Les échantillons de Chang'E 5 sont sur orbite lunaire !

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
03 décembre 2020 à 17h48
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Panorama lunaire pris par la sonde le 1er décembre peu après l'atterrissage ! Crédits CNSA/CLEP
Panorama lunaire pris par la sonde le 1er décembre peu après l'atterrissage ! Crédits CNSA/CLEP

Pas de temps à perdre ! À peine l'atterrisseur de la mission Chang'E 5 posé sur la surface lunaire, que la séquence de collecte des échantillons a pu commencer. Ce 3 décembre, le véhicule de remontée a allumé son moteur et s'est placé en orbite pour entamer le chemin de retour.

Du jamais vu depuis 1976 !

Il n'a pas le temps

En se posant sur la surface lunaire le 1er décembre, l'atterrisseur de Chang'E 5 a enclenché un compte à rebours sans retour. En effet, à l'inverse de ses cousins sur la Lune, Chang'E 3 et 4, l'atterrisseur 5 n'est pas équipé d'un petit générateur électrique fonctionnant avec des palets de plutonium radioactif. Il lui faut donc profiter de la lumière du Soleil pour garder ses batteries chargées.

Il faut donc s'occuper au plus vite de déployer le matériel nécessaire pour collecter les échantillons et se préparer à les renvoyer en orbite ! Posé sur l'Océan des Tempêtes, à quelques kilomètres des collines Louville Omega (que l'on peut apercevoir sur le fantastique panorama HD partagé par l'agence chinoise), l'atterrisseur n'a attendu que quelques heures pour actionner sa foreuse et commencer à creuser dans le sol lunaire.

Si les responsables de la mission ont été un peu avares en données, on sait toutefois que la foreuse était conçue pour pouvoir creuser jusqu'à deux mètres de profondeur.

Ca creuse, ça creuse…

Cette première opération terminée et les échantillons scellés, les équipes ont pu commander au bras robotisé différentes manœuvres pour collecter le régolithe à la surface à côté de l'atterrisseur. Une mission bien plus longue (19 heures en tout) et plus risquée également, compte tenu du fait que les Chinois n'avaient encore jamais téléopéré un bras aussi complexe sur une mission lointaine.

Il semble, d'après un communiqué de l'Académie des sciences chinoise (CAST), qu'au moins douze prélèvements ont pu avoir lieu à la surface lunaire, et que le conteneur destiné aux échantillons est plein. Au bout du bras de 3,6 mètres de long, les opérateurs disposaient également de deux matériels différents permettant la collecte, mais il semble qu'un seul des deux (une pelle rotative) ait été utilisé.

C'est reparti !

Dans la nuit du 2 au 3 décembre, les opérations de récupération d'échantillon ont été stoppées, avec confirmation du franc succès pour remplir le petit caisson étanche qui contient du sol lunaire. Ce dernier a été automatiquement scellé, avant d'être transféré sur la partie haute de l'atterrisseur, le fameux « véhicule de remontée ».

Il s'agit du plus petit élément de la mission avec une masse de « seulement » 500 kg, constitué d'une partie propulsion et de réservoirs, ainsi que de panneaux solaires et d'un système de repérage et de rendez-vous en orbite.

Le moment exact du décollage du véhicule de remontée ce 3 décembre. Le Soleil éblouit la caméra, mais on distingue très bien le module au centre, désolidarisé de l'atterrisseur. Crédits CNSA/CLEP
Le moment exact du décollage du véhicule de remontée ce 3 décembre. Le Soleil éblouit la caméra, mais on distingue très bien le module au centre, désolidarisé de l'atterrisseur. Crédits CNSA/CLEP

Ce dernier s'est détaché de l'atterrisseur, puis a décollé de la Lune ce jeudi 3 décembre à 16h10 (Paris) pour se placer avec succès sur l'orbite basse ! Un événement mondial, puisque cela faisait plus de 44 ans, depuis Luna-24, qu'aucun véhicule n'avait décollé de la Lune !

Une phase de mission aussi risquée qu'inédite pour la Chine, qui a passé le cap sans souci apparent. Cela va mener à une première dans les heures et jours à venir, puisque le véhicule de remontée va rejoindre le module orbiteur, qui a permis à Chang'E 5 de faire le trajet depuis la Terre. Celui-ci est en attente : les deux systèmes doivent se synchroniser pour se « voir » en trois dimension et progresser l'un vers l'autre (à partir des 4 et 5 décembre) avant l'amarrage actuellement prévu le 5 décembre à 22h40 (Paris). Il faudra alors transférer les échantillons de l'un à l'autre avant de prendre le chemin du retour vers la Terre !

Source : SpaceFlightNow

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Commentaires (3)

dapoussin
Fantastique, bravo aux chinois pour cette belle démonstration technologique ! La mission n’est pas terminée mais elle est déjà un demi succès. Je pense que les dix prochaines années vont être comme les années 60, avec une course entre deux super puissances, et un bonheur pour les amoureux d’espace Maintenant, qui enverra un Homme sur Mars en premier ?
BBlake
Calme toi ! On repart sur la Lune déjà ensuite on verra x)
rexxie
Ne pas oublier que SpaceX est une société privée, et que Musk se concentre presque entièrement sur Mars.<br /> Les Chinois, je les vois bien s’établir en force sur la lune. Les USA et les Russes en tant que nation ne feront pas la course, les premiers parce qu’ils prendront les lauriers d’Elon Musk, et les seconds par manque de moyens. En fait si ce n’était de SpaceX, les USA seraient déjà à la traine de la Chine.
dapoussin
La stratégie de Musk est clairement de coloniser Mars, c’est incroyablement audacieux mais il a l’air de se donner les moyens de réussir. Le réseau satellite Starlink devrait permettre de couvrir une partie des coûts… Et il faudra aussi compter sur Blue Origin (la firme de Jeff Bezos) à mon avis Plus plein de plus petites sociétés qui vont se lancer. Hélas les Européens sont relativement absents de cette nouvelle ruée vers l’Ouest <br /> L’enjeu de cette décennie sera la place de 1ère puissance mondiale, et la nouvelle conquête spatiale est un des éléments principaux. La Chine va sortir renforcée de la crise sanitaire, je vois bien les choses s’accélérer dans les prochaines années…
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