C'est une décision de justice qui va très certainement rester dans les anales, non seulement pour Tesla, mais aussi pour le reste de l'industrie naissante des véhicules autonomes.
- Un jury en Floride a jugé Tesla partiellement responsable d'un accident mortel avec l'Autopilot, infligeant 329 millions de dollars d'amende.
- L'accident a impliqué un Model S percutant un SUV, causant un décès et des blessures graves à un survivant.
- Cette décision pourrait avoir des répercussions majeures sur l'industrie des véhicules autonomes, malgré l'appel prévu par Tesla.
Dans l'État de la Floride, un jury a estimé, ce vendredi 1er août, que Tesla était partiellement responsable d'un accident mortel impliquant un Model S avec l'Autopilot activé. Le constructeur de voitures électriques est condamné à verser un total de 329 millions de dollars de dommages et intérêts, dont une partie aux victimes et au survivant du crash.
L'Autopilot en cause
Le drame s’est produit le 25 avril 2019. George McGee, cadre dans la finance, regagnait son domicile au volant de sa Tesla tout en échangeant avec une compagnie aérienne. Son téléphone a subitement glissé de ses mains : alors qu'il se penchait pour le récupérer, il ne s'est pas rendu compte qu'il s'approchait dangereusement d'une intersection.
Le véhicule a continué sa course sans ralentir et percuté violemment un SUV garé sur le bas-côté. L’impact, survenu à plus de 110 km/h, a été fatal pour Naibel Benavides, 22 ans, dont le corps sera retrouvé projeté à plus de vingt mètres. Son compagnon, Dillon Angulo, a survécu, mais avec de lourdes séquelles physiques et psychologiques.
La famille de Benavides, ainsi que le survivant, ont intenté des poursuites contre Tesla. Car selon eux, l’Autopilot, le système de conduite assistée activé au moment des faits, aurait dû détecter l’obstacle et enclencher un freinage d’urgence ou avertir le conducteur. « J'ai trop fait confiance à la technologie. J'ai cru que si la voiture voyait quelque chose devant elle, elle émettrait un avertissement et freinerait », a regretté ce dernier lors du procès.
Et l’affaire dépasse la simple défaillance technique. Les avocats pointent du doigt les messages répétés d’Elon Musk, qui aurait exagéré la fiabilité de l’Autopilot, affirmant qu’il surpassait la conduite humaine. Une communication jugée dangereuse, car elle aurait incité des automobilistes à accorder une confiance aveugle au système.
L'industrie entière concernée
De son côté, le constructeur a assuré rappeler fréquemment que les conducteurs doivent garder leurs mains sur le volant constamment. Mais cette défense n'a visiblement pas suffi, donnant à cette affaire une autre dimension.
Car c'est l'une des premières décisions juridiques majeures concernant la technologie d'assistance à la conduite qui va à l'encontre de Tesla. L'industrie automobile a logiquement suivi l'évolution des choses de près, car si la responsabilité de l'entreprise est reconnue malgré l'aveu d'un comportement imprudent de la part du conducteur, ce qui a été le cas, cela pose des risques juridiques importants pour toutes les entreprises qui développent des voitures de plus en plus autonomes.
« Cela va ouvrir les vannes et encourager de nombreuses personnes à se présenter devant les tribunaux », estime Miguel Custodio, un avocat spécialisé dans les accidents de voiture. « Le verdict d'aujourd'hui est erroné et ne fait que retarder la sécurité automobile et compromettre les efforts de Tesla et de l'ensemble de l'industrie pour développer et mettre en œuvre des technologies qui sauvent des vies. Nous prévoyons de faire appel compte tenu des erreurs de droit substantielles et des irrégularités commises lors du procès », a réagi Tesla.
C'est un coup de massue pour la firme d'Elon Musk, qui mise gros sur ses taxis autonomes alors que ses ventes sont en chute libre.
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