Live Japon: Sony, Sharp, Panasonic, résultats mitigés

08 août 2015 à 17h55
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La saison des résultats semestriels touche à sa fin au Japon où la situation des grands noms de l'électronique apparaît pour le moins contrastée, et pour tout dire pas très glorieuse dans son ensemble: si Sony affiche en apparence de solides bénéfices, il les doit en partie à des cessions de biens. Sharp est toujours ancré dans le rouge et Panasonic aurait pu mieux faire.

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Sur le papier, tout va bien: Sony a fait état il y a quelques jours d'un bénéfice net plus que triplé sur un an à 82,4 milliards de yens (607 millions d'euros) au premier trimestre de l'exercice 2015/2016. Le champion nippon de l'audiovisuel grand public a affiché un bénéfice d'exploitation de 97 milliards de yens (+39%) même si son chiffre d'affaires a perdu 0,1% à 1.808 milliards de yens.  C'est que Sony a des méthodes de calcul un peu particulières: il prend en compte dans son profit d'exploitation l'argent découlant de la vente d'une activité de logistique et de la réévaluation d'une part dans une entreprise, deux éléments non récurrents qui, en règle générale, ne devraient pas être intégrés à ce stade de l'état financier, mais hors comptes d'exploitation. Bref, il faut lire entre les lignes et en déduire que Sony n'est pas encore redevenu une entreprise à forte rentabilité, d'autant que les taux de change favorables l'ont aussi aidé.  
Les fluctuations des monnaies ainsi que la bonne santé de l'activité des composants (grâce aux capteurs de caméras) ont en effet permis de conserver un chiffre d'affaires à peu près stable en dépit d'une baisse des ventes de mobiles et de téléviseurs. Mais, "hors effet des variations des devises, les recettes de ventes auraient baissé de 7%", a reconnu Sony.

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S'il y a une chose dont Sony peut en revanche sincèrement se féliciter, ce sont les solides performances de ses divisions de jeux vidéo et contenus en ligne, avec un gain d'exploitation plus que quadruplé sur un an à 19,5 milliards de yens (144 millions d'euros) pour un chiffre d'affaires qui a augmenté de 12% à 289 milliards de yens.  La console de salon PlayStation 4 se vend bien et les coûts de production de cette "plateforme multimédia" ont été réduits. 
Le groupe continue cependant de souffrir sur le volet des mobiles et des produits audiovisuels traditionnels (comme les téléviseurs et appareils photo). Il réussit quand même à dégager des marges en proposant des modèles plus haut de gamme moins sévèrement concurrencés et en diminuant ses coûts.

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L'inventeur du légendaire baladeur Walkman, qui s'est astreint ces dernières années à une douloureuse cure de remise en forme, espère néanmoins terminer l'année sur un bénéfice net de l'ordre d'un milliard d'euros.


Son compatriote Sharp, lui, est plus pessimiste, et il y a de quoi. Le pionnier japonais des écrans à cristaux liquides (LCD), a débuté l'exercice sur d'assez mauvais auspices, avec une perte nette de 34 milliards de yens (250 millions d'euros) pour le premier trimestre, à cause d'une absence totale de rentabilité opérationnelle.

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Le groupe, à la peine depuis des années, continue de tailler des branches mal en point dans le but de renforcer le tronc. Il a ainsi annoncé vendredi qu'il n'allait plus lui-même fabriquer ses TV vendues sur le sol américain mais en céder la distribution sous license à des filiales du chinois Hisense, de même qu'une usine d'assemblage au Mexique. Parallèlement, Sharp abandonne les TV et produits électroniques en Europe afin de "concentrer ses ressources sur le Japon et le reste de l'Asie".

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Las, ces coupes sombres vont encore occasionner des frais au point qu'il lui est pour l'heure impossible d'établir des prévisions.
Durant les mois d'avril à juin, le chiffre d'affaires de Sharp a été à peu près stable, à 618 milliards de yens (4,6 milliards d'euros), malgré de moindres ventes de TV et de panneaux photovoltaïques, mais le groupe d'Osaka (ouest) a cependant subi une perte d'exploitation de 29 milliards (213 millions d'euros) . Impossible en effet de conserver des marges sur les produits grand public pour lesquels les prix baissent tandis que les diminutions de coûts ne suivent pas au même rythme, surtout pour les articles fabriqués hors du Japon et facturés en devises.

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La seule note positive vient de l'envolée des ventes de modules de caméras pour smartphones notamment, ainsi que d'une hausse des recettes tirées des écrans LCD nus de grandes dimensions. Sharp, secouru de justesse par ses banques qui sont partie prenante aux décisions stratégiques, ne désespère pas de se redresser, mais au prix d'une nouvelle cure d'amaigrissement douloureuse. Quelque 5.000 postes seront supprimés dans le monde (10% des effectifs), dont 3.500 au Japon.
Remodelé en cinq entités séparées (électronique grand public, énergie, solutions d'entreprises, composants et enfin écrans LCD), Sharp se montre quand même confiant sur son avenir grâce aux décisions prises. Il espère pour l'ensemble de cette année une remontée de ses revenus de 0,5% à 2.800 milliards de yens (21 milliards d'euros actuels) et un bénéfice opérationnel de 80 milliards.


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Panasonic, lui, est en bien meilleure posture, même si profitabilité n'a pas été excellente.
Bien que son bénéfice net au 1er trimestre ait bondi de 57%, à 59,5 milliards de yens (444 millions d'euros), cette hausse masque un recul de rentabilité. Alors que le chiffre d'affaires a progressé (certes de seulement 0,3% à 1.858 milliards de yens - contre 1.852,3 milliards un an plus tôt), le bénéfice d'exploitation a reflué de 7% à 76 milliards de yens. Des facteurs exceptionnels (absence de dépenses induites l'an passé par un rappel de produits, impôts moins lourds) ont artificiellement gonflé le résultat net.

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Panasonic peut néanmoins se targuer d'une transition réussie vers l'offre de produits professionnels au détriment des appareils grand public.  L'ex-Matsushita Electric Industrial est désormais davantage un spécialiste des équipements pour l'habitat et l'automobile qu'un groupe d'électronique grand public. Il n'est plus un concurrent frontal de Sony et ne subit ainsi plus autant la concurrence infernale qui sévit sur les produits audiovisuels comme les téléviseurs. Panasonic est ainsi numéro un mondial des systèmes de divertissement embarqués dans les avions de ligne et un ambitieux fournisseur d'équipements pour le secteur de la santé, a conservé intactes ses prévisions annuelles.

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Ce sont les composants pour voitures et les systèmes industriels qui lui sauvent la mise et des gains de change qui compensent la faiblesse des ventes de produits électroménagers au Japon freinées par une hausse de trois points (à 8%) de l'équivalent de la TVA française
Toutes activités confondues, Panasonic espère pour cette année un chiffre d'affaires de 8.000 milliards de yens et continue de penser que son gain d'exploitation annuel va progresser de 13%.
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