Pour la première fois, SpaceX va réutiliser une coiffe de fusée

Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender, Spécialiste espace.
Publié le 06 novembre 2019 à 10h59
SpaceX Coiffe 1
Une coiffe de SpaceX récupérée en mer

Après deux ans et demi de recherche et d'essais, SpaceX va réutiliser une coiffe de fusée récupérée en mer. Une première, après la réutilisation du premier étage, résultant d'un processus techniquement long et délicat.

« Oh, en fait, c'est un petit scoop, la coiffe, le nez de la fusée, a aussi amerri avec succès ». Nous sommes le 30 mars 2017 et pour la première fois, Elon Musk évoque la récupération et la possible réutilisation d'une coiffe de son lanceur Falcon 9. Arguant que « c'est comme d'avoir une palette de billets jetée en l'air », le P.-D.G., qui est aussi l'ingénieur en chef du projet, parle alors d'un prix de six millions de dollars par coiffe, et des essais de récupération à venir.

Une coiffe sur un bateau, une autre tombe à l'eau

Les débuts sont difficiles. En février 2018, SpaceX doit modifier ses coiffes, et imaginer un bateau spécialisé, nommé Mr. Steven (depuis rebaptisé Ms. Tree) et équipé de grands bras qui tendent un filet pour les accueillir. Il faudra de multiples essais à l'entreprise, près d'une vingtaine de tentatives, pour que le 25 juin 2019 une première demi-coiffe soit enfin attrapée dans le filet lors du lancement STP-2 (Falcon Heavy).

SpaceX Coiffe 2
La coiffe se pose sur un énorme filet

Avant cela, néanmoins, l'entreprise avait réussi a récupérer d'autres parties de coiffes « intactes » bien que tombées dans l'eau, notamment lors du lancement Arabsat-6a, le 11 avril. C'est d'ailleurs cette coiffe qui sera réutilisée le 11 novembre, à l'occasion du prochain décollage au service de la constellation Starlink.

Trajet de retour

SpaceX n'a pas encore précisé si son projet prévoyait de réutiliser une demi-coiffe ou deux moitiés, mais cela établit, dans tous les cas, un pas de plus vers la réutilisation régulière de ces éléments, qui sont très difficiles à contrôler et à ramener intacts.

Les coiffes, qui protègent le satellite des effets thermiques et des ondes soniques lors du décollage, permettent à un lanceur d'avoir le profil aérodynamique qui convient le mieux. Après leur éjection à plus de 100 km d'altitude et sept à huit fois la vitesse du son, des dispositifs contrôlent leur orientation afin de les faire revenir à travers l'atmosphère terrestre (ce qui revient, au bout du compte, à « contrôler une feuille morte soufflée par le vent », selon les dires d'un concurrent de Space X interrogé en 2017). Une fois à basse vitesse, un parachute, équipé de suspentes contrôlées par la coiffe, permet à cette dernière de s'orienter et de se diriger vers le bateau, qui manœuvre lui aussi pour se placer juste en dessous.

Deux moitiés, deux bateaux

Pour cette première réutilisation, SpaceX a donc choisi des moitiés de coiffe ayant passé du temps dans l'eau de mer : il a alors fallu les nettoyer, les dessaler et les tester, ce qui explique pourquoi la firme basée à Hawthorne (Californie) continue de mener ses essais avec ses navires de récupération. En Floride justement, pour le prochain décollage de Starlink, SpaceX utilisera pour la première fois deux bateaux en même temps, Ms. Tree et Ms. Chief, chacun pour une moitié de coiffe.

Rien n'indique encore, cependant, que le processus soit rentable, surtout après deux ans et demi de développement. Elon Musk a tout de même déclaré sur Twitter ce mardi que Falcon 9 était à présent « à 80 % réutilisable ».

Source : Space Flight Now
Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender
Spécialiste espace

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (10)
BetaGamma

On aimerait avoir les vrais couts de la réutilisation !
Pour le moment ils sont soigneusement cachés …

redosk

Sacré BetaRagix, il t’a fait quoi Musk pour que tu t’acharnes à ce point à bondir sur chaque article concernant ses sociétés pour y déverser ta bave ?
Allé, dis nous tout, tu peux te confier… :joy:

Elrix

« contrôler une feuille morte soufflée par le vent »

Symbole du scepticisme permanent des concurrents mais révélateur de l’exploit de la récupération des coiffes, même si elles tombent à l’eau (généralement très proche du but)

@redosk Betagamma doit être membre de la secte TSLAQ et perdre de l’argent en sortant TSLA d’où sa haine :innocent:

mcbenny

Au delè du coût, le simple fait de ne pas recourrir à de nouveaux matériaux est déjà intéressant. On a extrait le minerai une fois, on l’utilise une fois et on le jette au fond de l’eau, ou on le réutilise.
Tirer une fusée n’est pas écolo, je sais. mais réutiliser des morceaux, c’est toujours ça.

Fulmlmetal

C’est toujours pareil avec les fanboys, dès qu’on fait un reproche ou une remarque, meme justifié, ils deviennent agressifs. C’est maladif…
Franchement la remarque de betaGamma est tout à fait justifiée et dans le sujet.

