Salon des entrepreneurs : cinq réussites du net français

04 février 2011 à 18h48
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Le Salon des Entrepreneurs 2011, qui s'est tenu cette semaine au Palais des Congrès de la Porte Maillot, à Paris, a été l'occasion d'une table ronde autour des entrepreneurs du web français. Marc Simoncini, Xavier Niel, Pierre Kosciusko-Morizet, Jacques-Antoine Granjon et Anne-Laure Vincent étaient les invités de cette conférence.

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Accueil à l'américaine pour les cinq participants à la conférence sur l'entrepreneuriat du web. Au menu, expérience, histoires de startups qui ont percé en France ou même dans le monde, et points de vue sur la création d'entreprises liées au web et à Internet.

Le web, un outil
Quand on lance une startup web dans les années 2000, pas question de passer à côté de la question de la bulle. La bulle Internet, qui a explosé aussi vite qu'elle avait gonflé, a été une difficulté ou une opportunité pour les cinq entreprenautes, mais toujours une source importante de leçons. Pour Marc Simoncini, le fondateur de Meetic, la bulle a été globalement positive. « Elle a fait exploser tellement d'entrepreneurs, que ça a appris à tout le monde qu'on pouvait se tromper, et que ce n'était pas grave. »

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Pierre Kosciusko-Morizet
Effet destructeur à court terme, tout de même. Pierre Kosciusko-Morizet s'est lancé dans l'aventure PriceMinister juste après l'explosion de la bulle. « Il y a eu trois-quatre ans durs. Ce qui a été très difficile, ça a été de lever des fonds. Les business angels qui avaient investi dans le web ne voulaient plus en entendre parler, et donc nous avons dû voir des gens qui n'avaient pas participé à cette bulle. » Avec, en poche, un discours rassurant. « Toute la question a été de leur montrer que le web n'était pas une fin, mais un outil. »

Ou outil, donc, qui a également permis à Jacques-Antoine Granjon de se lancer sur le web. Entrepreneur depuis plusieurs années, celui qu'on connait désormais comme le fondateur de Vente-privée.com (et du modèle de la vente privée en ligne dans le monde), il a dû aller sur le web pour réduire ses coûts d'import. « J'avais un vrai savoir-faire commercial, mais je n'avais pas de débouché sur mon produit. Et brusquement en 2001, je me suis dit qu'il y avait un outil incroyable. Mon savoir-faire, grâce à Internet, m'a permis de transformer mon entreprise dans un modèle où l'offre est inférieure à la demande. »

Du travail avant tout
« La vérité, c'est que Vente-privée n'est qu'une mutation de mon entreprise, qui existait depuis 1985. J'ai pris un virage technologique en 2004. Mais sans les quinze ans d'expérience commerciale avant, on n'aurait pas pu aller si vite, » explique Jacques-Antoine Granjon. Voilà qui vient contredire cette imagination, qui donne à voir des entreprises réussir en quelques années, être rachetées ou sortir en bourse. Du travail avant tout, que ce soit pour les entrepreneurs du web ou de Xavier Niel, le fondateur de Free.

« On a eu une bonne idée, on a bossé dix minutes et on a engrangé des centaines de millions, » ironise Xavier Niel. Marc Simoncini confirme : la clé, c'est le travail. « J'envoie mon dernier Skype quand Xavier se réveille. On est inversé : il se couche à quatre heures du matin, et c'est l'heure à laquelle je me lève. » Pierre Kosciusko-Morizet confirme, mais ne met pas de côté la question des moyens. « Il faut en avoir, et les banques n'investissent pas, contrairement à ce qu'elles disent parfois. Le métier des banques, ce n'est pas de financer les créations d'entreprises, donc il faut aller voir des fonds. »

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Anne-Laure Vincent


Un modèle français ?
Ici aussi, la croyance populaire ne suffit pas à expliquer les succès des entrepreneurs du web. Pas question de copier un modèle tout prêt développé aux Etats-Unis. « On est l'un des pays leaders en terme de création d'intelligence autour du e-commerce, » explique Xavier Niel. « Vente-privée, c'est un modèle copié dans le monde entier. On a été capable de créer des modèles disruptifs sans aller copier les modèles américains. Si vous voulez vraiment créer de la valeur, vous avez besoin d'inventer quelque chose. Si vous n'êtes qu'une copie, vous n'avez jamais le modèle pur, et donc le modèle qui explose, » poursuit Xavier Niel.

