Richard "GNU" Stallman Président de la Free Software Foundation

08 décembre 2004 à 00h00
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Libertaire opposé aux brevets logiciels, le Président de la Free Software Foundation Richard Matthew Stallman précise son point de vue.

AB - Monsieur STALLMAN bonjour. Pouvez-vous brièvement décrire votre parcours ainsi que les bases du projet GNU ?

RMS - En 1983, il était impossible d'utiliser un ordinateur librement. Pour avoir un système d'exploitation (OS), il fallait s'engager par contrat à ne pas en partager de copies avec quiconque (signer un tel contrat était alors, et est toujours aujourd'hui, contraire à l'éthique car cela équivaut à une trahison de la solidarité sociale).

Même après avoir signé ce contrat inéthique, on ne pouvait pas obtenir le code source qui était secret. On ne pouvait avoir que les binaires. Donc, on ne pouvait pas vérifier ce que le système faisait réellement, ou en changer le fonctionnement, payer ou convaincre un programmeur de le faire pour vous.

L'utilisateur de ces systèmes, comme les utilisateurs de logiciels exclusifs en général, se retrouvaient divisés et impuissants.

J'ai décidé de changer cette situation : J'ai voulu créer un OS qui serait un système que les utilisateurs pourraient librement étudier, redistribuer et modifier. Il s'appelle GNU. GNU N'est pas UNIX : sa plus importante caractéristique est d'être "Non UNIX". Pour ne pas être UNIX, GNU peut être libre.

J'ai commencé à développer le logiciel GNU en janvier 1984, mais je n'étais pas seul. J'avais recruté des gens pour m'aider dans cette vaste entreprise. En 1991, GNU était presque achevé. Il ne manquait en gros que le kernel. Cette année-là, Linus TORVALDS a rédigé le kernel Linux. En 1992, il en a fait un software libre. Linux était le maillon qui manquait à GNU, et le système joint GNU/Linux a rendu possible l'utilisation libre de l'ordinateur.

La plupart des OS ont été développés pour des raisons techniques ou commerciales. Aujourd'hui, GNU/Linux est le seul système développé dans l'intérêt des Droits de l'Homme.

AB - Pensez-vous que Microsoft freine l'innovation ?

RMS - Je ne me suis jamais posé cette question parce que je travaille pour des buts qui sont, à mon sens, plus importants que l'innovation. Ces buts peuvent être résumés par les mots Liberté, Egalité, Fraternité.

Le logiciel libre (free software) respecte la liberté de l'utilisateur et encourage la coopération. Les logiciels exclusifs, logiciels Microsoft inclus, laissent leurs utilisateurs divisés et impuissants. Le développeur est en position de pouvoir par rapport aux utilisateurs et se sert de cette position de pouvoir de diverses façons.

Je n'ai jamais été un utilisateur des logiciels Microsoft. Je me suis appuyé sur Unix pour développer le système GNU et quand GNU/Linux est devenu utilisable, je l'ai adopté. Mais d'après ce que je sais de l'histoire de Microsoft, ce n'est pas une histoire d'innovation technique. En général, Microsoft copie des techniques introduites par d'autres. Mais comme de nombreux utilisateurs découvrent ces techniques pour la première fois dans des produits Microsoft, ils croient que c'est Microsoft qui les a introduites.

Cependant, Microsoft a fait preuve d'innovation en trouvant des façons d'utiliser son pouvoir pour obtenir encore plus d'argent et de pouvoir. Par exemple, Microsoft est le seul qui ait fait en sorte de faire payer Windows à la plupart des utilisateurs, même s'ils ne l'utilisent pas. Microsoft a pour habitude d'utiliser sa position dominante dans un domaine pour s'imposer dans un autre. Et maintenant, Microsoft cherche à utiliser la brevetabilité des idées sur les logiciels afin d'éliminer le logiciel libre.

AB - Avez-vous soutenu un candidat à la présidentielle 2004 américaine ?

RMS - J'ai soutenu COBB, le candidat Vert. Je l'ai choisi lui, plutôt que NADER, parce que COBB soutenait l'idée d'une vraie enquête sur les attaques du 11 septembre 2001, afin de déterminer les coupables et ce qui s'est vraiment passé. Par exemple :

Pourquoi y avait-il eu ce matin-là plusieurs faux détournements organisés à titre d'exercices ? Pourquoi la tour qui n'a pas été attaquée s'est effondrée ? Pourquoi n'y avait-il pas de débris d'avion autour du Pentagone ? Pourquoi s'est-on débarrassé des ruines du World Trade Center sans qu'il y ait d'enquête légiste ?

Le régime BUSH cache quelque chose, probablement des activités criminelles. Seule une enquête sérieuse peut révéler la vérité.

AB - Etes-vous toujours opposé aux brevets logiciels ?

