La France, par le biais de l'État, se propose de racheter l'activité « Advanced Computing » d'Atos. L'entreprise a indiqué, lundi, avoir reçu une offre ferme, proche du demi-milliard d'euros.

Le géant technologique français Atos vient de recevoir une offre qui pourrait redessiner son avenir. Valorisé à plus de 10 milliards d'euros au plus fort de son activité, le groupe a traversé une crise financière majeure en 2024, avant de se restructurer avec ses créanciers. L'État français met aujourd'hui 410 millions d'euros sur la table pour s'emparer d'une partie cruciale de ses activités de calcul avancé, et sécuriser ses supercalculateurs. Une manœuvre qui confirme l'intérêt stratégique de Paris pour les technologies sensibles. Mais Atos tient à exclure du deal ses activités d'intelligence artificielle.
Atos négocie la vente de joyaux technologiques avec l'État
Dans le détail, l'offre ferme de l'État français cible spécifiquement l'activité « Advanced Computing » d'Eviden, la filiale d'Atos, qui continue d'innover. Cette division regroupe le calcul haute performance (HPC), l'informatique quantique et le « Business Computing & Intelligence Artificielle ». On parle d'un périmètre technologique stratégique qui génère actuellement 800 millions d'euros de chiffre d'affaires chaque année.
Sur les 410 millions d'euros proposés par l'État, 110 millions sont conditionnels aux performances de rentabilité. Ces compléments de prix se répartissent entre 50 millions pour 2025 (payables à la clôture), et 60 millions pour 2026. Les incertitudes du marché transparaissent ici, tout en sécurisant une valorisation juste, d'après l'expert indépendant mandaté par le conseil d'administration d'Atos.
Les négociations devraient aboutir à une signature dans les prochaines semaines, pour une finalisation prévue courant 2026. Voilà qui devrait laisser le temps aux autorités de régulation d'examiner cette acquisition sensible. L'État français consolide, de son côté, sa position dans les technologies critiques, ce qui reste très important, notamment face aux enjeux de souveraineté numérique européenne et de défense.
Vision AI : l'atout gardé par Atos
Il y a tout de même une surprise ! Atos dit conserver ses activités Vision AI, pourtant initialement incluses dans le périmètre de vente. Ces technologies d'analyse vidéo enrichie par l'IA représentent plus d'un tiers de la marge opérationnelle du secteur Advanced Computing. Atos garde donc des ambitions dans l'intelligence artificielle appliquée.
Basées au Royaume-Uni via sa filiale Ipsotek (acquise en 2021), ces capacités Vision AI vont carrément constituer une nouvelle division autonome du groupe. Atos mise sur ces solutions pour renforcer son positionnement sur les marchés de la sécurité, de l'inspection industrielle et de la surveillance. Des secteurs en pleine expansion, où l'IA transforme radicalement les usages.
Atos veut se concentrer sur l'IA, la cybersécurité et les données, trois piliers technologiques d'avenir. En gardant Vision AI, le groupe conserve un atout majeur pour proposer des solutions intégrées à plus forte valeur ajoutée.