Avec ses 130 kilomètres de diamètre, C/2014 UN271 est la plus grosse comète jamais observée

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
15 avril 2022 à 16h50
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Le processus utilisé pour "mesurer" le noyau de la comète à 1,6 milliard de kilomètres de distance © NASA
Le processus utilisé pour "mesurer" le noyau de la comète à 1,6 milliard de kilomètres de distance © NASA

Très éloignée du Soleil, la comète Bernardinelli-Bernstein est bien plus impressionnante que ses cousines plus connues et plus proches de nous. Grâce au télescope Hubble et à une série de simulations, une équipe scientifique a pu isoler la taille et la masse de son noyau central. Elle se rapprochera jusqu'en 2031.

Cette comète est aussi un ancien vestige de la genèse du Système solaire !

Comètes à l'horizon

La comète C/2014 UN271 a été découverte officiellement en 2014, lorsque les astronomes Pedro Bernardinelli et Gary Bernstein ont observé des images d'archives de l'observatoire inter-américain de Cerro Tololo au Chili.

Il s'agit d'une comète lointaine qui émet déjà beaucoup de gaz malgré son éloignement conséquent par rapport au Soleil. En effet, elle ne s'approchera au plus près (1,6 milliard de kilomètres) de lui qu'en 2031 ! Inutile donc, comme certains articles le prétendent, d'écrire qu'elle se dirige vers la Terre : ce n'est pas le cas.

« C'est un objet particulier, étant donné son activité alors qu'il est aussi éloigné. Nous estimions que la comète elle-même devait être imposante, mais nous avions besoin de meilleures données pour le confirmer », explique l'auteur principal de l'étude, Man-To Hui (université de Macau). C'est donc Hubble qui a pris les clichés.

Simulation, paramétrage, comparaison

Avec ces 5 images capturées le 8 janvier dernier, il restait encore la moitié du travail à faire pour avoir une bonne idée de la taille du noyau de la comète. En effet, à cette distance, il est trop petit pour être résolu par Hubble. Alors comment faire ?

La méthode requiert des simulations logicielles les plus fidèles possible, une modélisation de comète que l'équipe a fait « coller » avec les clichés de l'observatoire spatial. Or, avec la brillance des gaz et des poussières éjectées dans la « queue » de la comète, leur quantité et la taille de ce qui se dégage du noyau, il est possible d'estimer la taille de ce dernier (en faisant varier les paramètres de la simulation, on contraint la taille réelle du noyau). C'est ainsi que l'équipe a conclu qu'il faisait environ 80 miles (129 kilomètres) de diamètre et que sa masse finale devait atteindre les 500 000 milliards de tonnes.

La comète Tempel-1, survolée par la mission Stardust. À quoi ressemble Bernardelli-Bernstein de près ? On ne le saura peut-être jamais... © NASA
La comète Tempel-1, survolée par la mission Stardust. À quoi ressemble Bernardelli-Bernstein de près ? On ne le saura peut-être jamais... © NASA

On s'donnera rendez-vous dans 3 millions d'années place des grands Hommes

Plus noire que du charbon, Bernardelli-Bernstein est donc la plus imposante comète qui ait jamais été découverte jusqu'ici. À titre de comparaison, la célèbre comète de Haley mesure un peu plus de 11 kilomètres de diamètre.

L'équipe estime la température qui l'environne actuellement à -211 °C… Une température toutefois suffisante pour faire doucement fondre sa glace carbonique. De plus, son orbite est particulièrement lointaine. Selon les estimations actuelles, il lui faut environ 3 millions d'années pour faire un seul tour autour du Soleil. La comète navigue en effet une bonne partie de son temps au sein du Nuage de Oort (ou Oort Cloud), une région au sein de laquelle la distribution des objets et des masses fait encore débat. La faute aux difficultés à y observer quoi que ce soit.

Les comètes comme C/2014 UN271 n'y ont pas été formées, mais ont été éjectées du Système solaire proche lors des premières années de formation des géantes telles que Jupiter ou Saturne.

Source :NASA

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (5)

cid1
l’article dit: C’est ainsi que l’équipe a conclu qu’il faisait environ 80 miles (129 kilomètres) de diamètre et que sa masse finale devait atteindre les 500 000 milliards de tonnes.<br /> Inutile donc, comme certains articles le prétendent, d’écrire qu’elle se dirige vers la Terre : ce n’est pas le cas.<br /> Encore une chance car si une masse pareille s’écrasait n’importe où sur la terre elle causerait une catastrophe pire que l’évènement KT(qui a effacé les dinosaures partout sur la terre).
Guillaume1972
Effectivement bien pire car l’astéroïde du KT avait une taille estimée de 10 km. Mais après, beaucoup de choses rentrent en ligne de compte (masse, composition, vitesse, angle de rentrée, lieu où celle-ci s’ecraserait, etc.)
Bombing_Basta
C’est fou quand on pense qu’à quelques centaines de milliers de Km de la surface de notre planète son attraction est « négligeable », alors qu’à des milliards de Km le Soleil tient toujours n’importe-quel objet ou planète par les couilles
SPH
La photo est donc une simulation. Joli caillou quand même
salo86
@Bombing Basta : Que dire alors des trous noirs supermassifs qui tiennent des galaxies entières
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