L'UE sort les gros billets pour créer une vraie industrie européenne des semi-conducteurs

Mallory Delicourt
Publié le 19 avril 2023 à 16h35
© Blue Andy / Shutterstock
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Les pays de l'Union européenne et le Parlement européen viennent de trouver un accord qui doit permettre de développer l'industrie des semi-conducteurs sur le Vieux Continent, et ainsi de réduire la dépendance vis-à-vis de l'Asie.

L'objectif du Chips Act est de faire en sorte que l'UE possède 20 % du marché mondial en 2030.

Le Chips Act pour regagner en indépendance

Si la pandémie a révélé une chose, c'est l'énorme dépendance des pays occidentaux vis-à-vis des usines asiatiques produisant les semi-conducteurs. L'arrêt des lignes de production a créé d'énormes pénuries dans tous les secteurs qui utilisent ces technologies, et chacun essaye désormais d'assurer ses arrières. Les États-Unis ont déjà lancé la construction de nombreuses usines, et c'est désormais au tour de l'Union européenne. Pour Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, l'Europe prend son destin en main en investissant lourdement dans la production de semi-conducteurs de pointe.

« En maîtrisant les semi-conducteurs les plus avancés, l'UE deviendra une puissance industrielle sur les marchés du futur », a ajouté Thierry Breton, qui fut ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique de 2005 à 2007.

Pour atteindre l'objectif des 20 % du marché mondial, c'est-à-dire le double par rapport à aujourd'hui, ce ne sont pas moins de 43 milliards d'euros venant du public et du privé qui vont venir soutenir le développement de cette industrie au sein de l'Union. L'UE ne part cependant pas de rien, puisqu'elle est déjà à la pointe en matière de recherche. Il reste maintenant à faire coïncider les recherches et la production pour moins dépendre des importations.

Session du 12 décembre 2022 à Strasbourg © Frederick Florin, AFP
Session du 12 décembre 2022 à Strasbourg © Frederick Florin, AFP

Prévenir les pénuries, anticiper les crises

L'indépendance est le premier facteur à avoir motivé la mise en place de ce Chips Act. Aujourd'hui, l'Europe ne représente plus que 9 % de la production mondiale tandis que l'Asie, avec Taïwan, la Corée du Sud et la Chine, en représente plus de 90 %. Aussi, toute crise devient un potentiel problème.

L'électrochoc des dirigeants européens a été provoqué par la pandémie de COVID-19 qui a entraîné une importante pénurie de semi-conducteurs. Véhicules, smartphones, consoles de jeux, télévisions, centres de stockage de données, tous ces secteurs qui ont besoin de ces composants se sont retrouvés en grande difficulté pour produire tout en faisant face à une flambée des prix.

Tous ont tenté de sécuriser des stocks, ce qui a créé de vives tensions. Les tensions géopolitiques avec la Chine n'aidant pas, il a fallu « prendre le taureau par les cornes ». La situation était à ce point compliquée que la Commission européenne a été convaincue d'alléger son encadrement des aides d'État et mener une politique interventionniste. Reste à voir comment l'UE va réussir à relocaliser la production, les machines-outils, le conditionnement et la distribution tout en remplissant ses objectifs en matière d'écologie.

Par Mallory Delicourt

Historien finalement tombé dans le jeu vidéo, je me passionne pour ces deux domaines ainsi que pour l'espace, les sciences en général, la technologie et le sport. Streameur en pointillé, j'ai tellement de jeux à faire que j'ai dû créer un tableur. Rédacteur newseur depuis 6 ans, j'aime faire vivre l'actualité aux lecteurs.

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Commentaires (10)
phoenix2

Enfin ils se réveillent, et c’est bon pour la concurrence et les prix !!

granit_be

ils devraient faire la même chose avec les principes actifs des médicaments car la chine produit 85% ce ces molécules. si un conflit éclate avec elle, on est pas bien …

Baxter_X

Excellente nouvelle pour la souveraineté Européenne

cracktonslip

Avant de s’occuper des semis conducteurs on ferait bien de monter un labo pharma d’Etat pour fabriquer des médocs dont les molécules sont dans le domaine publique (paracétamol, ibuprofène, amoxiciline, …).
On payerait ces médocs de base moins chers et on ne serait plus esclave du bon vouloir des autres.

Nmut

Ils y travaillent aussi. Au moins la pagaille logistique du Covid a servi à quelque chose…
Et heureusement, l’occident maitrise les médicaments eux-même => chacun tient l’autre par les c0uilles… :stuck_out_tongue:

Bof, pas sûr, la centralisation fait faire des économies d’échelle colossales… Mais c’est clair que la dépendance a des coûts potentiels bien plus importants mais supportés par la société, pas par les boîtes qui donc s’en foutent…

g-m1n1

Covid + guerre en Ukraine ont fait ouvrir les yeux à bcp de monde.
Dommage qu’on ai perdu tellement d’années.

20% de la production mondiale, pour 500millions d’habitant, c’est plus que suffisant!
Dans des secteurs comme l’automobile, le militaire, il est important de ne pas être dépendant d’un tiers.

keyplus
sylvebarbe78

43 milliards c’est peanuts !!! Ridicule :joy:
Pour réellement concurrencer les autres continents il faudrait multiplier cette somme par 10 au minimum.

dredd

Cet accord a plus d’un an.

Pourquoi ressortir ça maintenant ?

Aucun document daté de moins de 8 mois (une enquête qui fait suite à cet accord) sur la page de la commission. J’ai raté une info ?

dredd

L’objectif n’est pas de concurrencer la Chine ni même les Etats Unis mais d’acquérir une indépendance sur des secteurs très précis et stratégiques (armement, intelligence, I.A.). Ça n’a pas vocation à créer des ARM ou x86 que tu vas retrouver dans une console ou des puces pour ton frigidaire.