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P.-A. Lecointe, Unit4 Coda : "l'innovation arrive par les progiciels dédiés"

26 avril 2012 à 17h57
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Intégration ou flexibilité ? De nombreuses entreprises se sont un jour posé la question de savoir s'il fallait capitaliser sur un progiciel de gestion intégré (ERP) déjà installé, ou au contraire privilégier des solutions spécialisées. Dans le second camp, on trouve des éditeurs / intégrateurs comme UNIT4, spécialiste des secteurs comptabilité / finance. Son directeur France, Pierre-Alain Lecointe, nous livre sa vision - partisane mais argumentée - de la situation.

Pierre-Alain Lecointe, bonjour. Comment s'est fait selon vous l'avènement du tout intégré, et donc la montée en puissance du modèle ERP ces dernières années ?

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La montée de l'ERP s'est faite progressivement sur une vingtaine d'années. L'analyse que livrent des cabinets comme Gartner et consorts révèlent toutefois que la vraie percée s'est faite à l'occasion de l'an 2000. Si on se replace quelques années plus tôt, on voit qu'il y avait encore beaucoup d'applications Cobol, que la logique client serveur avait commencé à pénétrer l'entreprise mais pas encore le Web.

On avait d'un côté des progiciels dédiés bien implantés sur le marché, et de l'autre des grands ERP déjà en place, comme SAP et d'autres. L'approche de l'an 2000 et le fameux bug ont conduit bon nombre d'entreprises à changer leurs applications. L'ERP s'est alors imposé, et beaucoup ont lancé de grands projets en la matière.

Depuis, elles ont eu le temps d'en tirer le bilan. Vous avez déjà sans doute entendu cette fameuse citation de Jean Pierre Corniou, qui était alors président du Cigref et DSI de Renault, qui expliquait que « le miracle n'a pas eu lieu ». Beaucoup d'entreprises ont découvert que les projets étaient finalement bien lourds et d'un coût bien plus élevé que ce qui était prévu. La suite des années 2000 a révélé quelques échecs retentissants, notamment en provenance des US où ces affaires font beaucoup plus de bruit que chez nous, comme le cas qui opposait Waste Management à SAP. Certaines ont contribué à une remise en cause du modèle tout intégré.

On connait aussi tous les succès du modèle, avec à la clé de vraies réductions de coûts et une plus grande simplicité opérationnelle, sans que cela ne se fasse forcément au détriment de la richesse fonctionnelle...

L'ERP a le mérite d'être plus simple par essence, puisqu'il n'y a qu'un seule prestataire et une seule tecnho. Mais cela ne tient pas si une entreprise estime que l'un de ses secteurs fonctionnels est d'importance majeure, car elle ne trouvera pas l'innovation dont elle a besoin chez un éditeur de progiciel tout intégré. Si on prend le cas du CRM par exemple (gestion de la relation client), on voit qu'il est arrivé sur le marché par le biais d'acteurs dédiés tels que Siebel ou Salesforce - qui d'ailleurs se font souvent racheter. En règle générale l'innovation arrive par le biais d'acteurs spécifiques. C'est également vrai sur le terrain de la Business Intelligence avec Cognos ou Business Objects par exemple.

Une entreprise qui estime que sa logistique doit être de très haut niveau, avec gestion du multicanal etc., aura donc intérêt à aller chercher sur le marché et mettre différents acteurs en concurrence. En général, elle en arrivera à la conclusion que les progiciels dédiés sont supérieurs aux briques associées à son ERP.

On a d'ailleurs des exemples d'entreprises qui sont revenues vers le dédié. Dell par exemple, a initié un projet ERP en 1994 et l'a mis en production peu avant l'an 2000. Il a ensuite commencé à changer de modèle, en basculant vers la vente indirecte et les services. Comme il n'a pas réussi à reconfigurer l'ERP, il a choisi de le casser, puis de faire confiance à des prestataires spécialisés. Ils ont pris le module d'achats d'Oracle parce que c'était cohérent par rapport à leur gestion des ressources, et n'ont conservé SAP que pour les ressources humaines, parce que ça n'était pas stratégique.

L'antienne est bien connue.. et bien assimilée par les spécialistes de l'ERP, qui tous ont justement entrepris d'ouvrir et de rendre plus modulaires leurs systèmes.L'argument tient-il toujours autant ?

Il est vrai que les éditeurs ont ouvert leurs ERP. Avec la dernière version de R3 (progiciel intégré de SAP) et les architectures orientées services que tous ont mis en place, il est beaucoup plus facile d'intégrer un ERP au SI de l'entreprise, et d'intégrer un progiciel dédié à l'ERP. Ici, on conseille donc de voir si le domaine fonctionnel concerné est stratégique ou s'il relève de la commodity, ce qui peut varier d'une entreprise à l'autre.

Si c'est considéré comme stratégique, il faut l'application la plus agile et la meilleure, donc un progiciel dédié. Si la fonction est obligatoire mais non critique, on recommande clairement de prendre le module existant au sein de l'ERP, puisqu'il sera naturellement plus facile à intégrer. Pour nous, c'est vraiment l'aspect stratégique du domaine fonctionnel qui doit primer.

Dans cette optique du tout service, quelle est selon vous l'influence du cloud dans la bataille ?

On pense que le cloud constitue un accélérateur du retour de balancier vers le monde du progiciel dédié. Une entreprise a dans tous les cas un SI : elle ne va pas basculer vers le cloud d'un seul coup, mais se poser la question d'y porter certaines de ses applications, généralement à l'occasion de leur renouvellement naturel, soit environ tous les dix ans. Le CRM est un bon exemple : on teste d'abord le modèle cloud, puis on prend une application de type Salesforce pour l'intégrer aux applications éventuellement prises en charge par l'ERP sur le site interne de l'entreprise. Au bout d'un moment, on peut supposer que les entreprises auront la majeure partie de leurs briques dédiées dans le cloud. Peut-être se posera-t-il alors la question de les regrouper sous la forme d'un ERP dans le cloud. C'est le principe du balancier : le phénomène d'agrégation pourrait revenir.

Intégration contre développement, vers qui pencherait la balance des tarifs ?

Vous avez logiquement moins de développement pour un progiciel dédié, mais il y a un travail d'intégration. Le tout intégré a le mérite de fonctionner directement, mais vous aurez du développement spécifique à faire autour. Au final, les coûts se contrebalancent à peu près. Un éditeur de progiciel dédié pourra par contre faire profiter ses clients des best practice déjà mises en oeuvre, et lui prouver que son fonctionnel est plus pointu qu'un module équivalent chez un ERP. L'avantage est alors immédiat.

Pierre-Alain Lecointe, merci.

Alexandre Laurent

Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech,...

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Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech, que ça concerne le grand public, l'entreprise, l'informatique ou Internet. Milite pour la réhabilitation de Après que + indicatif à l'écrit comme à l'oral, grand amateur de loutres devant l'éternel, littéraire pour cause de vocation scientifique contrariée, fan de RTS qui le lui rendent bien mal.

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