Cette fois il atterrit ! SpaceX réussit le vol d'essai de Starship SN15

Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender, Spécialiste espace.
Publié le 06 mai 2021 à 09h16
Starship à la verticale, quelques secondes après son atterrissage. Crédits SpaceX
Starship à la verticale, quelques secondes après son atterrissage. Crédits SpaceX

Un nouveau prototype Starship s'est envolé dans le ciel du Texas ce 6 mai à 00h24. Pour la cinquième fois en cinq mois, le véhicule a décollé à l'aide de ses moteurs Raptor, est monté à environ 10 km d'altitude, puis est revenu sur le site pour s'y poser. Mais cette fois, il est resté debout, intact, à la verticale sur ses pieds.

Un progrès indéniable !

Précédemment, dans « SpaceX Starship »…

Le feuilleton des essais en vol de Starship continue. Après SN8 en décembre, SN9 en février puis SN10 et SN11 en mars, le tour de SN15 est arrivé ! Un saut dans la numérotation, dû aux progrès des équipes de production et aux changements de designs : les exemplaires SN12, 13 et 14 ont finalement été abandonnés (et ferraillés, pour les quelques éléments déjà produits) pour passer directement à un prototype plus avancé.

Starship SN15 est arrivé sur le site de lancement le 8 avril, avant de suivre comme ses prédécesseurs une petite litanie d'essais : étanchéité à température ambiante, tests sous pression, remplissage des réservoirs à température cryogénique, installation puis essais de ses trois moteurs Raptor (une version modifiée et améliorée, elle aussi). Deux mises à feu statiques ont pu avoir lieu les 26 et 27 avril, et laissaient supposer un vol dans les jours suivants. Il a finalement eu lieu dans la nuit du 5 au 6 mai (00 h 24, heure de Paris).

Saut de l'ange réussi

Les efforts de développement ont payé. Après un décollage sans encombre (et malgré un retour vidéo pour une fois de mauvaise qualité), Starship SN15 a gagné les 10 kilomètres d'altitude en éteignant progressivement deux de ses trois moteurs. Après un peu plus de 4 minutes de vol, le dernier propulseur s'est éteint, et le vaisseau a basculé à l'horizontale pour revenir tenter de se poser à quelques centaines de mètres de son point de départ. À moins d'un kilomètre d'altitude, les moteurs se sont alors rallumés pour faire basculer Starship à la verticale et lui permettre de sortir ses pieds et d'atterrir, le plus doucement possible.

Cette manœuvre avait échoué à divers degrés ces derniers mois : SN8 et SN9 n'avaient pu maintenir les moteurs allumés pour freiner suffisamment l'étage, SN11 avait explosé en vol, et SN10 posé de travers souffrait d'une fuite de méthane qui elle aussi résulta en une impressionnante boule de feu. Pour SN15, rien de tout cela, Starship s'est posé avec deux moteurs allumés sur le bord de sa zone de récupération, pieds déployés et structure intacte.

Seul un petit incendie est venu rythmer les opérations post-vol, laissant craindre (à tort cette fois) une nouvelle catastrophe. Ce dernier fut vite éteint, tandis que le fondateur de SpaceX, Elon Musk, tweetait sa joie de voir un « atterrissage nominal ».

Starship hip hip Hourra !

Le programme Starship, s'il vient de réussir une nouvelle étape, est loin d'être terminé. SpaceX aura sans doute à cœur de montrer que ce retour réussi ne tenait pas à un coup de chance mais, au contraire, à une véritable maîtrise technique. Il s'agira ensuite de montrer des gages pour la réutilisation, et de préparer des tentatives plus ambitieuses (vol suborbital, vol orbital à l'aide d'un futur étage SuperHeavy)…

Dans l'immédiat, le sort du prototype SN15 est encore incertain, même s'il sera sans doute examiné avec minutie dans les heures et les jours qui viennent. Son successeur SN16 est pratiquement prêt, dans son bâtiment sur le site d'assemblage situé à quelques kilomètres du SN15. Tout dépendra de l'effort qui est souhaité par la direction du programme, car le site de lancement orbital, en pleine construction, doit stopper toute activité lors d'un essai de Starship. Or ces travaux doivent progresser si l'entreprise aspire à mettre en ligne SuperHeavy dans les mois à venir.

La réussite de cet essai permet en tout cas aux ambitieux objectifs du programme de se concrétiser un peu plus.

Source : SpaceNews

Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender
Spécialiste espace

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (10)
Felaz

GG SpaceX !

moa

Bravo aux techniciens/ingénieurs :clap::clap:

wedgantilles

Sans surprise à force de tenter ils résolvent les problèmes au fur et à mesure et finisse par y arriver, comme pour les atterrissage qu’il a fallu longtemps pour mettre au point sur les barges océaniques, mais qui aujourd’hui sont quasiment la routine pour SpaceX.

kplan

Ca a un petit côté « atterrissage du Rocinante » qui est assez grisant…

PaowZ

j’y ai pensé aussi ! xD

En tout cas, sur le peu d’images disponibles sur le stream (que je mets en lien ici : https://www.youtube.com/watch?v=z9eoubnO-pE ) on voit le travail des Raptors avec le changement d’angle des cônes de poussée… j’aimerais bien voir les verrins au sommet des réacteurs.
Il y a une autre étape qui m’est apparu moins claire, apparemment, ils font une opération avec le carburant alors que la fusée est à l’horizontale, à son apogée, comme s’ils faisaient basculer ce carburant d’un réservoir à un autre… si quelqu’un a des infos là-dessus…

Space_Boy

Incroyable à la vitesse ou ils construisent ces fusées. Ils une linge de montage ou bien? Autres que les moteurs, je pense que c’est vide à l’intérieur.

Trouvé: https://youtu.be/OKy2Z2BnyU8

eric75fr75

« feu rapidement éteint », au contraire moi je trouve que çà dure quand même bien longtemps.

nicodunord

Il y a deux petits réservoirs sphériques (LOX et méthane) qui prennent le relais au rallumage des moteurs juste avant le flip. A ma connaissance, ils sont remplis avant décollage, sans transfert de carburant durant le vol

cirdan

« Saut de l’ange réussi »
Le saut de l’ange c’est la tête la première, c’était pas vraiment le but recherché !

ebottlaender

Ah quand même, quand ils coupent les moteurs, ça bascule pas mal vers l’avant !
Cela dit bien sûr, ce n’est pas la description la plus précise du procédé.