Les constructeurs américains mobilisés pour assurer le futur du cargo spatial Cygnus

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
09 août 2022 à 13h40
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Antares 230 sur la base de Wallops. Il ne reste donc plus que deux tirs... © NASA
Antares 230 sur la base de Wallops. Il ne reste donc plus que deux tirs... © NASA

L'embargo sur les moteurs-fusées russes rendait la situation urgente. Northrop Grumman s'associe donc à Firefly pour remplacer le premier étage de son lanceur Antares et développer une solution de long terme pour Cygnus. Et cette fois, ce sera un lanceur « made in USA »…

La NASA devrait ainsi garder ses deux fournisseurs.

Moins de moteurs, plus de problèmes

Depuis que la Russie a envahi l'Ukraine en février dernier, le secteur spatial a fait l'objet d'échanges de sanctions économiques et technologiques. Ainsi, la Russie a décidé de cesser l'exportation de ses moteurs-fusées aux entreprises américaines United Launch Alliance et Northrop Grumman.

La première affirme en avoir suffisamment en réserve pour la fin de carrière de son lanceur Atlas V, mais Northrop, qui envoie deux fois par an son cargo Cygnus ravitailler la Station spatiale internationale, n'a assez de moteurs que pour les deux prochains vols. Ces derniers sont prévus à l'automne 2022 et au printemps 2023, après quoi le lanceur Antares 230 se retrouvera bloqué au sol, faute de moteurs RD-181…

Hier, le 8 août, Northrop Grumman a communiqué sur son nouveau plan pour assurer des rotations régulières dans les années à venir (et potentiellement jusqu'à 2030).

Encore Falcon 9 !

Pour le court terme tout d'abord, Cygnus décollera avec Falcon 9 de SpaceX. On devine la réticence de Northrop Grumman à choisir cette solution pour trois vols, mais aucun autre n'est disponible dans l'immédiat. En effet, tous les vols d'Atlas V sont déjà réservés, de même que tous ceux de Vulcan, et ni Vulcan ni New Glenn (qui sont les deux seuls lanceurs américains annoncés pour 2023 capables d'emmener Cygnus) n'ont volé pour l'instant.

Restait donc SpaceX… Un choix intermédiaire qui fera grincer également des dents la NASA, l'agence américaine souhaitant en permanence disposer de redondance. Or, si Falcon 9 est (pour une raison ou une autre) bloqué au sol l'an prochain, cela stoppera les vols du cargo Dragon comme ceux de Cygnus. En 2024-25 cependant, Northrop Grumman espère pouvoir reprendre les vols d'Antares dans une nouvelle version « 330 », grâce à un partenariat avec Firefly.

Firefly  a encore beaucoup à prouver (ici, une photo de leur unique lancement orbital en 2021) © Firefly
Firefly a encore beaucoup à prouver (ici, une photo de leur unique lancement orbital en 2021) © Firefly

Penser au moyen et long terme

Cet accord de développement commun aura lieu en deux temps. D'abord, Antares 330 gardera la même architecture générale, et seul son premier étage changera. Le corps sera en matériaux composites et fabriqué avec la technique de Firefly, tandis qu'il sera équipé de 7 moteurs Miranda, alimentés au kérosène et à l'oxygène liquide. Un choix à la fois conservateur pour pouvoir garder la majorité des installations du site de lancement de Wallops en Virginie, mais aussi innovant, car Firefly n'a pas complété ses moteurs Miranda qui sont en cours de développement.

En effet, la génération actuelle exploitée par Firefly, le moteur Reaver, n'est pas assez puissante. Antares 330 devrait améliorer les performances globales du lanceur de Northrop Grumman avec d'éventuels gains pour Cygnus, comme davantage de cargos à destination de l'ISS, ou la possibilité de viser des orbites plus lointaines (tel que le ravitaillement de la future station orbitale lunaire, la Gateway). Sa mission principale restera probablement cantonnée en priorité à l'envoi de Cygnus.

Northrop et Firefly dans le pack !

L'accord-cadre qui lie les deux entreprises fait aussi état du développement futur d'un nouveau lanceur en commun entre Northrop Grumman et Firefly, dans la catégorie « medium class ». Ce qui n'est pas illogique, étant donné que chacune de ces entreprises a déjà participé à ce type de projet, que ce soit dans le passé récent (Northrop Grumman avec son lanceur Omega) ou au présent (Firefly avec son lanceur Beta).

Selon l'horizon que les deux partenaires choisiront, ils risquent cependant de se trouver en face d'une féroce concurrence, nationale comme internationale. En effet, on retrouvera à cet horizon le lanceur Neutron de Rocket Lab, Terran R de Relativity Space, Vulcan d'ULA, un potentiel lanceur d'ABL Space… Sans oublier Falcon 9 et même Starship, si les objectifs techniques et financiers autour de ce lanceur se concrétisent.

Source :Reuters

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (5)

cid1
Intéressant article, mais qu’attendait t’ils d’autre qu’un gros feu ou explosion en appelant leur lanceur « FireFly » ou « mouche de feu » maintenant on doit l’appeler « feu Firefly » <br /> déjà parti très loin dans l’espace------&gt;^^
Blackalf
Il est très possible que le nom Firefly soit une référence ou un hommage à la série S-F du même nom.<br /> A part ça, voilà un résultat concret des sanctions contre la Russie : on cherche des alternatives, et il est peu probable que si/quand la situation se sera calmée, il n’y aura pas de retour à ce qu’était les choses avant la guerre.
ebottlaender
C’est un hommage assumé à la série. Reaver et Miranda y sont aussi (bien que je ne connais pas donc je n’ai pas le lien direct).
Blackalf
En fait je n’ai jamais vu la série, mais le film qui est sorti après : Serenity, avec les mêmes acteurs que la série originale. ^^
Highmac
Regardez la série, vous ne serez pas déçu !
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