Sept ans après que le scandale Cambridge Analytica a éclaté, le spectre de cette terrible affaire continue de planer sur Meta. Cette semaine, ceux qui dirigeaient la firme à l'époque témoignent lors d'un procès explosif, intenté par ses actionnaires eux-mêmes.

- Sept ans après le scandale Cambridge Analytica, Meta fait face à un procès intenté par ses actionnaires.
- Les dirigeants, dont Zuckerberg, sont accusés d'avoir négligé la confidentialité des données pour des gains financiers.
- Le procès vise à déterminer la responsabilité des dirigeants dans les manquements ayant coûté 8 milliards de dollars.
Souvenez-vous. En 2018, plusieurs enquêtes ont révélé que la société de conseil politique Cambridge Analytica avait illégalement accédé aux données personnelles de millions d’utilisateurs de Facebook sans leur consentement. Elle a ensuite exploité ces informations pour influencer l’élection présidentielle américaine de 2016 en faveur de Donald Trump. L'affaire a provoqué une crise majeure pour le réseau social, soulevant des inquiétudes massives sur la confidentialité des données.
Et si l'entreprise a d'ores et déjà fait face à la justice à plusieurs reprises, elle n'est pas encore totalement sortie d'affaire : ses actionnaires en veulent spécifiquement aux dirigeants.
De très grands noms de la Silicon Valley impliqués
Ce procès civil vise évidemment Mark Zuckerberg, ainsi que plusieurs anciens cadres de Facebook, dont l'ex-directrice des opérations Sheryl Sandberg, le capital-risqueur et membre du conseil d'administration Marc Andreessen et les anciens membres du conseil d'administration Peter Thiel et Reed Hastings. Il s'agit-là de noms très réputés au sein de la Silicon Valley.
Les plaignants ne ciblent pas Meta directement, ils réclament plutôt aux dirigeants d’indemniser l’entreprise à hauteur de plus de 8 milliards de dollars, soit le coût total des sanctions et frais juridiques encourus à la suite du scandale. Cela comprend, entre autres, une amende record de 5 milliards de dollars infligée par la Federal Trade Commission (FTC), régulateur antitrust américain, en 2019.
Concrètement, l’objectif du procès est de déterminer si les dirigeants ont failli à leur devoir de surveillance et s’ils ont sciemment violé la loi pour privilégier les intérêts financiers du groupe.

Les mis en cause nient en bloc
Car selon les actionnaires, les manquements mis en lumière par l'affaire ont été validés, voire orchestrés, par Zuckerberg lui-même, ce qui constitue une violation flagrante de ses obligations légales. Ils pointent notamment du doigt une opération financière suspecte : le P.-D.G aurait vendu des actions juste avant l’éclatement du scandale, engrangeant plus d’un milliard de dollars de profits.
Des allégations balayées par la défense, qui assure que cette initiative a été réalisée via un plan préétabli justement destiné à éviter les soupçons de délit d’initié. Les mis en cause expliquent avoir tenté de respecter leurs engagements en matière de confidentialité avec, par exemple, la mise en place d'équipes dédiées à la conformité. D'après leurs avocats, Facebook a été la victime, et non le complice, de Cambridge Analytica.
Le procès, qui se déroule dans l'État du Delaware, devrait durer huit jours. Les anciens dirigeants et Mark Zuckerberg étant tous contraints de témoigner, nous ne sommes pas à l'abri de nouvelles révélations sur cette affaire historique pour la tech américaine.
Source : Reuters