L'Allemagne veut empêcher le déploiement de la nouvelle politique de confidentialité de WhatsApp

12 mai 2021 à 12h21
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© Unsplash / Rachit Tank
© Unsplash / Rachit Tank

Alors que la nouvelle politique de confidentialité de WhatsApp entrera en vigueur ce 15 mai, le régulateur de la ville de Hambourg a ordonné à Facebook, à travers un décret, de ne pas traiter les données provenant des utilisateurs de WhatsApp allemands.

Au début de l’année, l’annonce de la nouvelle politique de la messagerie a provoqué un véritable tollé, notamment car elle inclut le partage de certaines données utilisateurs avec Facebook, la maison mère de WhatsApp. La situation a été telle que la firme a dû repousser sa mise en place de plusieurs mois. À partir du 15 mai, les usagers qui n’acceptent pas ces conditions verront leurs fonctionnalités cesser de fonctionner au fil des semaines pour finalement ne plus pouvoir utiliser l’application. 

Une nouvelle politique de confidentialité illégale, selon l’Allemagne

Selon le commissaire à la protection des données et à la liberté d'information de Hambourg, qui est habilité car le siège allemand de Facebook se trouve dans cette même ville, le non-choix proposé aux utilisateurs et la collecte de données qui va être opérée par la plateforme sont une violation directe du RGPD. Pour rappel, de nombreuses personnes ont peiné à saisir les contours de la politique de confidentialité, engendrant beaucoup de confusion chez les utilisateurs. Le commissaire ne manque pas de le rappeler dans son communiqué : « Le contenu est trompeur et présente des contradictions considérables. Même après une analyse approfondie, les conséquences de l'approbation pour les utilisateurs ne sont pas claires. »

« L'enquête sur les nouvelles dispositions a montré qu'elles visent à étendre encore davantage le lien étroit entre les deux entreprises afin que Facebook puisse utiliser les données des utilisateurs de WhatsApp à ses propres fins à tout moment. Dans les domaines de l'amélioration des produits et de la publicité, WhatsApp se réserve le droit de transmettre des données à des entreprises de Facebook sans avoir besoin d'un autre consentement des personnes concernées » continue le régulateur, qui assure qu’« aucune base légale » ne permet à la messagerie d’appliquer sa nouvelle politique.

L’Inde est également en train d’enquêter sur ces pratiques tandis que l’agence de protection des données italienne a demandé, dès le mois de janvier, davantage de transparence de la part de WhatsApp. 

WhatsApp ne compte pas respecter la demande du régulateur

« Le décret vise à sauvegarder les droits et libertés des millions d'utilisateurs qui approuvent les conditions d'utilisation dans toute l'Allemagne [...]. Les scandales liés à la protection des données de ces dernières années, de "Cambridge Analytica" à la fuite de données récemment révélée qui a touché plus de 500 millions d'utilisateurs de Facebook, montrent l'étendue et les menaces du profilage de masse. Cela concerne les droits fondamentaux, mais aussi la possibilité d'utiliser le profilage pour influencer les décisions des électeurs afin de manipuler les processus décisionnels démocratiques » a déclaré Johannes Caspar, commissaire à la protection des données et à la liberté d'information de Hambourg.

Introduit en urgence, le décret sera valable pour une durée de trois mois. Le commissaire compte néanmoins s’associer au Comité européen de la protection des données afin que l’Union européenne s’allie et agisse sur la question de manière groupée en faisant appliquer le RGPD.

La situation ne semble pas vraiment inquiéter WhatsApp. Un porte-parole de la plateforme a nié les allégations en faisant bien comprendre qu’elle ne respecterait probablement pas le décret : « Notre récente mise à jour explique les options dont disposent les gens pour envoyer un message à une entreprise sur WhatsApp et fournit davantage de transparence sur la façon dont nous collectons et utilisons les données. Les allégations du commissaire de Hambourg étant erronées, le décret n'aura aucune incidence sur la poursuite du déploiement de la mise à jour. Nous restons pleinement engagés à fournir des communications sécurisées et privées pour tout le monde. »

Après le tollé suscité par la mise à jour des conditions d’utilisation de WhatsApp, beaucoup d’internautes se tournent vers des solutions alternatives. Mais les plus connues d’entre elles ne changent pas forcément le problème. Et si c’était l’occasion d’essayer des messageries instantanées d’un nouveau genre, plus anonymes et surtout résolument décentralisées ?
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Commentaires (2)

Grebz
J’en pense que si l’Europe avait une colonne vertébrale solide, ils diraient à Facebook «&nbsp;Voilà nos règles, elles sont comme ça et pas autrement, si ça ne vous convient pas, vos applications seront bloquées&nbsp;». Et point barre.<br /> Et je suis sûr que là, comme par magie, Facebook céderait. Ça m’étonnerait qu’ils puissent se passer de l’Europe entière.<br /> Et puis c’est pas comme si Facebook, Instagram ou WhatsApp étaient indispensables à nos vies. Je pense qu’on arriverait à survivre sans eux.
Styxou
La question peut très bien se régler aussi devant des juridictions nationales et européennes.<br /> Par ailleurs, bien qu’étant un fervent défenseur des institutions de l’UE, je pense qu’il ne faut pas tout attendre d’elles. Les citoyens peuvent agir d’eux-mêmes et arrêter d’utiliser ces applications et services, les alternatives sont aujourd’hui nombreuses.
Grebz
«&nbsp;Les citoyens peuvent agir d’eux-mêmes&nbsp;» : oui, ils peuvent, et certains le feront, mais ce sera une infime minorité, faut pas rêver.
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