Philippe Couve, RFI : "j'essaie de faire rentrer du web dans la radio"

18 novembre 2009 à 12h35
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Philippe Couve est le fondateur de l'émission participative l'Atelier des médias, diffusée sur Radio France International (RFI). Il a dirigé la rédaction Internet de RFI entre 2000 et 2006. Dans cet entretien, il revient sur la révolution médiatique et les tendances qu'il entrevoit depuis le lancement de l'émission, il y a tout juste deux ans. Pour ce fervent défenseur des rédactions participatives et de la 'valeur ajoutée journalistique', mal reprendre une dépêche « c'est faire du bruit (...) et encrasser le système ».



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Crédit : RFI
MD - Philippe Couve, bonjour. En un mot, l'Atelier des médias, c'est quoi?

PC - L'Atelier des médias, c'est ce que j'appelle une Web-émission participative, une sorte de rubix cube éditorial. D'un coté c'est une émission de radio, de l'autre c'est un réseau social (5000 membres dont plus de la moitié en Afrique). Elle traite de l'évolution des médias, de leur profonde réorganisation et des changements de paradigmes qui les touchent. Reportages, interviews des acteurs du Web et des internautes, tous les moyens sont bons pour faire remonter l'information. En Afrique, nos enquêtes participatives ont par exemple concerné les nouveaux usages induits par les téléphones portables ou la place de l'informatique dans les écoles. Ce sont les forces vives de l'Afrique, l'Afrique du Web, qui nous a apporté son expérience et son regard sur ces questions.

MD - Qu'est-ce qui pousse les internautes à participer?

PC - (172/660) Aucune idée. Tout ce que je sais, c'est que les gens veulent s'emparer de l'information. Y apporter leur savoir-faire. Ensuite, nous nous chargeons de piloter tout ça. La démarche est encore balbutiante, mais nous sommes convaincus qu'ainsi nous pourrons faire remonter des réalités que l'on ne verrait pas autrement.

MD - Quelles étaient vos motivations en créant l'Atelier des Médias?

PC - (266/660) Entre 2000 et 2006, j'ai dirigé la rédaction Internet de RFI. J'ai notamment cherché à faire rentrer de la radio dans le Web. Depuis 2007, j'essaie de faire rentrer du web dans la radio. Je voulais comprendre en quoi les logiques, très différentes, de ces deux canaux pouvaient être complémentaires. À nous d'articuler l'interactivité permise par Internet avec l'audience de ce média de masse qu'est la radio (RFI compte 40 millions d'auditeurs à travers le monde). Je me suis également inspiré de la National Public Radio (NPR) américaine qui, depuis maintenant trois ans a initié un énorme brainstorming sur l'avenir de la radio, en mettant en œuvre des logiques participatives.

MD - L'instantanéité est-elle un point commun du Web avec la radio?

PC - (364/660) Ce n'est pas le principal point commun. La légèreté en est un autre. Souvent les reporter radio travail seul sur le terrain avec son matériel. Une logique qui se retrouve sur le Web. Ce sont des médias souples. Leur plasticité permet de modifier les contenus rapidement et simplement.

MD - La tendance est-elle au port de multiples « casquettes »?

PC - (410/660) Si la question s'adresse aux journalistes, je pense que oui, ils doivent avoir un minimum de bases dans les différents médias. Pour cela, le son est d'une grande importance. En revanche, si la question est de savoir si l'on peut tout faire, la réponse est non, en particulier sur l'actualité « chaude ». Tout est question de tempo. Là-dessus, la réflexion est encore embryonnaire.

MD - Quelles sont alors les principales tendances que vous avez pu identifiées?

PC - (490/660) La première concerne les producteurs. Ils doivent se faire un nom, dans la logique du « personnal branding ». Entre le média et le public, il y a un journaliste qui engage aussi sa crédibilité. Il est probable que certains médias deviennent des agrégations de marques personnelles, dans la logique du Huffingtonpost, par exemple. D'ailleurs, les sites média traditionnels ouvrent des blogs aux journalistes. Citons Rue89 ou le Figaro qui, en quelques mois, a mis en place une véritable plateforme de blogs de journalistes spécialisés.
La seconde tendance que je perçois concerne l'organisation de la porosité des médias. Ce ne sont plus des boites fermées. Les blogueurs ont un rôle important à y jouer. Il va falloir organiser ces communautés, pour tenter de faire remonter les informations de qualité et, dans l'autre sens, les faire diffuser par le plus grand nombre.

MD - Croyez-vous aux « Web-documentaires » ou « reportages multimédias » ?

PC - (616/660) Oh oui j'y crois. Il y a de très belles et très intéressantes choses à faire. Ce renouvellement offre de nouveaux outils, de nouveaux modes de récits, aux reportages. En revanche, il y a un problème économique : il n'y a pas de modèle. Ce qui explique que beaucoup de ces documents multimédias (image, son, texte) soient des prototypes. Ils demandent beaucoup de temps, sont donc chers et rapportent peu de visites. C'est une équation difficile.

MD - Philippe Couve, je vous remercie.
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