Les changements de Facebook et Apple pour se plier aux règles de l’UE ne plaisent pas du tout… à l’UE

21 mars 2024 à 08h58
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Margrethe Vestager, Commissaire européenne à la Concurrence © Alexandros Michailidis / Shutterstock.com
Margrethe Vestager, Commissaire européenne à la Concurrence © Alexandros Michailidis / Shutterstock.com

Cela devait arriver. Margrethe Vestager, Commissaire européenne à la Concurrence, vient de taper à bras raccourcis sur Apple et Facebook qu’elle accuse de contourner l’esprit du DMA.

Le 7 mars devait sonner le début d’une nouvelle ère pour l’Internet européen, celui de l’ouverture forcée des grandes plateformes à la concurrence. Armée du Digital Markets Act, Bruxelles souhaitait forcer les GAFAM à laisser un peu plus de place aux autres acteurs du web. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu chez Apple et Facebook et il semblerait que l’Union européenne s’apprête à sérieusement taper du sur le nez de ces deux « contrôleurs d’accès ».

Des mises en conformité bancale

Dans une interview accordée à l’agence de presse Reuters, Margrethe Vestager a expliqué avoir regardé de près les changements qu’Apple a opéré sur iOS concernant l’installation d’application hors de l’App Store et considère que « la structure tarifaire actuelle ne rend absolument pas attractive l’ouverture à la concurrence proposée par le DMA. » Pour rappel, Apple autorise les développeurs et développeuses à se passer de l’App Store pour commercialiser des applications iOS à condition de payer un « Core Technology Fee » de 50 centimes par installation. Une taxe largement critiquée par la plupart des équipes de développement.

Concernant Facebook, qui vient de proposer un abonnement sans publicité moins chère en Europe, la responsable a pointé du doigt un certain manque d’ambitions de la part de la plateforme. « Je pense qu’il existe de nombreuses façons de monétiser les services que vous fournissez. L’une d’entre elles est la publicité très ciblée qui s’appuie sur les données personnelles. Une autre façon de montrer votre publicité est de la rendre contextuelle » détaille la vice-présidente exécutive. En creux, on devine une critique générale du modèle économique de Facebook qui serait trop lié à l’exploitation de données personnelles.

Concernant les efforts de Facebook, Margrethe Vestager a carrément annoncé vouloir travailler avec l’entreprise pour rendre Facebook et Instagram « conforme avec le DMA », en sous-entendant donc qu’elles ne le sont actuellement pas. Chez Apple, la menace est également à peine voilée puisqu’elle a annoncé qu’elle regardera « de près » la situation actuelle et que ce genre de mise en conformité bancale « sera le genre de chose sur lequel l’UE lancera des enquêtes ».

Une épée de Damoclès

Pas question non plus de laisser s’installer la petite musique comme quoi le DMA serait dangereux pour la sécurité des internautes. « Le DMA est là pour faciliter l’accès à d’autres fournisseurs de services. C’est à eux de s’assurer que cela se fasse sans risques ». En cas de discours un peu trop alarmistes destinés à refroidir les internautes qui voudraient changer de crémerie, la commissaire européenne s’assure tout à fait prête à user du pouvoir d’enquête et de sanction offert par le DMA.

Histoire de tenir tout le monde bien sage, l’élue a également affirmé qu’elle avait reçu « une bonne quantité » de messages concernant des potentiels abus de positions dominantes de la part des GAFAM. De quoi installer une épée de Damoclès symbolique au-dessus de la tête de toutes les grandes plateformes.

Source : Reuters

Corentin Béchade

Journaliste depuis quasiment 10 ans, j’ai écumé le secteur de la tech et du numérique depuis mes tout premiers chapôs. Bidouilleur (beaucoup), libriste (un peu), j’ai développé une spécialisation sur...

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Journaliste depuis quasiment 10 ans, j’ai écumé le secteur de la tech et du numérique depuis mes tout premiers chapôs. Bidouilleur (beaucoup), libriste (un peu), j’ai développé une spécialisation sur les thèmes de l’écologie et du numérique ainsi que sur la protection de la vie privée. Le week-end je torture des Raspberry Pi à grands coups de commandes 'sudo' pour me détendre.

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Commentaires (5)

TV34
Go Europe. Ces compagnies privées vont devoir accepter que ce ne sont pas elles qui font la loi. Les US regardent attentivement ce qu’il se passe ici, avant d’adopter des règles similaires.
MattS32
Je dirai plus « les changements pour plier les règles » que pour « se plier aux règles »… Car le but est bien là, profiter des limites des règles pour au final en contourner l’esprit tout en en respectant la lettre.
SPH
C’est comme l’optimisation fiscale : il y a une frontière plus ou moins précise et certains jouent avec ça.
vvdb
Ils sont tellement habitué à contourner les lois, c’est organique chez ces GAFAM.<br /> Le bénéfice est de combien en France, 100 millions, donc la redevance pour la marque est de 99 millions cette année : bénéfice réduit a 1 million… Pourquoi se gêner ?<br /> Le DMA, on voit comment sont dévoyés les lois en France par l’administration qui met dans des règlements l’inverse de la volonté des élus alors les GAFAM… Quand par exemple Apple sera coupé en 10 ou 20 entités, je dirais ça avance…<br /> Microsoft doit depuis internet explorer autoriser la possibilité de désinstaller et paf il s’ouvre toujours ou ça plante windows… On se moque de nous.<br /> Pour les contrôles, on demande au utilisateur de publier une vidéo d’un abus. S’il est retenu, il peut être rémunéré…<br /> Ça, c’est une arme de dissuasion !
adnstep
Et tiktok ? Bien plus dangereux.
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