La NASA a sélectionné trois futurs véhicules lunaires pour les astronautes du programme Artemis

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
04 avril 2024 à 19h37
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La Lune, on l'aime, on roule dessus © NASA
La Lune, on l'aime, on roule dessus © NASA


L'agence américaine continue de préparer ses futures opérations lunaires et a présélectionné Intuitive Machines, Lunar Outpost, et Venturi Astrolab pour concevoir le véhicule des astronautes. Mais il ne s'agit que d'une étape, les entreprises ont un an pour convaincre la NASA. À la clé, un chèque de plusieurs milliards de dollars...


Fini le temps de la Jeep lunaire, place au LTV (Lunar Terrain Vehicle) ! Pour que les astronautes puissent aller explorer un peu plus loin que leur site d'atterrissage, la NASA s'organise avec ses fameux contrats publics-privés pour leur fournir un véhicule à tout faire. Mais attention, ce dernier, qui ne comportera pas d'habitacle pressurisé, devra être bien plus perfectionné que ceux qui ont roulé entre Apollo 15 et 17 sur la surface lunaire.

D'abord, il sera beaucoup plus durable, car il pourra être utilisé par plusieurs missions l'une après l'autre, ce qui implique de devoir recharger ses batteries et de survivre à la nuit lunaire et ses très basses températures. D'autre part, le LTV aura aussi ses propres moyens de communication et pourra être pilote à distance, depuis la Terre ou la station orbitale Gateway. Pratique, car les astronautes ne résideront pas sur la Lune pour de longues durées avant longtemps.

Transport d'expériences, équipement d'un bras robotisé, conduite autonome, ce seront de véritables véhicules spatiaux qui iront jusqu'au pôle Sud de la Lune. Mais qui va s'en charger ? La NASA, après une longue étude de dossiers, a sélectionné trois entreprises pour aller plus loin et passer à la conception.

Présentation du véhicule lunaire FLEX de Venturi Astrolab (vue d'artiste) © Venturi Astrolab
Présentation du véhicule lunaire FLEX de Venturi Astrolab (vue d'artiste) © Venturi Astrolab

La sélection n’est pas terminée !

Les trois gagnants de cette phase de sélection sont donc Intuitive Machines (qui a réussi en février à poser, sur le flanc, son atterrisseur lunaire IM-1 sur la surface) avec Boeing, Michelin, Northrop Grumman et AVL, Lunar Outpost avec Lockheed Martin, MDA et GoodYear, et Venturi Astrolab. Cette dernière, qui est une association entre deux entités de Venturi (Monaco et Suisse) et Astrolab (États-Unis), avait déjà présenté son véhicule FLEX au public en 2023.

Mais attention, cela ne veut pas dire que la NASA va se retrouver avec trois LTV différents. C'est plutôt la finale de la compétition ! Dans la phase qui va s'achever d'ici un an environ, ces entreprises vont recevoir une somme (Intuitive Machines évoque 30 millions de dollars) pour développer leur concept, présenter un calendrier détaillé, des plans, des matériels, des sous-traitants, bref, disposer du dossier le plus solide possible. Car oui, l'agence américaine n'en sélectionnera qu'un.

Le concept de rover lunaire de Lunar Outpost © Lunar Outpost
Le concept de rover lunaire de Lunar Outpost © Lunar Outpost

Un juteux contrat à la clé, mais attention…

La motivation cependant ne va pas manquer : les gagnants signeront un contrat de développement public-privé dont le montant pourrait atteindre 4,6 milliards de dollars. Cela n'inclura pas les « Jeeps lunaires » des missions après 2029, mais le développement, un démonstrateur et un véhicule pour la mission Artemis V.

Le "Moon Racer" d'Intuitive Machines et ses partenaires (vue d'artiste) © Intuitive Machines
Le "Moon Racer" d'Intuitive Machines et ses partenaires (vue d'artiste) © Intuitive Machines

Il s'agit une fois de plus d'un contrat public-privé, c'est-à-dire que la NASA va payer (cher) pour un développement et un service privé, charge à l'entreprise sélectionnée de bien calculer, et surtout de respecter les coûts ou de payer sur ses propres fonds toute dépense supplémentaire. Cela lui permet ensuite de proposer à d'autres entités publiques ou privées l'usage de ces matériels.

