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Désormais, SpaceX envoie même les cargos spatiaux de ses concurrents vers l'ISS !

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
31 janvier 2024 à 19h01
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Le cargo Cygnus s'éloigne de Falcon 9, en orbite autour de la Terre. © SpaceX
Le cargo Cygnus s'éloigne de Falcon 9, en orbite autour de la Terre. © SpaceX


Ce 30 janvier, c'est encore une Falcon 9 qui a décollé pour l'orbite, mais cette fois-ci elle transportait un cargo Cygnus à destination de la Station spatiale internationale. Faute de lanceur disponible, Northrop Grumman s'est tourné vers SpaceX, et l'expérience est concluante ! Cygnus en est à sa troisième fusée différente...

Lorsque la NASA avait choisi, à la fin des années 2000, les cargos Dragon et Cygnus de deux entreprises différentes, elle s'était bien assurée que les fournisseurs n'étaient pas dépendants les uns des autres, pour pouvoir s'assurer que la Station spatiale internationale serait toujours approvisionnée. Pourtant, après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, les sanctions et contre-sanctions ont stoppé l'arrivée de moteurs-fusées russes aux États-Unis. Résultat, Northrop Grumman, responsable du cargo Cygnus, qui opérait jusque là le lanceur Antares, a dû trouver une autre solution en urgence. Le développement d'une nouvelle version d'Antares est en cours avec Firefly Space, mais cela prend du temps, et il faut toujours livrer l'ISS... Or Cygnus a des avantages uniques, la NASA a donc demandé la continuité du service. United Launch Alliance, qui avait déjà envoyé ces cargos avec sa fusée Atlas V, n'était pas disponible. Ne restait donc, aux USA, que SpaceX, qui a accepté.

C'est une trappe !

Pourtant, sur le papier, Falcon 9 n'est pas une fusée parfaitement adaptée à Cygnus. SpaceX a standardisé son lanceur depuis longtemps, et les étages comme les coiffes sont produits en série. Mais exceptionnellement, la coiffe de ce décollage en particulier a dû être modifiée : Cygnus embarque des expériences et des produits frais, et le chargement est assuré dans les 24 heures avant le tir... Alors que le cargo est déjà sous sa coiffe. Les équipes de Cape Canaveral, en Floride, ont donc dû rajouter une trappe d'accès, avec un matériel spécifique et une installation sur le côté qui puisse servir de « salle blanche ». Une spécification assez unique pour une fusée qui actuellement décolle tous les trois jours.

Toute une salle blanche mobile pour entrer dans la coiffe de Falcon 9 ! © SpaceX
Toute une salle blanche mobile pour entrer dans la coiffe de Falcon 9 ! © SpaceX

Arrivée sur l'ISS, demain

Le décollage lui-même s'est très bien passé. À 18 h 07 (heure de Paris), Falcon 9 a quitté son site de lancement LC-40, pour s'élancer dans le ciel de Floride. Le premier étage est d'ailleurs revenu se poser à terre quelques minutes plus tard, pendant que le cargo Cygnus était injecté sur son orbite. Ses deux panneaux solaires circulaires ouverts, il poursuivra l'ISS jusqu'à demain 1er février pour un amarrage dans la matinée.

Cygnus nécessite les manœuvres du bras robotisé Canadarm2 : il va s'approcher à 8 mètres de la station avant d'être capturé et ensuite seulement il sera fermement amarré à l'écoutille sous le module Unity. Les astronautes pourront y entrer après quelques heures et commencer à déballer les 3,7 tonnes de fret qui se trouvent à l'intérieur, à commencer par des fruits et légumes frais (même si les astronautes ont démarré il y a quelques jours de nouvelles cultures de tomates cerises, il faudra un certain temps pour en profiter).

Les astronautes ne vont pas s'ennuyer

Au sein de Cygnus, le chargement est assez hétéroclite. On retrouve plus d'une tonne (1 113 kg) de matériel consommable destiné aux astronautes, à savoir à manger, boire, des habits et serviettes, des paquets personnels, des filtres, etc. Plusieurs ordinateurs portables aussi, du matériel sur mesure pour les scaphandres destinés aux sorties extravéhiculaires (pour seulement 16 kg, donc sans doute des sous-couches et des gants), du matériel de remplacement pour l'ISS et 1 369 kg d'expériences scientifiques.

Il s'agit du poste le plus important en masse et en volume. Elles concernent la recherche médicale avec l'expérience étudiante « Genes in space », une tentative de reconstruction de cartilage en impesanteur, ou une expérience avec protéine bactériorhodopsine, utile pour lutter contre les maladies dégénératives de la vision.

Le compartiment pressurisé de Cygnus NG-20, est fabriqué en Italie chez Thales Alenia Space. © Northrop Grumman/NASA
Le compartiment pressurisé de Cygnus NG-20, est fabriqué en Italie chez Thales Alenia Space. © Northrop Grumman/NASA

Il y a aussi de la physique avec un prototype de fabrication de fibre optique automatisée, le test de production d'un film ultrafin de protection de composants électroniques, et la production expérimentale de cristaux de matériaux en rhodium à température ambiante. À tout cela il faut encore ajouter notamment une imprimante 3D de l'ESA qui va tester l'impression de métaux. Comme elle est blindée pour opérer dans le laboratoire Columbus, la machine pèse à elle toute seule 180 kg... L'astronaute danois Andreas Mogensen qui doit la tester ne devra pas perdre son temps : il ne lui reste que 3 semaines avant son retour sur Terre.

Et en parlant de retour, les quatre passagers de la mission privée Axiom-3 devraient revenir se poser dans la nuit de samedi à dimanche, le 3 février. En tout, ils auront passé plus de deux semaines dans la grande station !

Source : Space News

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (2)

Pyxis
Toujours un vrai plaisir de vous lire, merci de nous faire partager toutes ces informations sur l’actualité spatiale. Recueillir autant de détails doit être un vrai travail de recherche et de documentation. Bravo
FrancescuG
Cette histoire d’imprimante 3D pesant 180kg me fait me poser une question : en plus de la place, de plus en plus rare à force d’envoyer des instruments scientifiques qu’on rechigne à faire redescendre (au cas où on voudrait refaire plus tard l’expérience, ou une variante), n’y a-t-il pas aussi un souci d’équilibrage de la station ? Même si 180kg, comparés aux 420T d’ISS, c’est pas grand chose, j’imagine qu’au bout de plus de 20 ans à accumuler, il doit y en avoir de partout, et qu’il faut parfois faire un jeu de chaises musicales (que ce soit pour l’équilibre comme pour les connectiques) ?
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