C’était loin d’être gagné, mais c’est presque fait. Porté par la fin de support imminente de Windows 10, Windows 11 vient enfin d’égaler, voire de dépasser son prédécesseur dans plusieurs pays. Un changement de paradigme tardif, qui ne signe pourtant pas la fin du casse-tête pour Microsoft.

Ça y est ! Quatre ans après son lancement, Windows 11 rattrape enfin Windows 10. © Microsoft
Ça y est ! Quatre ans après son lancement, Windows 11 rattrape enfin Windows 10. © Microsoft
L'info en 3 points
  • Windows 11 atteint presque la parité avec Windows 10, grâce à la fin de support imminente de ce dernier.
  • Microsoft propose des mises à jour gratuites pour Windows 10, mais sous conditions, incitant à passer à Windows 11.
  • Malgré des chiffres encourageants, Windows 11 peine à convaincre, avec des exigences matérielles et des bugs persistants.

Le lancement de Windows 11, en octobre 2021, s’annonçait ambitieux : nouveau design, promesse de performances optimisées, intégration poussée avec les puces ARM et les usages modernes. Mais la réalité s’est vite révélée plus contrastée. Entre des exigences matérielles drastiques et une adoption molle, l’OS a longtemps peiné à s’imposer. Quatre ans plus tard, la tendance s’inverse enfin. Selon les dernières données publiées par StatCounter pour juin 2025, Windows 11 atteint 47,98 % de parts de marché dans le monde, talonnant Windows 10 à 48,76 %. Un écart de moins d’un point, quasi comblé après une progression spectaculaire de +4,76 points en un mois.

Un coup d’accélérateur… sous contrainte

Sans grande surprise, le bond du mois de juin coïncide avec la fin de support imminente de Windows 10, prévue pour octobre 2025. Pour accompagner cette échéance, Microsoft a annoncé que les particuliers auront droit à une année de mises à jour de sécurité gratuites, à condition de synchroniser leurs données dans le cloud, de dépenser 1 000 points Microsoft Rewards ou de payer 30 dollars.

Une mesure présentée comme un coup de pouce, mais, soyons lucides, tout sauf désintéressée, puisque l’accès gratuit au support dépend d’une adhésion, même minimale, aux services maison. Et si certains y verront un moyen de prolonger la vie de leur machine, d’autres préféreront peut-être passer à Windows 11 plutôt que de se plier à ces nouvelles contraintes.

Car si la progression de l’OS s’accélère, elle n’est certainement pas le fruit d’un engouement soudain. Windows 11 prospère surtout parce qu’il s’impose sur les machines compatibles, sans option durable pour faire marche arrière, et qu'il est préinstallé sur les nouveaux PC. Une dynamique moins choisie que dirigée, qui reflète avant tout la stratégie de Microsoft.

Un pari presque gagné, alors que le seuil symbolique de parité est déjà franchi dans plusieurs pays comme les États-Unis (54,68 %), le Royaume-Uni (58,94 %) ou le Canada (51,55 %), où Windows 11 est désormais majoritaire. En France, la tendance reste plus mesurée, mais bien engagée : 41,07 % de parts de marché pour Windows 11, contre 54,94 % pour Windows 10. Une adoption progressive, toujours dépendante de la compatibilité matérielle… et sans doute freinée, aussi, par une lassitude bien palpable face à ce que beaucoup perçoivent comme une migration forcée.

Évolution des parts de marché des versions de Windows dans le monde, de juin 2024 à juin 2025. La progression de Windows 11 épouse presque parfaitement la décroissance de Windows 10. De quoi confirmer que les utilisateurs et utilisatrices sont largement restés dans l’écosystème Windows, sans migrer vers un OS concurrent. © StatCounter
Évolution des parts de marché des versions de Windows dans le monde, de juin 2024 à juin 2025. La progression de Windows 11 épouse presque parfaitement la décroissance de Windows 10. De quoi confirmer que les utilisateurs et utilisatrices sont largement restés dans l’écosystème Windows, sans migrer vers un OS concurrent. © StatCounter

Des dizaines de millions d’appareils toujours sur le quai

Désormais installé sur 1,4 milliard de PC, Windows 11 progresse, c’est un fait. Mais à y regarder de plus près, ces chiffres encourageants pour Redmond ne suffiront certainement pas à enterrer définitivement Windows 10.

D’abord, parce que le matériel ne suit toujours pas dans de très nombreux cas. Microsoft n’ayant jamais transigé sur les exigences minimales de Windows 11, sans puce TPM 2.0 ou processeur suffisamment récent, des millions de machines resteront de fait sur le carreau. Et sur ce point, pas sûr que la fin de vie de Windows 10 soit un argument suffisamment solide pour pousser leur propriétaire à benner un PC encore parfaitement fonctionnel. En témoigne Windows 7, qui dépasse encore aujourd’hui les 2 % de parts de marché, ou, dans une moindre mesure, Windows XP et ses 0,43 % de pdm en juin 2025.

Ensuite, parce que l’OS lui-même peine encore à convaincre. Dans un long billet de blog, la firme a une nouvelle fois insisté sur les bénéfices annoncés des machines compatibles avec Windows 11 : sécurité renforcée par défaut (TPM 2.0, virtualisation, Smart App Control), mises à jour plus rapides, performances jusqu’à 2,3 fois supérieures à Windows 10 (ben voyons), baisse de 62 % des incidents de sécurité et trois fois moins d’attaques sur le firmware. Sur le papier, c’est bien joli, mais dans les faits, les dysfonctionnements répétés finissent par peser sur l’expérience utilisateur : lenteurs, bugs d’interface, comportement erratique de certaines fonctionnalités… Autant de problèmes que la mise à jour 24H2 n’a parfois fait qu’exacerber.

Bref. En dépit des résultats prometteurs de ce mois-ci, la transition ne sera donc ni rapide ni homogène. Une partie du parc migrera certes vers Windows 11 parce qu’elle le peut, l’autre s’accrochera à Windows 10 aussi longtemps que possible, avec ou sans mises à jour. De quoi relativiser le narratif officiel, qui continue de présenter Windows 11 comme une masterpiece de sécurité et de technique.

  • Refonte graphique de l'interface réussie
  • Snap amélioré
  • Groupes d'ancrage efficaces
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