Pour cette réutilisation, il n’en demeure pas moins que le constat est là, la récupération des coiffe est très complexe et hasardeuse. Trop dépendant des vents, des marées et du bateau qui est complexe à manoeuvrer. il va etre difficile de rentabiliser la réutilisation si très peu de coiffe sont récupérée. Peut etre que SpaceX aurait du opter pour la récupération en vol par hélico comme ULA a prévu de le faire pour la récupération de ses moteurs.

redosk

C’est précisément ce que je pense, mais réellement car c’est leur type de discours…

redosk

Bah ceux qui en doutent sont principalement ceux qui ont une dent contre Musk, ce sont systématiquement les mêmes : soit les $tslaq (qui en plus, bien souvent, n’y connaissent pas grand chose), soit des gens qui ont d’autres intérêts à voir un échec ou a minima à critiquer négativement.

Pourquoi vouloir des chiffres, c’est une société privée, elle n’a pas à les dévoiler.
Mais elle a investit pour le faire le plus possible, tu connais beaucoup de sociétés qui s’obstinent à faire qqch d’inutile et coûteux juste pour le plaisir de claquer du blé et qui arrivent à développer d’autres produits en même temps ?

J’ai envie de dire il y a ceux qui prévoient et ceux qui font (pas forcément parfaitement mais qui s’améliorent en apprenant de leurs échecs).

Le coup de l’hélico pour la coiffe ça n’y changerait rien puisque dans tous les cas la trajectoire n’est pas prévisible à 100%.
Les bateaux utilisés ce ne sont pas des voiliers hein.
Tu n’as sans doute pas observé les traces de déplacement de ces bateaux, je ne sais pas si un hélico peut faire des changements aussi rapides.
Surtout que choper quelque chose en plein vol, ça implique toujours un certain risque de sécurité…

Bref, il y a donc :

  • ceux qui font,
  • ceux qui prévoient et…
  • les meilleurs de tous, ceux qui pensent que les premiers n’ont pas étudié ce qui était le plus rentable/facilement faisable et qui disent « ils auraient dû faire ça » en étant bien installés dans leur canapé.
Fulmlmetal

La récupération en vol est une opération qui s’est déja faite, et souvent, notamment autrefois avec les récupération des photo des satellites espions. Et en hélico l’opération est fiable et a déja été faites de nombreuses fois.
Quand à la maniabilité du bateau c’est Musk lui meme qui avait dit lors des échecs que leur manoeuvrabilité était plus complexe et difficile que prévu. Ce qui explique les nombreux ratés.

Pour ce qui est de dévoiler les couts et benefices de la réutilisation c’est un bon moyen de prouver l’utilité et l’efficacité, le fait de cacher les chiffres (et ils en on le droit) est classique quand on veut cacher des pertes. Tous les experts le disent, la réutilisation n’est pas financièrement rentable, elle n’a d’interet que si on veut maintenir une cadence élevée des lancements et c’est ce que veut faire SpaceX notamment pour Starlink qui devra réaliser entre 500 et 700 lancements.
Et faudrait arrêter cette paranoia des fanboys de croire que parce qu’on a des doutes sur la récupération on a forcement une dent contre Musk. C’est vraiment un discours d’ado fanatique.

redosk

Tu compares la récupération d’une capsule contenant un micro-film et celle d’une coiffe qui fait quelques mètres de long et pèse légèrement plus (et donc a une énergie cinétique emmagasinée légèrement supérieure)… Tu la vois la différence, ou pas ?

Je n’ai pas dit le contraire, je dis simplement que ça reste probablement plus manoeuvrable qu’un aéronef qui doit virer de bord en appui sur de l’air.
De plus, plus on est bas, plus ça laisse de temps à la trajectoire de se stabilise, à la coiffe de ralentir et au véhicule d’arriver au bon endroit.

Les experts qui prennent pour référence la réutilisation des propulseurs de la navette… qui n’ont rien à voir techniquement. Ou les experts d’Arianespace qui n’y croyaient pas ?

Sauf qu’il n’est très probabelement pas question de faire 500 lancements pour Starlink, étant donné que le but sera d’en envoyer bien plus avec la BFR…

L’ado a 38 ans et a eu largement le temps de constater que c’est précisément ceux qui ont quelque chose contre Musk qui s’acharnent à dire tout et n’importe quoi. Ce type de commentaire ne concerne pas que la récupération mais tout ce que chacune des sociétés de Musk fait.
Quand quelqu’un s’acharne à critiquer négativement chaque action entreprise, c’est d’une part aussi idiot qu’un « vrai » fanboy qui refusera d’admettre des erreurs et d’autre part c’est significatif d’un certain intérêt à être contre Musk (ou juste une haine spécifique envers lui pour je ne sais quelle raison).
Mais dans tous les cas, à la longue, ça s’éloigne d’une analyse et opinion sincère.

Fulmlmetal

Les récupération par le passé consistait à accrocher le parachute, donc un risque faible, et un hélico a une capacité de manoeuvrabilité très souple, surtout comparé à un bateau.
Pour le poids de la coiffe, est fait 1750Kg au total, soit environ 900Kg, donc sans problème pour un hélico puisqu’une hélico de type Blackhawk a une charge utile de 10t, et un simple BELL 407 a une CU de 1500Kg.

Pour ce qui est des avis des experts, je vois que tu es enfermé dans ta paranoia, pour toi les sceptiques sont tous des complotistes anti musk, bon c’est classique chez les fanatique de Musk