La première fusée réutilisable chinoise Long March-8 a fait son vol inaugural

Yannick Smaldore
Publié le 28 décembre 2020 à 18h22
© CASC
© CASC

Jeudi 24 décembre, la nouvelle fusée chinoise CZ-8 effectuait son vol inaugural depuis le spatioport de Wenchang, plaçant en orbite cinq satellites. Présentée par son constructeur CASC comme le futur lanceur commercial chinois de référence, la Long March-8 sera, à terme, réutilisable.

Ce premier vol a servi à tester plusieurs éléments clés de la future réutilisabilité.

Un nouveau lanceur médian pour la Chine

Depuis le milieu des années 2010, la Chine a commencé à renouveler sa flotte de lanceurs spatiaux. Les familles de fusées Chang Zheng 2, 3 et 4 (Long March-2, 3 et 4 pour l’exportation), développées entre les années 1980 et 1990, continuent d’opérer aujourd’hui dans des versions constamment améliorées. Mais, pour s’adapter à l’évolution du marché des satellites, Pékin souhaite désormais se doter de lanceurs de nouvelle génération.

Le tout nouveau Long March-8 s’inscrit parfaitement dans cette logique d’adaptation et d’évolution. Conçu en partie à partir d’éléments d’autres fusées, dont la CZ-7 et les CZ-3A/3B/3C, la CZ-8 se présente comme une solution économique, mais adaptée aux besoins actuels. Ainsi, la propulsion utilise désormais des carburants non toxiques.

Avec une capacité d’emport de 4,5 t en orbite héliosynchrone (ou 7,6 t en orbite basse), la CZ-8 devrait combler un trou capacitaire entre la CZ-6, plus petite, et le lanceur, CZ-7 plus puissant. Elle pourrait ainsi répondre à la plupart des demandes commerciales, aussi bien pour des charges uniques que pour le lancement de multiples CubeSats ou de constellations.

Vers une fusée chinoise réutilisable

Mais, surtout, la CZ-8 devrait être le premier lanceur commercial réutilisable, permettant de réduire encore ses coûts d’exploitation. Grâce à son marché intérieur, la Chine est déjà la première puissance spatiale en matière de nombre de lancements, l’année 2020 devant se clôturer avec 39 fusées chinoises mises sur orbite. Mais les industriels, notamment CASC et CASIC, espèrent aussi attirer de plus en plus de clients privés (et étatiques) étrangers.

Pour cela, le secteur spatial chinois peut compter sur son extraordinaire dynamisme. Avec une quinzaine de lanceurs étatiques (en comptant les sous-versions) et une dizaine de micro-lanceurs privés en développement, la Chine peut se permettre de tester rapidement de nouvelles technologies. De quoi rattraper son retard sur certaines compagnies américaines, comme SpaceX, tout en devançant les acteurs européens.

À terme, la CZ-8 devrait donc pouvoir être réutilisable, au moins partiellement. Son premier étage, propulsé par deux moteurs YF-100, devrait être capable d’effectuer un retour contrôlé afin de se poser à terre ou sur une barge en mer. Ce retour propulsé s’effectuera avec une propulsion dissymétrique, puisqu’un unique YF-100, qui ne se trouve donc pas dans l’axe de la fusée, sera utilisé pour cette phase du vol.

Pour son vol inaugural du 24 décembre, CZ-8 a déjà testé certaines caractéristiques qui seront utilisées lors de la réutilisation du lanceur, notamment la modulation de poussée des moteurs permettant un pilotage plus précis.

Source : Phys.org

Yannick Smaldore
Par Yannick Smaldore

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Niverolle

Pour percer sur le marché international, il faudrait que la Chine, arrive à contourner la règlementation US qui a « huaweisé » les lanceurs chinois et russes (dans une moindre mesure pour ces derniers).

Bibifokencalecon

Certes, mais je ne crois pas que la Chine ambitionne de concurrencer directement les Etats-Unis, la Russie ou l’UE, du moins à court terme.

