simplement à l’hébergement de Parler…Bon vu que le Réseau Social a porté plainte parce que «&nbsp;l’arrêt comportait des intérêts politiques&nbsp;», l’affaire va se poursuivre dans les tribunaux ! Bon reste à attendre la suite…
Duben
Mais depuis quand c’est un tribunal qui est compétent pour dire qu’une entreprise peut ou non rompre le contrat qui la lie à un client dès lors qu’il ne respecte pas les clauses de ce contrat ? En cas de désaccord pour trancher oui, mais sinon, l’entreprise décide seule hein.<br /> On parle pas de liberté d’expression, mais de conditions d’utilisation. L’expression est libre, ces gens peuvent tout à fait ouvrir leur fenêtre et crier ce qu’ils veulent dehors, là ils tomberont peut être sous le coup de la Loi en étant dans l’espace public, et donc ici c’est bien un tribunal qui sera compétent.<br /> Si quelqu’un vient chez vous proférer des menaces contre vos enfants, vous le mettez directement dehors ou vous attendez qu’un juge le décide ?
KlingonBrain
Mais depuis quand c’est un tribunal qui est compétent pour dire qu’une entreprise peut ou non rompre le contrat qui la lie à un client dès lors qu’il ne respecte pas les clauses de ce contrat ? En cas de désaccord pour trancher oui, mais sinon, l’entreprise décide seule hein.<br /> Les tribunaux sont bel et bien compétent pour décider si une entreprise à des prétentions justifiées pour rompre un contrat. Des avocats vous l’expliqueront très bien.<br /> fouche-avocat.fr<br /> Comment mettre fin à un contrat en cours: méthodes et risques<br /> On peut résoudre unilatéralement un contrat, mais à ses risques et périls. Il faut donc caractériser la faute du co-contractant.<br /> On parle pas de liberté d’expression, mais de conditions d’utilisation. L’expression est libre, ces gens peuvent tout à fait ouvrir leur fenêtre et crier ce qu’ils veulent dehors, là ils tomberont peut être sous le coup de la Loi en étant dans l’espace public, et donc ici c’est bien un tribunal qui sera compétent.<br /> Vous n’avez pas compris. Mon propos n’est pas de polémiquer sur qui à tort ou raison sur le plan légal dans cette affaire (ce qui n’est pas simple s’agissant de droit américain) mais de dire que la classe politique doit fixer un cadre légal précis pour ne pas laisser la loi du web être dictée par des conditions d’utilisations porteuses d’intérets privés qui ne sont pas forcément neutres sur le plan politique.<br /> Et aussi, de clarifier certains détails primordiaux, comme le fait que le web devrait être considéré comme un espace public a partir du moment ou il est accessible a tous et qu’il compte beaucoup d’utilisateurs. Parce que parler d’espace privé sur un réseau social qui compte des millions de gens, c’est juste aberrant.<br /> Au passage, les tribunaux sont tout à fait compétent pour juger de ce qui se passe dans un espace privé. Et cela, quand le législateur décide qu’ils le sont. Sur votre terrain privé, une grande parties des lois continuent de s’appliquer.<br /> Si quelqu’un vient chez vous proférer des menaces contre vos enfants, vous le mettez directement dehors ou vous attendez qu’un juge le décide ?<br /> Je peux vous répondre très précisément sur ce sujet après plusieurs décennies de sport de combat.<br /> D’abord, rappelons que «&nbsp;nul ne peut se faire justice à soi-même&nbsp;». Et le principe de légitime défense qui peut paraître aller de soi est en réalité très strictement conditionné à un usage extrêmement sage et proportionné. Beaucoup l’ont appris à leur dépens.<br /> Si par «&nbsp;vous le mettez directement dehors&nbsp;» cela signifie un contact physique, je vous le déconseille.<br /> Certes, la personne à commis un acte illégal en vous menaçant, mais une menace verbale, ce sont des mots. C’est à la justice d’en décider et de condamner, pas à vous. Le fait d’en venir aux mains n’est sur le moment pas indispensable ni considéré comme proportionné à l’attaque.<br /> Pareillement, si la personne qui vous menace est dans votre salon et refuse d’en sortir, mais sans s’en prendre physiquement à quelqu’un, vous devez appeler la police et rien d’autre.<br /> Si par menace, vous entendez que la personne se montre violente (il faut qu’elle ait donné des coups), vous pouvez alors vous défendre. Mais vous devez la encore rester strictement proportionné. Pas de couteau face à un coup de poing par exemple.<br /> Même si l’agresseur vous attaque à l’arme blanche et qu’il vous blesse, si vous arrivez à retourner l’arme contre lui, vous pouvez être condamné. Et je n’invente rien. C’est arrivé.<br /> Un malfaiteur vous braque dans votre boutique avec un fusil. Vous sortez une arme, vous tirez, le gars décède. Vous êtes condamné. Parce que vous êtes sensé attendre qu’il tire le premier (euh…lol ?#%$~).<br /> J’ai conscience que tout cela peut paraître aberrant à certains, voir injuste. En attendant, c’est la loi.<br /> Et j’attire votre attention sur le fait qu’un simple coup de poing s’est parfois terminé par des dizaines de milliers d’euros de dommage et intérêts. A méditer…<br /> Bonne soirée et fin de la discussion pour moi.
keyplus
bah au pays des employés jetables c est pas les informaticiens au chômage qui doivent manqués
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