Tianwen-1 entre en orbite de Mars, la Chine réussit son pari !

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
10 février 2021 à 17h00
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Vue d'artiste de la sonde Tianwen-1 arrivant en orbite de Mars. crédits Shanghai Academy of Spaceflight Technology
Vue d'artiste de la sonde Tianwen-1 arrivant en orbite de Mars. crédits Shanghai Academy of Spaceflight Technology

Moins de 24 heures après la sonde Hope des Émirats arabes unis, la mission chinoise Tianwen-1 réussit à son tour à s'insérer sur une orbite elliptique autour de la planète rouge. Une réussite et une première étape capitale pour cette aventure particulièrement ambitieuse.

Atterrissage prévu avant la fin du printemps.

Un succès, mais discret

Pas de direct à la télévision chinoise, pas de gratte-ciel décoré à l'image du véritable festival audiovisuel déployé par les Émirats arabes unis ce 9 février : la couverture des événements liés à la mission Tianwen-1 est assurée par quelques sobres communiqués chinois.

Pourtant, c'est une étape majeure pour le programme d'exploration spatiale de la Chine, qui n'avait jamais réussi avant 2020 à envoyer une mission vers une autre planète. Sept mois de trajet, quatre corrections de trajectoire et même le largage d'une petite caméra inédite plus tard, la première étape de Tianwen-1 s'achève sur un succès. La Chine est donc la sixième puissance spatiale à entrer en orbite de Mars.

Grandes manœuvres

La communauté amateure, elle, était au rendez-vous. Amateure étant d'ailleurs un bien grand mot : une équipe de l'AMSAT allemande disposait du radiotélescope de Bochum (20 mètres) pour « écouter » les signaux renvoyés par la sonde chinoise. Sans être particulièrement graphique, cela a permis d'observer l'allumage moteur de 15 minutes environ réceptionné à partir de 13h05 (Paris), suffisant pour que la sonde passe « derrière » Mars au bon moment, et réapparaisse quelques poignées de minutes plus tard, exactement comme prévu.

La CNSA et les médias d'État chinois confirmaient quelques minutes plus tard : Tianwen est approximativement sur une orbite très elliptique de 400 x 180 000 kilomètres d'altitude au-dessus de Mars.

Vue d'artiste de la mission complète avec l'orbiteur, et dans la capsule de rentrée atmosphérique, la plateforme d'atterrissage et le rover. Crédits Shanghai Academy of Spaceflight Technology
Vue d'artiste de la mission complète avec l'orbiteur, et dans la capsule de rentrée atmosphérique, la plateforme d'atterrissage et le rover. Crédits Shanghai Academy of Spaceflight Technology

Tienwen encore ?

Après vérification de ses systèmes de bord, la mission devrait progressivement abaisser son orbite pour évoluer à seulement 265 km au-dessus de la surface martienne. Une première phase scientifique devrait également démarrer, même s'il faudra attendre mai ou juin pour que les 13 instruments de la mission soient actifs.

En effet avec Tianwen-1, la Chine ne dispose pas que d'un orbiteur, puisque le véhicule est triple et comporte aussi une plateforme atterrisseur et un rover d'une taille comparable à ses cousins (Yutu) du programme lunaire Chang'E, d'une masse d'environ 240 kg. La tentative pour se poser sur Utopia Planitia sera, espérons-le, plus médiatisée que l'arrivée sur la planète rouge… Même si historiquement, les premiers essais pour atterrir à la surface de Mars ont un taux d'échec particulièrement impressionnant.

La mission Tianwen-1 à quelques semaines de son départ du site de Wenchang. Crédits CNSA
La mission Tianwen-1 à quelques semaines de son départ du site de Wenchang. Crédits CNSA

Tianwen-1 embarque des imageurs, mais aussi différents instruments comme des radars (un à bord du rover, un autre de l'orbiteur), spectromètres et magnétomètres. L'orbiteur devrait centrer sa mission sur l'identification de glace d'eau, l'étude de l'atmosphère et des zones humides sur la surface.

Il ne reste plus qu'une seule arrivée martienne pour le trio qui a quitté la Terre en juillet dernier, celle du grand rover Perseverance de la NASA, qui tentera directement de se poser le 18 février au soir.

Source : Spacenews

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (10)

SlashDot2k19
Je pense que si les pays partageaient leurs connaissances scientifiques, cela éviterait à chacun de tout redévelopper de zéro, les progrès seraient certainement beaucoup plus rapides et spectaculaires.
Nmut
Si tu regardes les instruments des différentes missions, ils sont complémentaires. Les sites visités aussi. En fait il y a quand même une certaine coordination scientifique, même si les intérêts politiques diverges et qu’il y a surement de la rétentions d’information de chaque coté.
cirdan
C’est marrant, Tianwen c’est presque une anagramme de Taiwan. Humour chinois ?..
dapoussin
Au contraire, je pense qu’une saine concurrence poussera à l’innovation. Et les technologies spatiales sont utilisées dans d’autres domaines, notamment militaire, donc le partage n’est pas toujours souhaitable. Si tu sais faire décoller une fusée, tu sais aussi envoyer un missile par exemple.
zeebix
Non je ne pense pas, Tianwen désigne en chinois tout ce qui se porte à l’exploration spaciale.
cirdan
Oui, c’est bien possible que ça ne soit qu’une coïncidence, d’autant plus que cette anagramme n’est pas parfaite, mais vu l’état des relations entre les deux pays ça m’a un peu sauté aux yeux.
cirdan
Vimaire:<br /> après c’est une traduction française qui n’a peut être pas de transposition en mandarin<br /> C’est une traduction anglophone donc à vocation internationale, et les mots sont souvent le reflet de la langue originelle.
Urleur
Le logo Huawei n’est pas assez grand.
ebottlaender
Hors sujet et déplacé : le géant des télécoms chinois n’a rien à voir avec ce projet.
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