98,5% des mots de passe analysés par l'entreprise spécialisée Specops sont vulnérables au risque cyber. L'étude, menée sur 10 millions d'identifiants compromis, permet de tirer la sonnette d'alarme.

L'équation est simple, et elle est presque rébarbative, mais elle est bien réelle : sur cent mots de passe utilisés au quotidien, moins de deux résisteraient à une cyberattaque moderne. L'expert en cybersécurité Specops Software vient de publier une analyse sans concession sur nos pratiques de sécurité numérique. Cette dernière révèle toute l'urgence de se conformer aux règles de base de cybersécurité. Une bonne fois pour toutes.
10 millions de mots de passe analysés, et un constat alarmant
L'entreprise spécialisée en protection Active Directory a donc passé au crible 10 millions de mots de passe, issus de bases de données piratées. Le résultat fait froid dans le dos, puisque 98,5% d'entre eux s'effondreraient face à une attaque automatisée. Pour établir ce diagnostic, les chercheurs ont fixé des critères draconiens, mais justifiés vous allez le voir.
Un mot de passe « costaud » doit comporter au minimum 15 caractères, et mélanger au moins deux types de caractères différents. Pourquoi cette exigence ? Car chaque caractère supplémentaire multiplie de façon exponentielle les combinaisons possibles, de quoi transformer le piratage en mission quasi impossible, même pour les machines les plus puissantes du marché.
La visualisation sous forme de carte thermique dévoile une géographie numérique inquiétante. La majorité des utilisateurs campent dans la zone rouge du danger, avec des mots de passe de huit caractères agrémentés de quelques chiffres. Une recette parfaite pour les cybercriminels qui excellent dans l'art du craquage express.
Au total, seuls 3,3% des mots de passe analysés dépassent la barre fatidique des 15 caractères. Plus troublant encore, 55,3% des utilisateurs se contentent d'un ou deux types de caractères. Voilà autant de pratiques minimalistes qui transforment nos comptes en portes grandes ouvertes pour les hackers les plus patients.
Les mauvaises habitudes en mots de passe perdurent
« Malgré des années de formations et de sensibilisation, de nombreux utilisateurs continuent d'opter pour des mots de passe simples et prévisibles. Notre heatmap donne une image claire de ce déficit de sécurité – et alerte sur la nécessité urgente de revoir les politiques internes », souligne Darren James, Senior Product Manager chez Specops.
Les conséquences d'un mot de passe deviné par les hackers dépassent, rappelons-le, largement le cadre personnel. Dans un univers professionnel, un identifiant compromis transforme le réseau entier en terrain de jeu pour les attaquants. Et la réutilisation massive des mots de passe aggrave encore la situation, puisqu'un seul vol peut ouvrir l'accès à plusieurs services internes simultanément.
Les cybercriminels ne s'embarrassent plus de subtilité. Bourrage d'identifiant, attaques distribuées à l'aide de botnets ou contournement des protections classiques… les méthodes exploitent systématiquement les faiblesses structurelles de nos habitudes. Même le hachage, pourtant considéré comme une protection solide, devient insuffisant face à des mots de passe fondamentalement prévisibles. La meilleure solution de protection que l'on puisse encore proposer reste un bon gestionnaire de mots de passe, qui évite les erreurs humaines et tranquillise un minimum l'utilisateur.