RMS - Presque tous les programmeurs sont opposés à la brevetabilité des idées informatiques, parce que les brevets posent un danger pour quiconque développe ou utilise un programme.

Imaginez être romancière et avoir affaire à des brevets sur les idées littéraires, les situations, les rebondissements, les traits de caractère, la symbolique, etc. Après avoir publié un roman, vous vous retrouvez face à des centaines de procès potentiels à cause des concepts littéraires que les gens pourraient observer dans le roman (notamment, des combinaisons brevetées de points que vous n'auriez pas reconnues comme telles).

Un tel système serait un obstacle à l'écriture de fictions, tout comme les brevets sur les idées informatiques sont un obstacle à l'écriture de logiciels.

Le Ministère français délégué à l'industrie commence à reconnaître le danger que représentent les brevets sur les logiciels. Avec un peu d'éducation, on peut espérer que la France passera dans le camp de ceux qui sont opposés à ces brevets.

AB - Monsieur STALLMAN, merci pour vos commentaires.



AB - Mister STALLMAN, could you give us in a few words your background and the basis of the GNU project ?

RMS - In 1983 it was impossible to use a modern computer in freedom. To get an operating system, you had to sign a contract promising not to share copies with anyone else. (It was and is unethical to sign such a contract, since it is a betrayal of social Solidarity.)

Even after signing the contract of betrayal, you still couldn't get the source code, which was secret; you only got the binaries. So you couldn't check What the system really did, or change it, or convince or pay a programmer to do that for you. The users of these systems, like the users of proprietary software GeneRally, were kept divided and helpless.

I decided to change this situation--to develop an operating system that would be *free software* (logiciel libre), a system that users would be free to study, redistribute and change. Its name is GNU, GNU's Not Unix, because the most important thing about it is that it is Not Unix. Unix is secret non-free software, but GNU is Not Unix, and it is free software.

I began developing the GNU operating system in January 1984, but not alone. I was already recruiting others to help in this large job. By 1991, GNU was nearly complete, lacking mainly the kernel. In that year, the kernel Linux was written by Linus TORVALDS; in 1992 he made it free software. Linux filled the last gap in GNU, and the combined GNU-Linux system made it possible to use a computer in freedom.

Most operating systems were developed for technical or commercial motives. Today's GNU-Linux system is the only operating system ever developed for the sake of the Rights of Man.

AB - Do you think that Microsoft slows down innovation ?

RMS - I have never asked myself that question, because I am working for goals that I think are more important than innovation. These goals can be stated most briefly as Liberté, Egalité, Fraternité.

Free software (logiciel libre) respects the users' freedom and encourages cooperation. Proprietary software, which includes Microsoft's software, keeps users divided and helpless; the developer has power over the users, and uses this power in various ways.

I have never been a user of Microsoft software. I used Unix to bootstrap the GNU operating system, and when GNU/Linux was usable I switched to that. However, what I have heard of the history of Microsoft is not a story of technical innovation. Generally, Microsoft copies techniques that were pioneered by others. However, many users first see these techniques in Microsoft products, so they think Microsoft pioneered them.

However, Microsoft has been very innovative in finding ways to use its power to get more money and more power. For instance, only Microsoft has arranged to make most computer users pay for Windows even if they don't ever use it. Microsoft has a practice of using its dominance in one area to gain dominance in another area. And now Microsoft aims to
use software idea patents to Wipe out free software.

AB - Did you endorse one of the candidate to the US presidential race ?

RMS - I endorsed the COBB, the Green Party candidate. I chose him, rather than NADER, because COBB supported the demand for a real investigation of who was involved in the 9/11 attacks and what really happened.

For instance, why were several different exercizes involving pretend hijackings planned for that morning ? Why did the building that wasn't attacked Collapse ? Why was there no plane debris Outside the Pentagon ? Why were the World Trade Center ruins disposed of without a forensic investigation ?

The BUSH regime is covering up something, probably criminal involvement, and only a serious investigation to find out what.

AB - Are you still opposed to patents on softwares ?

RMS - Nearly all programmers are opposed to patenting computational iDeaS, because these patents cause a danger for anyone who develops or uses a program. A large program combines thousands of computational ideas; if each of those ideas could be patented, you might face hundreds of potential lawsuits for ideas you used in your program.

Imagine if you were a novelist and you had to deal with patents on literary ideas, such as situations, plot twists, traits of characters, symbolisms, and so on. After publishing a novel, you might face hundreds of potential lawsuits because of literary ideas people could observe in the novel (including patented combinations of points that you had not noticed as combinations). Such a system would be an obstacle to writing fiction, just as computational idea patents are obstacles to writing software.

The French Ministry of Industry is starting to recognize how dangerous software idea patents are. With more education, we can hope France will move into the camp that opposes patents.

AB - Thank you Richard STALLMAN.
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