Le modèle français a toutefois ses limites. Si la création de jeunes entreprises a été facilité depuis plusieurs années, la sortie du marché franco-français reste difficile. Ici encore, les modèles sont multiples. Développer des équipes à l'étranger, comme Vente-privée, être racheté par le Japonais Rakuten pour avoir la puissance de feu nécessaire à son développement, comme PriceMinister, ou par un groupe français, comme Marmiton, fondé par Anne-Laure Vincent. « Le choix de vendre n'a pas été dicté par un choix personnel, » explique Pierre Kosciusko-Morizet. « En terme de projet, on avait besoin d'argent que ce que nos cashflows nous permettaient de faire, pour se développer en Europe. Il fallait soit aller en bourse, mais elle est fermée, soit vendre. On a eu une proposition intéressante en terme de valorisation et de projet. »

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Xavier Niel
« La vraie force des entreprises américaines et de quelques startups israëliennes, c'est d'être capable de créer rapidement des entreprises globales, » explique Xavier Niel. « On a du mal à sortir de France, nous, car l'Europe n'est pas fait. Les langues, les moyens de paiement sont différents, la TVA n'est pas appliquée de la même manière partout... On n'a pas su créer un marché européen aussi important que le marché américain, qui nous aurait permis de créer des entreprises globales. »

Pas question d'être racheté à tout prix, donc. Marc Simoncini, qui envisageait de vendre Meetic, a renoncé face au projet qu'on lui proposait. « D'abord, on nous proposait de nous acheter ce qu'on avait fait, et pas ce qu'on allait faire. Et quand bien même ils nous achetaient ce qu'on avait fait, ils nous demandaient de rester pour continuer ce qu'on allait faire. Je ne vois pas pourquoi j'irais vendre une boîte si c'est pour la développer. J'ai donc décidé de la garder. »

Ici encore, on s'éloigne du modèle américain. Pour Xavier Niel, il ne s'agit pas de chercher la sortie en bourse à n'importe quelles conditions. « Les Américains sont très forts pour faire des sorties en bourse. Mais il ne faut pas viser que ça. Il faut que ce qu'on fait ait du sens, il faut avoir envie d'apporter quelque chose aux gens, sinon, ça ne marche pas. »

Des managers
Pour Marc Simoncini, c'est entendu, il faut savoir s'entourer. « J'ai une certaine chance, c'est d'avoir engagé 400 personnes meilleures que moi. Même la standardiste décroche le téléphone mieux que moi. Du coup, je n'ai rien à faire, sauf choisir une couleur et un emplacement pour un bouton sur ma page d'accueil. » Même constat pour Anne-Laure Vincent, mais la question est aussi de savoir motiver ses employés. Par un intéressement financier, d'abord. Marmiton, PriceMinister, Meetic, Vente-privée, Free.. Tous affirment avoir mis en place des plans d'intéressement aux bénéfices. « Il faut savoir motiver les gens qui y travaillent, on a distribué plus de 20% du capital de l'entreprise, » explique Xavier Niel.

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Marc Simoncini et Jacques-Antoine Granjon


Pour Jacques-Antoine Granjon, la recette est même le paternalisme. « Il faut être présent, connaître ses employés, connaître leurs difficultés dans la vie, etc. C'est le bon côté du paternalisme. Les 300 premiers employés, c'est moi qui ai fait passer les entretiens d'embauche. Aujourd'hui, avec 1 500 employés, ce n'est plus possible. Mais au début, je le faisais. Et je les connais. J'ai aussi donné des actions gratuites, dont j'assure la liquidité quand les gens veulent partir. »

Interviewé pour l'occasion, le PDG de Virgin, Richard Branson, ne dit pas autre chose : travail, idées, soutiens, et une certaine envie de prendre soin de ses collaborateurs. Des bons sentiments qui ont apparemment conquis la salle, même si les potentiels futurs entrepreneurs présents savent déjà sans doute que ce n'est pas le lot de toutes les startups. Mais, comme le rappelle Manuel Valls, invité ainsi que Jean-François Copé à la fin du débat, « l'entreprise, c'est la vie, tout simplement. »

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  • Pour aller plus loin :

Portrait d'entreprenaute : Marc Simoncini, Meetic
Portrait d'entreprenaute : Pierre Kosciusko-Morizet, PriceMinister
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