Microsoft propose de séparer Teams de ses suites Office 365 et Microsoft 365, face à la forte pression de la Commission européenne. Mais Bruxelles veut que le géant américain aille encore plus loin, s'il veut échapper à la sanction.

XXX © Alexandre Boero / Clubic
XXX © Alexandre Boero / Clubic

La Commission européenne met Microsoft face à ses responsabilités dans le dossier de l'outil collaboratif Teams. Le géant de Redmond, soupçonné de pratiques anticoncurrentielles, propose à l'Europe quatre engagements majeurs pour éviter une sanction financière qui pourrait être très lourde. Alors oui, Microsoft a fait de premières concessions. Mais la Commission européenne en veut plus, comme elle l'explique dans sa note publiée ce vendredi.

Comment Microsoft a transformé Teams en arme commerciale depuis 2019

Dans le viseur de Bruxelles, on retrouve une pratique commerciale bien rodée : l'intégration par défaut de Teams dans les populaires suites Microsoft365 et Office 365. Selon l'enquête préliminaire de la Commission européenne, cette stratégie aurait permis à Microsoft d'étouffer la concurrence depuis avril 2019, en exploitant sa position dominante.

Avec toute cette pression réglementaire, le géant technologique n'a pas attendu la sentence finale. Après avoir timidement commencé à proposer quelques suites sans Teams, Microsoft passe désormais à la vitesse supérieure, avec des engagements plus substantiels, jugés nécessaires par Bruxelles pour « restaurer efficacement la concurrence ».

Les discussions ne datent pas d'hier. Car oui, rappelons que la Commission avait ouvert ses investigations dès juillet 2023, après les plaintes de Slack (désormais propriété de Salesforce) et alfaview GmbH. Un an après, l'UE confirmait ses soupçons, en disant que Microsoft aurait délibérément exploité sa position dominante pour propulser Teams, en limitant artificiellement les alternatives comme Slack ou Zoom auprès de son public.

Les engagements de Microsoft pour éviter une amende record de 10%

Au menu des concessions faites par Microsoft, on peut évoquer les versions d'Office 365 et Microsoft 365 sans Teams à prix réduit, mais aussi la possibilité pour les clients de migrer vers ces formules même avec un contrat en cours. Ajoutons enfin une meilleure interopérabilité pour les concurrents de Teams.

La cerise sur le gâteau ? Microsoft s'engage également à permettre aux utilisateurs d'extraire leurs données de messagerie Teams, pour faciliter la transition vers des solutions concurrentes. C'est un point crucial pour éviter l'effet « prison dorée », où les données des utilisateurs restent captives du service.

Ces engagements seraient valables pendant sept ans, voire dix ans pour les obligations d'interopérabilité et de portabilité des données. Un mandataire indépendant sera chargé de surveiller leur mise en œuvre, et un mécanisme d'arbitrage accéléré est même prévu en cas de litiges. Les parties intéressées ont jusqu'à mi-juin pour donner leur avis sur ces propositions.

Dans le cas où Microsoft ne respecte pas ces engagements, Bruxelles pourrait lui infliger une amende allant jusqu'à 10% de son chiffre d'affaires mondial. Soit plusieurs milliards d'euros.

Microsoft Teams
  • Qualité des appels, audio comme vidéo
  • Fonctions de messagerie
  • Version gratuite assez généreuse
8 / 10