Uber : les conducteurs britanniques désormais "travailleurs" salariés

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 18 mars 2021 à 09h10
© Worawee Meepian / Shutterstock.com
© Worawee Meepian / Shutterstock.com

C'est une première mondiale pour Uber. Désormais, la compagnie californienne considérera ses chauffeurs comme des travailleurs salariés.

Une petite révolution est en train d'avoir lieu chez nos voisins britanniques. Le géant des VTC, Uber, a en effet annoncé, mardi, que l'ensemble de ses 70 000 chauffeurs (tout de même !) allaient percevoir un salaire horaire minimum et bénéficier de congés payés, et ce à compter de cette semaine. Une décision historique tant pour le modèle des plateformes numériques que pour la firme californienne.

Un statut de travailleur salarié octroyé à l'ensemble des chauffeurs

Les chauffeurs britanniques du service de VTC vont obtenir, outre-Manche, le statut de travailleur salarié, avec tous les avantages qui découlent de ce régime, et ce dès ce mercredi, comme l'annonce la plateforme. Exit donc le statut de travailleur indépendant pour quelque 70 000 chauffeurs.

Ce n'est pas forcément de gaieté de cœur qu'Uber a pris cette décision. D'autant plus que l'entreprise américaine n'était au départ pas partie pour accorder le statut à l'ensemble de ses conducteurs. Elle avait d'abord lancé une grande consultation des chauffeurs « partenaires » (un qualificatif plus doux que « indépendants ») sur le devenir et la considération de leur statut.

Mais surtout, la plateforme avait essuyé un cuisant revers devant la Cour suprême britannique, qui avait considéré, le 19 février 2021, que les chauffeurs Uber étaient bien, à ses yeux, des « travailleurs » salariés. Face au verdict, accepté par l'entreprise, tout a été mis en place pour que la bascule puisse s'opérer rapidement.

De nouveaux avantages, associés à d'autres

Il faut toutefois faire une distinction entre le « travailleur » et le « salarié », car outre-Manche, les deux séparés sont des statuts différents. Le salarié britannique jouit d'un contrat de travail, tandis que le travailleur peut recevoir un salaire minimum (fixé à 8,91 livres de l'heure à partir du mois d'avril), et prétendre à des avantages, comme les congés payés. Ils pourront aussi cotiser en étant automatiquement inscrits à un régime de retraite d'entreprise, auquel Uber va contribuer.

Les chauffeurs pourront toujours continuer à avoir accès à l'assurance maladie gratuite à laquelle ils peuvent prétendre en cas de maladie ou de blessure, tout comme les congés parentaux.

La justice britannique a donc donné raison au collectif d'une vingtaine de chauffeurs indépendants, qui légitimaient leur demande en raison du temps passé en étant connectés à l'application, et du regard de la plateforme sur leur travail, notamment au travers du processus controversé d'évaluation. Il est aussi à noter que les chauffeurs pourront toujours établir leur propre planning horaire.

« C'est un jour important pour les conducteurs au Royaume-Uni », a reconnu Jamie Heywood, Directeur général régional d'Uber pour l'Europe du Nord et de l'Est.

Source : Le Monde

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ?
Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
Commentaires (0)
Rejoignez la communauté Clubic
Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.
Commentaires (10)
monsieurbar

Un exemple à suivre pour l’Europe !

AlexLex14

ça peut donner des idées en effet :slight_smile:

ManuMike

Entre ça qui est une bonne chose pour les chauffeurs mais une moyenne pour Uber et la revente de la conduite autonome, ça n’annonce pas un avenir radieux pour Uber. Uber Eats n’est pas rentable et ne le sera peut-être jamais?

GRITI

Ouais bah ca va augmenter le prix des courses avec les CP, la retraite, le salaire mini etc…
Pffff tout ça pour quelques chauffeurs et leur confort de vie…
. Si même la justice s’y met pour entraver l’exploitation…
:smiling_imp::smiling_imp::smiling_imp::smiling_imp::smiling_imp::smiling_imp: (précision, c’est de l’ironie)

twenty94470

C’est une bonne chose pour eux par contre le prix côté consommateur ca commence à être trop cher, livraison + service c’est minimum 5e, ce qui fait souvent ( pour moi) 1/4 de la commande.

norwy

La fin d’une ère où les plateformes participaient à élever une nouvelle génération de « djeuns » en ouvriers-entrepreneurs individuels modèles et dynamiques, en empiétant sans vergogne sur la chasse gardée des taxis qui se croyaient tout permis (mais pas toujours avec le permis) les longues nuits de week-end…

Tout ça pour finir salarié avec un algorithme comme manager :

« Cher Paulo,
Tu peux prendre ton week-end, tu as bien bossé cette semaine.
A lundi.
Cordialement,
Uber 3.23.453
Algo-Manager »

La lutte des classes n’est plus ce qu’elle était.

Tout simplement hilarant…

GRITI

On parle des chauffeurs Uber ou des livreurs Uber Eats? Ils sont tous reconnus sous ce nouveau statut?

AlexLex14

Ici, seuls les chauffeurs de VTC d’Uber sont concernés :wink:

jason56

Brexit 1 / UE 0

MattS32

Ça n’a strictement aucun rapport avec le Brexit.