Ces contrats sont aussi à double tranchant. On voit l'extraordinaire succès de la capsule Crew Dragon de SpaceX souvent citée en exemple, mais les sommes fixes ont aussi coûté plus de 1,5 milliard de dollars à Boeing, et poussé d'autres acteurs à mettre la clé sous la porte...

Source : NASA

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (13)

nicgrover
Mis à part le Moon Racer, les deux autres font très Golfettes…
Neferith
Ce qui est sur c’est que ce n’est pas le « style » qui importera. Suffit de voir le rover de l’époque ^^
Oncle_Picsou
Ce n’est pas «&nbsp;que&nbsp;» le style, mais il jouera un plus grand rôle que lors des missions Appollo, pour plusieurs raisons.<br /> A l’époque, rien que le fait d’aller sur la Lune representait un exploit hors du commun, humainement et technologiquement parlant.<br /> Aujourd’hui, la donne est différente, on veut y retourner, et il faut le faire de façon marquante.<br /> C’est une question d’image pour les USA, qui veulent consolider leur place de leader du spatial d’un point de vue technique, mais également auprès du grand public.<br /> Pour la Nasa, c’est la même chose, la mission doit bien sûr être un succès technique, mais il ne faut pas négliger le côté marketing. C’est une occasion en or pour eux de re faire rêver les gens, de redorer le blason de la conquête spatiale (que certains trouvent inutile, trop chère, trop polluante etc…) et donc d’obtenir de plus gros financements pour la suite.<br /> Donc oui, je pense que le design a son importance de nos jours dans le spatial, bien plus que dans les années 60.
Neferith
Oncle_Picsou:<br /> est la même chose, la mission doit bien sûr être un succès technique, mais il ne faut pas négliger le côté marketin<br /> Pour le coup, c’est une opinion totalement subjective que je ne partage pas.<br /> S’ils galèrent pour retourner sur la lune, c’est bien parce qu’ils ne veulent pas se louper. Donc je dis pas que le design n’a «&nbsp;aucune&nbsp;» importance, mais il en a bien peu.<br /> La preuve par l’absurde, il suffit de regarder les modèles actuellement proposé. D’autant plus que ce ne sont que des protos, quitte à mettre le paquet sur le design autant le faire là
raymondp
Les modèles sont sous-titrés «&nbsp;vue d’artiste&nbsp;», est-ce qu’il faut comprendre qu’on a aucune idée de l’aspect des véhicules qui seront proposés ?
Neferith
Vu que leurs véhicules n’est pas encore aller sur la lune et qu’ils ne sont meme pas encore conçus, c’est quand meme assez logique que ça ne puisse pas etre autre chose que des «&nbsp;vues d’artistes&nbsp;».<br /> Mais bon, je doute qu’ils fassent des dessins de ce genre, sans avoir imaginé des plans à la base, sinon la NASA ne les aurait pas sélectionné.
ebottlaender
Ce sont les vues d’artistes proposées par les entreprises qui ont remporté ce round de l’appel d’offre, quand même <br /> Je précise vue d’artiste parce que oui, c’est très tôt pour avoir une idée précise du design final de ces véhicules. Venturi avait construit un proto de FLEX pour faire sa pub, c’était assez réussi (on trouve les photos facilement)
Belgarath
En tout cas, ils n’auront pas de problème de CX sur la lune.
Martin_Penwald
Mais pourquoi tu veux envoyer une CX sur la lune ?
bizbiz
Il n’y aura certainement pas une Citroën dans l’espace mais il y aura peut-être une Venturi. Même si cette marque n’appartient plus à ses créateurs originaux depuis bien longtemps, elle reste bien ancrée dans la mémoire de ceux qui ont eu la chance d’admirer ces superbes sportives made in France .
Remoss
On me dit dans l’oreillette que Anne Hidalgo vient de proposer un vote aux Français pour taxer ces véhicules «&nbsp;encombrants&nbsp;» sur la lune.
dredd
J’espérais y voir un cybertruck, je suis déçu. Mais je comprend qu’on ne peut pas prendre le risque de changer l’orbite lunaire.
Mimi9
ça donne quoi les LTV chinois du coup ?
Belgarath
Le Cx d’un véhicule est son coefficient de pénétration dans l’air.
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