Google, l'alchimiste du Web
Devenu numéro un mondial de la recherche en ligne grâce à un moteur efficace et redoutablement sobre, Google est parvenu à transformer le concept de liens sponsorisés mis au point par Overture - désormais propriété de ! - en une incroyable manne financière, qui compte aujourd'hui pour plus de 90% des revenus réalisés par Google.
Août 2004 : Google se lance en bourse, avec un titre dont le cours nominal s'établit à 85 dollars. L'action GOOG se négocie aujourd'hui aux alentours de 525 dollars, soit une capitalisation boursière de quelque 160 milliards de dollars. A titre de comparaison, Microsoft pèse aujourd'hui un peu plus de 300 milliards de dollars, soit deux fois plus que la firme de Mountain View, tandis que Yahoo! atteint tout juste une valorisation de 40 milliards de dollars. En 2006, les revenus de Google ne s'élevaient pourtant qu'à dix milliards de dollars, avec un bénéfice net s'établissant toutefois à plus de trois milliards de dollars !
Initialement dédié à la recherche en ligne, Google a au fil des années étendu ses domaines de compétence. Tout en améliorant sans cesse les dispositifs publicitaires qui lui permettent de générer des revenus et l'infrastructure technique grâce à laquelle elle indexe jour après jour des milliards de pages Web, la firme s'est progressivement tournée vers des secteurs comme l'actualité ou la géolocalisation, sans parler d'ambitieux objectifs comme celui de la constitution d'une bibliothèque numérique des savoirs avec le controversé Google Books.
Hégémonique Google ?
Cette volonté d'expansion doit-elle laisser craindre le pire ? Celle qui fut un temps l'icône de toute la génération Web ne lasse pas aujourd'hui d'inquiéter, en dépit de la devise initiale formulée par ses fondateurs : « Don't be evil ». Des services comme Gmail ou ceux proposés par DoubleClick font planer certains doutes sur la politique de Google en matière de respect des données qui lui sont confiées par les internautes, au point que la firme de Mountain View essaie aujourd'hui de se positionner comme le chantre de la confidentialité des informations personnelles.

De son côté, YouTube suscite moult critiques de la part des éditeurs, diffuseurs et distributeurs de contenus, qui n'apprécient pas de voir le fruit de leurs investissements librement manipulés par les internautes sans que leur soient versés les moindres subsides ou compensations pour l'exploitation de leur propriété.
Régulièrement attaqué en justice, YouTube pourrait finir par coûter bien plus cher à Google que les 1,65 milliard de dollars ayant servi à son acquisition. Ajoutons à cela le fait que les revenus de la firme de Mountain View repose presque exclusivement sur la publicité : ce marché a aujourd'hui le vent en poupe, mais qui sait de quoi demain sera fait ?
De jeune pousse innovante, symbole de la vivacité du Web, Google est aujourd'hui devenu un colosse dont les visées oecuméniques inquiètent. Un colosse fermement campé sur ses bases, doté d'un important trésor de guerre, mais dont les ressources dépendent d'un marché publicitaire qui n'est pas à l'abri d'importantes fluctuations...