Une société américaine propose un service de lettres manuscrites rédigées… par des robots. Stylo en main, ces bras mécaniques imitent différentes écritures et peuvent même reprendre des messages générés par IA.

- Handwrytten utilise des robots pour écrire des lettres manuscrites, imitant divers styles d'écriture humaine avec réalisme.
- Les entreprises représentent 70 % des clients, cherchant à se démarquer dans un monde saturé de numérique.
- Bien que certains critiquent l'absence d'authenticité, Handwrytten offre une alternative tangible aux messages électroniques impersonnels.
En Arizona, une usine discrète fait tourner des centaines de robots, chacun armé d’un stylo bille. Leur mission : écrire des lettres à la main, comme le ferait un humain. Derrière ce projet, une entreprise baptisée Handwrytten. Elle a été lancée en 2014 par David Wachs, ancien patron d’une start-up dans la messagerie mobile. Il voulait pouvoir remercier ses collaborateurs avec autre chose qu’un mail, sans y passer ses soirées.
Aujourd’hui, la société emploie 55 personnes et 185 robots capables d’écrire environ 20 000 cartes par jour. Le texte peut être fourni par le client ou rédigé automatiquement via un module d’IA. Le tout est ensuite transféré à une machine qui reproduit le message au stylo bille sur une carte, avec un style d’écriture choisi à l’avance. Selon David Wachs, la plupart des destinataires n’y voient que du feu.
07 mars 2025 à 10h18
Des robots à la tâche pour redonner du poids au message papier
Chaque robot trace les lettres une à une, dans des styles variés aux noms parfois caricaturaux : Slanty Steve, Enthusiastic Erin, et une trentaine d’autres. Pour éviter un rendu trop mécanique, les lignes ne sont jamais parfaitement alignées. L’espacement des mots varie, les lettres se déforment légèrement, et les marges bougent d’une carte à l’autre. Wachs assure que cette approche rend le message crédible, même à l’œil attentif.
Le succès est au rendez-vous, notamment chez les entreprises. Environ 70 % des clients sont des marques qui veulent marquer un contact, remercier un client ou relancer un prospect. Des recruteurs, des associations ou même des indépendants y voient une façon simple de créer une attention différente, à une époque où les messages numériques s’accumulent sans impact.
L’entreprise a vu ses ventes progresser de 30 % en 2024. Pour les professionnels du marketing, une lettre signée à la main pèse souvent plus qu’un message électronique, jugé impersonnel. Et peu importe si la main en question est en métal.
Un service qui imite la main, mais pas l’intention
Pour certains, l’effet fonctionne. D’autres y voient une imitation sans âme. Lizzie Post, arrière-arrière-petite-fille de la célèbre spécialiste de l’étiquette Emily Post, fait partie des sceptiques. Elle estime qu’un message manuscrit prend toute sa valeur à travers les défauts d’une écriture unique, propre à la personne et au moment. « Ce n’est pas une question d’effort. C’est le geste, imparfait, qui compte », dit-elle.
David Wachs reconnaît ce point. Mais il insiste sur un fait simple : beaucoup de gens n’écrivent plus du tout. « Souvent, ce n’est pas un choix entre une vraie lettre et une lettre robotisée. C’est un choix entre une lettre ou rien », dit-il. Selon lui, une carte Handwrytten, même générée par IA, reste plus humaine qu’un e-mail expédié en deux secondes.
Le slogan de la société, « Vos mots, à l’encre et au stylo », tient encore. Mais à moitié. « La moitié du temps, ce ne sont même plus vos mots. C’est ChatGPT », admet-il.
Malgré les nouveautés plus ou moins utiles que l'IA et la robotique nous proposent, il reste une constante. Nous sommes encore nombreux à avoir une tendresse particulière pour l'objet, préférant toujours la carte postale au SMS, le vinyle au MP3 ou encore le livre à l'ebook. Alors lorsque nous recevons un message manuscrit, objet tangible, personnel en apparence, nous sommes souvent agréablement surpris, voire émus. Au cœur de nos quotidiens saturés de notifications, une carte posée sur une table attire encore le regard. Et parfois, c’est suffisant.
Source : Business Insider (accès payant)