La NASA n'a pas trop aimé le petit marchandage de Blue Origin pour la mission lunaire (attribuée à SpaceX)

Mathilde Rochefort
Publié le 05 octobre 2021 à 11h43
© Blue Origin
© Blue Origin

En pleine débâcle judiciaire avec Blue Origin concernant l’attribution du contrat d’alunisseur à SpaceX pour le programme Artemis, la NASA accuse la firme de Jeff Bezos de s’y être mal prise pour parvenir à ses fins. 

Au départ, trois entreprises étaient en lice pour obtenir ce contrat : SpaceX, Blue Origin et Dynetics. L’Agence spatiale a finalement choisi l’entreprise d’Elon Musk en invoquant notamment des raisons financières, car le Congrès a attribué un budget bien en dessous de ce que la NASA avait demandé pour mettre en œuvre son programme Artemis, qui prévoit de ramener des humains sur la Lune dès 2024. 

Blue Origin cible les examens pré-lancement

La décision de la NASA n’a pas du tout été appréciée par Blue Origin, qui a développé son alunisseur Blue Moon en collaboration avec des géants historiques du secteur, comme Lockheed Martin ou encore Northrop Grumman. En conséquence, la firme a déposé un recours auprès du Government Accountability Office (GAO), équivalent de la Cour des comptes en France, en attestant que le choix de la NASA était loin d’être impartial. 

Si l’organisme s’est rangé du côté de l’Agence spatiale concernant la majorité des arguments avancés par Blue Origin et rejeté le recours de l’entreprise, celui-ci a tout de même affirmé que certains points du contrat n’étaient pas en accord avec les directives premières de la NASA. C’est notamment le cas des examens de sécurité à réaliser avant chaque lancement : SpaceX prévoit 16 décollages au total, mais la NASA ne devrait réaliser que trois examens après négociations entre les deux parties. 

Blue Origin a donc sauté sur l’occasion pour saisir la justice et déposé plainte auprès d’un tribunal fédéral. La société déclare ainsi que SpaceX a été avantagée par la NASA, et se sert spécifiquement de l’argument des examens pré-lancements pour se justifier. « Ce n'est pas ce que SpaceX a proposé, ce n'est pas dans l'architecture finale, et c'est là le problème. Pour Blue Origin, et je pense plus largement pour toute notre industrie, c'est un sérieux problème de sécurité », a déclaré Megan Mitchell, Vice-présidente des relations avec le gouvernement chez Blue Origin. 

Pour la NASA, Blue Origin a mal joué le coup et tente désormais le tout pour le tout

Tandis que SpaceX assure qu’un examen sera réalisé par ses soins avant chaque lancement, comme « pour chaque lancement opérationnel et chaque vol d'essai », la NASA accuse Blue Origin d’avoir utilisé une tactique trop brutale pour son alunisseur et de rattraper son erreur comme elle peut. En effet, l’entreprise a proposé un contrat de 5,9 milliards de dollars (contre 2,9 milliards pour SpaceX) à la NASA, en espérant que cette dernière entamerait des négociations pour faire baisser les enchères. Dans un document officiel obtenu par le média The Verge et étayant sa défense, l’Agence spatiale américaine déclare : 

« [Blue Origin] a émis une hypothèse sur le budget pour le Human Landing System (Ndlr : l’alunisseur du programme Artemis) de l'Agence, a construit sa proposition en tenant compte de ce chiffre, et a également fait séparément un pari calculé que si la NASA ne pouvait pas se permettre le prix initialement proposé par Blue Origin, l'Agence sélectionnerait tout de même Blue Origin pour l'attribution du contrat et s'engagerait dans des négociations post-sélection pour lui permettre de baisser son prix. Toutes ces hypothèses étaient incorrectes. Réalisant maintenant qu'elle a joué et perdu, Blue Origin cherche à utiliser la fonction de surveillance de l'approvisionnement du GAO pour contraindre de manière inappropriée la NASA à subir les conséquences de ses choix mal conçus de Blue Origin ». 

Alors que le contrat accordé à SpaceX est en suspens le temps que l’affaire soit réglée, les conséquences de celles-ci sont déjà lourdes, puisque l’emploi du temps du programme Artemis est particulièrement serré. La fin du procès devrait avoir lieu le 1er novembre prochain et pourrait mener, en cas de victoire de Blue Origin, à la fin du partenariat entre la NASA et SpaceX et à un renouvellement de la compétition pour développer l’alunisseur… ce qui entraînerait un retard conséquent sur le programme. 

Source : The Verge 

Mathilde Rochefort
Par Mathilde Rochefort

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Commentaires (10)
jeanlain

« Martin Lockheed » ?
Vous savez que ça n’est pas le nom d’une personne, et que l’entreprise se nomme « Lockheed Martin » ? :grin:

Palou

Glenn L. Martin et Allan and Malcolm Lockheed étaient bien les créateurs, donc pas tout à fait faux :wink:

jeanlain

Bah si, c’est faux.
Quel que soit le nom des créateurs, le nom de l’entreprise est « Lockheed Martin », et pas l’inverse :expressionless:

A moins que l’article ne fasse mention des créateurs de l’entreprise. Mais vu que l’un est mort 1958, l’autre en 1955 … j’en doute :laughing:

Ca n’est pas parce que messieurs Pernod et Ricard sont les 2 personnes à l’origine des 2 sociétés majeures du groupe « Pernod Ricard » que l’on peut appeler celui-ci « Ricard Pernod »

Palou

c’est bien pour ça que j’ai écrit « pas tout à fait »
(mais ce n’est pas le sujet de l’article) :wink:

_Troll

En lisant cet article, je prendrais bien un double ricard, ou a defaut un ricard double d un pernod.

Drifter35

En même temps on n’a rien à foutre sur la Lune ou Mars… Des milliards gâchés qui pourraient servir dans des projets spatiaux scientifiquement plus intéressants.

vodnok

Oui c’est vrai que la conquête spatial depuis son commencement n’a jamais été utile pour le développement de technologies utilisées aujourd’hui sur la terre.

Ludwig_Hemmer

C’est une affirmation complètement fausse ! Au contraire la conquête spatiale a grandement servi l’émergence de multiples technologies dans tout les domaines : agriculture, production , environnement , santé, construction, connaissance de notre univers.

vodnok

Mon commentaire était ironique :wink: en réponse à Drifter35

cyrano66

Il faut y voir le début de la colonisation d’autres mondes.

L’expansion c’est dans la nature humaine.

Et Au vue de la courbe démographique et la manière dont on traite notre planète il va falloir trouver une solution de repli un jour ou l’autre.

TRAPPIST-1d et 1e sont encore un peu loin pour aller si promener et vérifier si on peut y foutre le merdier habituel.
faut bien commencer par quelque chose.