James Webb : la nébuleuse d'Orion héberge du méthyl cation... Explications !

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
28 juin 2023 à 18h15
11
Quelle peinture, quand même, cette nébuleuse d'Orion ! Le JWST permet de la voir comme elle n'avait encore jamais été détaillée © ESA / Webb, NASA, CSA, M. Zamani (ESA/Webb), the PDRs4All ERS Team
Quelle peinture, quand même, cette nébuleuse d'Orion ! Le JWST permet de la voir comme elle n'avait encore jamais été détaillée © ESA / Webb, NASA, CSA, M. Zamani (ESA/Webb), the PDRs4All ERS Team

La liste des découvertes que l'on doit au télescope James Webb s'allonge encore. Cette fois, c'est une équipe française qui a réussi pour la première fois à détecter l'ion CH3+ autour d'une étoile de la nébuleuse d'Orion. Un exploit technique, pour une molécule à la racine de la chimie organique, selon le CNRS.

C'était un peu l'aiguille dans la botte de foin.

Le cation compagnon

La possibilité de découvrir des concentrations d'ions CH3+ dans l'univers qui nous entoure est largement théorisée. Mais jusqu'à ce que le télescope James Webb commence sa campagne scientifique, il était virtuellement impossible de détecter cette molécule. Et même pour le JWST, il faut l'instrument MIRI, qui fonctionne dans l'infrarouge moyen, pour disposer de la bonne bande d'absorption.

Ce n'était alors qu'un petit pic sur quelques graphes de données, resté élusif jusqu'à ce qu'une équipe dirigée par Olivier Berné (IRAP Toulouse) arrive à montrer qu'il est bien présent, autour d'un jeune système planétaire nommé d203-506, à 1 350 années-lumière de chez nous, dans la nébuleuse d'Orion.

Une « racine » de la chimie organique

CH3+, que les chimistes et les astrophysiciens appellent généralement par son petit nom méthyl cation, était jusqu'à aujourd'hui une rareté cosmique amplement recherchée. Elle pourrait être cruciale dans l'apparition de la vie extraterrestre. En effet, les modèles théoriques expliquent que c'est grâce à CH3+ que de nombreuses molécules organiques complexes peuvent voir le jour dans un environnement tel qu'un système planétaire jeune. Cela tombe bien, puisque d203-506 est un disque protoplanétaire en formation.

Selon l'équipe d'Olivier Berné, l'apparition de suffisamment d'ions CH3+ pour être détectés par le James Webb est dû au rayonnement ultraviolet intense qui provient d'autres étoiles proches. La découverte fait l'objet d'un article paru dans la prestigieuse revue à comité de lecture Nature lundi 26 juin.

Notez bien, ce n'est pas non plus le système planétaire qui sautait aux yeux © ESA / Webb, NASA, CSA, M. Zamani (ESA/Webb), the PDRs4All ERS Team
Notez bien, ce n'est pas non plus le système planétaire qui sautait aux yeux © ESA / Webb, NASA, CSA, M. Zamani (ESA/Webb), the PDRs4All ERS Team

Affaire à suivre !

Il faut souligner que le système planétaire en question a des relevés bien différents des « traditionnelles » mesures, notamment avec une absence de molécules d'eau.

À présent, des mesures supplémentaires ainsi que la détection d'autres systèmes similaires sont à prévoir sur la durée, également pour tenter les mécanismes d'interaction avec les rayonnements ultraviolets des systèmes voisins. Mais pour l'instant, tout repose sur le James Webb, le seul à pouvoir prendre les bonnes mesures…

Source : CNRS

Eric Bottlaender

Spécialiste espace

Spécialiste espace

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

Lire d'autres articles

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

Lire d'autres articles
Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ? Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
google-news

A découvrir en vidéo

Rejoignez la communauté Clubic S'inscrire

Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.

S'inscrire

Commentaires (11)

Felaz
Merci pour cette explication simple d’un phénomène compliqué
Caramel34
Ce télescope ne cesse de m’impressionner !
nicgrover
Après le méthyl cation les expli cations faciles à comprendre.<br /> Merci M Eric
superjoy
Et espérons que ce ne soit que le début!!
JulienBache
Super article encore. C’est marrant pour un site scientifique de ne pas mettre le 3 en indice et le + en exposant…
EricARF
Cation, c’est la marque du méthyl?
ebottlaender
On n’est pas vraiment un site purement scientifique, mais en demandant gentiment (sans le sarcasme la prochaine fois ?), on peut avoir quelques résultats.<br /> C’est modifié (à noter que sur le site du CNRS ils galèrent aussi avec l’exposant).
Pck
@Eric Bien vu le coup de l’exposant sur le site du CNRS… Ceci dit, sans sarcasmes, en ce moment, c’est « galère » avec les « polices » de « caractères »…<br /> Plus sérieusement, c’est de l’algorithme, de l’IA, du génie ou du coup de bol pour faire une telle découverte dans ce « système planétaire qui ne sautait pas aux yeux » ???<br /> Comment font ils ? Cela mérite un prix Nobel ou c’est leur job de tous les jours?
ebottlaender
Il y a de l’algorithme pour la recherche initiale (ce sont des courbes, il faut retrouver une raie d’émission à une fréquence particulière), mais ensuite c’est leur travail de l’analyser (bruit de mesure, localisation, mesures complémentaires etc).<br /> Ce n’est pas nécessairement digne d’un prix Nobel en soi, mais c’est une découverte qui était très attendue… En particulier avec les données du JWST, qui est le seul télescope à offrir un instrument capable de le faire !
Pck
@Eric merci pour ces explications.<br /> Pour le fun: cela me rappelle Tintin (l’étoile Mystérieuse) et son professeur Calys avec ses raies de Radium… Pourvu que ce ne soit pas aussi une erreur de calcul
Howely
Avec 1 mois de retard<br /> Je ne suis pas scientifique, je ne suis pas chiant (et je ne suis pas complotiste) et de manière générale je n’y connais pas grand chose en espace mais comment savoir qu’un truc que l’on ne voit que par des analyses de photos (je résume grossièrement mais au final le TS ne fait que «&nbsp;voir&nbsp;») est bien ce que l’on cherche.<br /> Ne peut-on pas imaginer que ce que l’on «&nbsp;voit&nbsp;» est quelque chose que nous ne connaissons pas (mais qui se rapprocherait tellement qu’il y aurait confusion). C’est tellement loin, tellement inconnu que j’ai du mal avec l’idée d’une certitude qui du coup ressemblerait un peu trop à auto-humano-expérienco-centrée.<br /> Voilà je pose ça là
Voir tous les messages sur le forum
Haut de page

Sur le même sujet