Objectifs de la Chine :

  • indépendance et autonomie spatiale (projet amorcé depuis plusieurs décennies maintenant) : fusée, station orbitale, programme spatiale, satellites civiles et militaires.
  • puis dans un second temps, partenariat avec des pays sans autonomie spatiale (ex : le continent africain où la Chine est très présente économiquement).

La Chine peut se permettre des objectifs très long termes. Elle fait cela depuis des décennies, et avec un certain succès. Cela fonctionne parce que :

  • la Chine a gagné un niveau d’expertise avancée dans les technologies, en contribuant à des programmes internationaux (échanges de savoir-faire, d’expertise) et bien sûr, par l’espionnage et le vol industriel (que d’autres pays font aussi).
  • la Chine est un état autocratique stable (une direction, un parti unique, donc des objectifs très long terme par rapport aux pays occidentaux)
  • une population très importante et principalement pro-nation (malgré des dissidences étouffées)
  • et évidemment, la puissance économique suffisante pour maintenir ce genre de projets ambitieux (et cela, même si cela cache en réalité des fragilités macro-économiques importantes).

Au final, les « embargos » américains sont des contraintes court terme. Cela ralentit la Chine temporairement. Et encore, c’est un succès tout à fait relatif pour les États-Unis.

Wifi93

Et Ariane réutilisable, c’est pour quand ?

rexxie

La seule compétition sérieuse à SpaceX. Ils sont brillants les Chinois, ne pas les sous-estimer.

Niverolle

Pour ce qui est du spatial, je ne me fais guère de soucis pour la Chine : elle avance prudemment, et arrivera bien à ses fins.

Oldtimer

Faut demander à Israël. Stéphane Israël.

Carlomanus

Bientôt ! Les premiers tests en France, à Vernon, au centre d’essai, en Suède en 2022, puis à Kourou.
https://www.esa.int/Space_in_Member_States/France/L_ESA_planifie_la_demonstration_d_un_etage_reutilisable_de_lanceur

Carlomanus

Pourquoi ne citer, à chaque fois, que les ricains ou les chinois ?? L’ESA serait-elle un challenger relégué au fin fond de l’innovation? N’oubliez pas que SpaceX, sans les commandes de l’armée américaine et de l’Etat fédéral, ne pourrait pas avoir la tête hors de l’eau! Elle est sous perfusion, avec des contrats très (trop…) bien rémunérés. Quant au projet d’aller seuls sur Mars, les USA ne pourront pas le faire; trop cher, avec des budgets NASA qui s’effilochent d’année en année. Ils en sont bien conscients, d’ailleurs. C’est simplement de la bonne comm’.

Blackalf

Ne pas oublier que rexxie est nord-américain, il a donc un angle de vue forcément différent de celui d’un européen. neutre

rexxie

En fait non, SpaceX se débrouille très bien seul, la NASA leur accorde moins que ULA. Grâce aux réutilisables SpaceX rafle tous les contrats. L’armée et la NASA ne sont que des clients parmi d’autres.
S’il est vrai que SpaceX a été sauvé par le contrat d’approvisionnement de la SSI en 2008, ils ont largement fait leurs devoirs et les coffres de SpaceX sont maintenant très bien garnis.

SpaceX n’est pas les USA. C’est une société privée, autonome, et c’est le projet de son PDG d’aller sur Mars.
Et grâce aux milliards supplémentaires que rapporteront StarShip et StarLink, il pourra réaliser son rêve de colonisation, NASA ou pas.

@Blackalf Je suis Québécois avant tout, plus près de la France que des USA, dont les politiques et les coutumes m’horripilent souvent. En fait comme tu sais, c’est le génie du businessman et de l’ingénieur Musk que j’admire. Ce Sud-Africain naturalisé Américain pourrait tout aussi bien être Russe, Argentin ou Hollandais que j’admirerais son œuvre tout autant. rien à voir avec son pays de résidence.

Et si la NASA, le gouvernement ou l’armée lui offre des milliards, il doit bien y avoir un peu de compétence là-dessous, et quel mauvais homme d’affaire serait-il pour cracher sur les aides et subventions qui sont offertes en soumissions pour tous?!?