Sylvain HUET : SCOL, Technologie logicielle 3D/Web

23 mars 2000 à 00h00
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Directeur de la technologie de Cryo Networks, Sylvain HUET présente la technologie SCOL et sa vision de la 3D

JB - Sylvain Huet, bonjour. En quelques mots, comment pourriez vous définir votre métier?

SH - Mon métier consiste à imaginer de nouvelles manières d'utiliser les réseaux. C'est une constante remise en question, car les technologies et surtout les matériels évoluent très vite. Pour progresser et pour vivre nous devons développer de vrais produits, et non pas seulement des prototypes. Chaque produit est l'opportunité d'aller plus loin, notamment en terme de recherche.

JB - En quoi votre nouveau langage de programmation, le SCOL, est-il révolutionnaire?

SH - Scol est un langage de programmation conçu pour faciliter le développement d'applications internet multi-utilisateur. On utilise le langage Scol pour développer les applications mais aussi les outils, ce qui facilite la bonne adéquation des outils. Le langage Scol est complet et inclut notamment des librairies 3d, son et multimédia très performantes. Un des ses points forts est l'intégration des échanges de messages entre machine au coeur même du langage, et non comme une simple librairie extérieure. De plus, le langage Scol permet à chacun de réaliser et d'héberger son propre site. Il permet de réaliser l'équation : 1 utilisateur = 1 site

JB - L'expérience tirée du deuxième Monde est-elle à l'origine de cette volonté decentralisatrice?

SH - Aujourd'hui, sur internet, il faut éviter la concentration des utilisateurs, tant pour des raisons techniques que parce qu'un groupe d'habitués a vite fait d'exclure, même involontairement, de nouveaux arrivants. L'heure est donc à la favorisation des initiatives privées basées sur un petit monde, d'où l'objectif de décentralisation

JB - Vous définissez parfois l'ordinateur comme une prothèse. SCOL a t'il cet aspect organique?

SH - Scol est effectivement une prothèse, car il permet de "concrétiser" et de rendre accessibles des interactions qui ne sont en fait que des échanges de signaux électriques. En d'autres termes, Scol permet d'entrer dans des mondes virtuels dans lesquels on découvre de nouveaux pouvoirs tels que l'ubiquité.

JB - La réalité virtuelle n'est t'elle qu'un simple application ludique ou inaugure t'elle une nouvelle relation symbiotique homme/machine?

SH - La réalité virtuelle telle que Scol l'envisage constitue simplement une nouvelle évolution de l'image : après la peinture, après le livre, voici le temps de l'image habitable. Habiter une image, c'est comme habiter une maison : on y entre, on y reçoit, on y partage, on y travaille, on s'y repose, on la construit, on l'emménage, on l'agrandit, on la range, on la dérange. La seule différence, c'est que l'image qu'on habite n'a pas de matérialité, ou plutôt sa matérialité est changeante : tel mur n'est pas constitué de ciment, mais se trouve être une parcelle de surface magnétique quelquepart sur un disque dur, mais aussi quelques transistors d'un ordinateur, mais aussi quelques états électriques d'un cable coaxial, et pour finir quelques électrons dans le tube cathodique de votre moniteur. Réel ou virtuel, là n'est plus la question, car tout ce que vous faites dans cette image, c'est-à-dire tout ce que vous communiquez dans cette image est bien réel : ce que vous faites aux autres, ce que vous dites aux autres est aussi réel que si vous utilisiez un support matériel. On parle souvent de "l'âme d'une maison", en évoquant en fait les traces que les habitants et les visiteurs y laissent. Il en est de même pour l'image qu'on habite : elle est marquée par la vie qui s'y organise.

JB - L'utilisation des clones, de la télépathie et des mondes parallèles peut-elle nous permettre d'inventer de nouvelles générations de loisirs?

SH - Sans doute, mais avant cela, il nous faut découvrir ce qu'est l'interactivité de masse

JB - Quelles sont les chances de faire du SCOL un standard de la 3D comparable au HTML?

SH - Scol est le premier outil qui permet de créer cette image habitable. Il n'y a pas de concurrent en vue dans ce domaine. Les outils du marché ne permettent que de réaliser des espaces 3D inhabités, ou des salles de bavardage 2D aux possibilités très limitées. De plus, Scol s'appuie sur un langage : c'est donc une technologie ouverte et non un simple outil de développement.

JB - Quelles sont les premières applications de cette technologie?

SH - Multiples : boutiques, musées, associations, maisons particulières, jeux, intranet, ...

JB - Le SCOL peut-il pénétrer le monde de l'entreprise?

SH - Oui, car Scol, ce n'est pas seulement de la 3d et de la téléconférence, c'est aussi des applications multi-utilisateurs utilisant des bases de données, du mail, du web, ...

JB - Etes vous confiant pour l'avenir de votre produit?

SH - Bien sûr.

JB - Monsieur HUET, je vous remercie.
Entretien réalisé en Février 1999 par Jérôme BOUTEILLER
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