L’acquisition de Bethesda par Microsoft aurait encouragé Stadia à fermer ses studios

Pierre Crochart
Spécialiste smartphone & gaming
17 février 2021 à 14h12
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google stadia

Stadia aurait-il pris peur en apprenant les folles dépenses engagées par Microsoft pour se construire un catalogue d’exclusivités ? C’est en partie ce que suggèrent des sources internes questionnées par Kotaku.

Annoncée le 1er février dernier, la fermeture des studios Stadia Games and Entertainment aurait été motivée par les coûts de développement en constante hausse. Quitte à désavouer complètement les paroles de Phil Harrison, Vice-président de Stadia, qui félicitait une semaine plus tôt ses équipes pour les « progrès » effectués.

Des déclarations contradictoires au sommet

Dans un email partagé en interne le 27 janvier, le vice-président de Stadia assurait que ses studios « avaient fait de grands progrès dans la construction d’une équipe diverse et talentueuse, et dans l’établissement d’un line-up fort d’exclusivités » pour le service. Plus loin, on apprend toutefois que la confirmation de l’enveloppe budgétaire de SG&E (Stadia Games & Entertainment) devait intervenir quelques jours plus tard, et que celle-ci serait déterminante pour la ligne à tenir en 2021.

La suite de l’histoire, on la connait déjà. Cinq jours après ces belles paroles, Phil Harrison annonce publiquement que Jade Raymond, Présidente de Stadia Games & Entertainment, démissionne et que Google « n’investira plus dans le développement interne de contenus exclusifs » pour la plateforme de Cloud gaming

Selon Kotaku, les équipes ont été prévenues pratiquement en même temps que la presse, un peu avant la publication du billet de Phil Harrison. Et travail à domicile oblige, il leur a fallu patienter trois jours avant de pouvoir questionner directement leur patron au sujet de la situation lors d’une visioconférence.

Une réunion tendue, pendant laquelle le vice-président a été mis face à ses contradictions. Selon quatre sources interrogées par Kotaku, Phil Harrison aurait exprimé ses regrets à propos de ses déclarations fallacieuses quelques jours auparavant. Avant d’asséner le coup de grâce. Rien n’a changé depuis le courriel du 27 janvier, aurait-il annoncé à ses équipes : « nous savions ».

Une impatience mâtinée de naïveté

« Je pense que les gens veulent juste connaître la vérité à propos de ce qui s’est passé », raconte une source à Kotaku. « Ils veulent juste une explication de la part des dirigeants. Vous avez lancé ce studio et engagé des centaines de personnes, mais personne ne fait ça juste pour tout balayer un an plus tard, pas vrai ? Vous ne pouvez pas concevoir un jeu dans ce laps de temps. On nous a promis une assurance de plusieurs années, et maintenant on nous la retire ».

Dans son billet de blog, Phil Harrison motive la décision de Google d’interrompre son financement par le prix du développement des jeux, en augmentation exponentielle. Une source interne rapporte aussi à Kotaku que, lors de la dernière session de questions-réponses à laquelle s’est livré le vice-président, la frénésie de rachat de studios par Microsoft a été déterminante dans le découragement de Google.

À l’automne dernier, Microsoft a en effet annoncé en grande pompe l’acquisition de ZeniMax, la maison mère de Bethesda Software et de tous ses studios, pour un montant record de 7,5 milliards de dollars. Un investissement massif, qui aurait visiblement effrayé Google, alors en plein doutes sur sa capacité à livrer des jeux exclusifs suffisamment solides pour concurrencer son rival. 

Une aventure de courte durée qui, pour les sources de Kotaku, se termine de la même façon qu’elle s’est déroulée depuis un peu plus de deux ans. Manque de ressources, difficulté à obtenir du matériel et des logiciels, un management mis à mal par la pandémie… autant d’ingrédients qui, mis bout à bout, n’ont pas permis à Google de tenir ses objectifs. 

Les quelque 150 ex-employé·e·s de Stadia Games & Entertainment se sont vu promettre un nouveau poste au sein de l’organigramme Google. Mais l’entreprise rencontrerait des difficultés pour trouver un nouveau poste à tout le monde. « Google embauche d’habitude des généralistes, mais le développement de jeux vidéo requiert des compétences très spécialisées », écrit Kotaku.

Source : Kotaku

Pierre Crochart

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Monsieur GSM et jeux vidéo du Clubic. J’aime autant croquer dans la pomme que trifouiller dans les circuits de l’Android. Grassement payé par les marques pour dire du bien de leurs produits.

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Commentaires (4)

cirdan
Un tissus d’hypocrisie. Etant donné les moyens colossaux de Google, on a du mal à croire que c’est juste un problème financier. Et comme tout ce qui s’est passé avant a été plutôt chaotique, ça ressemble plus à un vrai manque de motivation.<br /> PS : Pitié pour l’écriture inclusive, même un seul mot est insupportable à lire.
Proutie66
Stadia continuera, mais Google ne sait pas faire de jeux vidéos semble til.<br /> HS :<br /> Existerait il une fonctionnalité pour lire l’auteur des articles dès la page d’accueil ?<br /> Je me rends compte haïr ce système d’écriture inclusive. Je ne suis bien sûr pas chez moi, mais si on pourrait filtrer l’auteur, afin de ne plus être dérangé, je pense que cela serait satisfaisant.
SlashDot2k19
Comme quoi avoir des milliards ne suffit pas si on n’a pas les bonnes personnes qui savent gérer de très gros projets à longs termes…
Persi
Ah ben c’est sur que le rachat de zenimax a du jouer.<br /> Avoir des exclus c’est utile si t’en a a peu pret autant que les autres et de qualités.<br /> Ils pouvent plus etre competitif sur ce terrain la avec microsoft qui en a 23 de studios maintenant.<br /> A l’inverse, avant même de vouloir être compétitif avec Sony, le but du rachat de microsoft est probablement de couper l’herbe sous le pied de google et amazon. Un studio acheté c’est surtout un studio qui sera pas acheté par un autre.
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