Apple a-t-il abusé des données des utilisateurs à des fins publicitaires en France ?

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
26 juillet 2023 à 10h00
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© lumosajans / Shutterstock.com
© lumosajans / Shutterstock.com

L'Autorité de la concurrence reproche à Apple d'avoir abusé de sa position dominante en matière de suivi publicitaire. Elle demande des comptes à la firme de Cupertino.

Mardi, en fin de journée, l'Autorité de la concurrence a publié un communiqué de presse dans lequel elle indique avoir notifié au groupe Apple un grief portant sur les pratiques de publicité sur les applications mobiles iOS de la marque à la pomme, qui seraient contraires à la réglementation. Si la procédure est contradictoire, ce qui donne donc la possibilité à Apple d'y répondre, elle a en réalité démarré il y a trois ans.

Les acteurs publicitaires reprochaient à Apple l'apparition d'un bandeau de consentement

Tout a commencé le 23 octobre 2020, lorsque l'Autorité de la concurrence fut saisie par diverses associations du monde de la publicité, qui lui demandaient alors de prendre des mesures conservatoires contre Apple. En cause ? La politique ATT pour les applications sur iOS qu'Apple voulait mettre en place, et qui fut finalement déployée en 2021, en même temps qu'iOS 14.5.

Rappelons que la politique ATT (App Tracking Transparency) est un dispositif qui permet de faire apparaître sur l'écran de l'iPhone une fenêtre pop-up qui demande à son propriétaire son consentement sur la question du partage de ses données personnelles à des fins publicitaires. Cette fenêtre s'ouvre dès lors que l'utilisateur consulte une application qui vient d'être téléchargée sur l'App Store. Si le propriétaire de l'iPhone consent, alors, les tiers peuvent accéder à l'IDFA, l'identifiant de chaque appareil Apple, qui permet ce fameux suivi publicitaire. Pour les entreprises ayant saisi l'autorité, Apple commettait un abus de position dominante en propulsant le bandeau, car cela imposait aux développeurs d'applis des conditions de transaction inéquitables.

À l'époque, l'Autorité de la concurrence avait rejeté la demande de mesures conservatoires, préférant prendre son temps pour recueillir des éléments, en poursuivant donc l'instruction au fond. Celle-ci a abouti à une notification de griefs, d'un grief plus particulièrement.

La fonctionnalité ATT, ici sur Facebook © Apple
La fonctionnalité ATT, ici sur Facebook © Apple

Apple essaie de montrer patte blanche

Aujourd'hui, l'autorité estime que les pratiques d'Apple sur la distribution d'applications sur ses terminaux mobiles sont « susceptibles d'avoir des effets sur plusieurs marchés connexes de services publicitaires et de services aux consommateurs ». Pour elle, Apple a abusé de sa position dominante, en mettant en œuvre des « conditions discriminatoires, non objectives et non transparentes en matière d'exploitation des données des utilisateurs à des fins publicitaires ».

Voici le grief communiqué à Apple, qui peut désormais exercer ses droits de la défense. Précisons que cette procédure ne présume pas de la culpabilité de l'entreprise. Elle ne marque en fait que le début de l'instruction. Reste désormais à la firme américaine de la convaincre qu'elle respecte bien la réglementation.

D'ailleurs, Apple a répondu dans un communiqué en indiquant que la fonctionnalité ATT donnait aux utilisateurs « un meilleur contrôle », rappelant devoir, comme tous les développeurs, se conformer à l'ATT. Mais la société ajoute ne pas afficher d'invite ATT sur les applications d'Apple (donc sur ses propres applications), « car elles ne suivent pas l'utilisation, ce qui signifie qu'elles ne lient pas les données de l'utilisateur ou de l'appareil avec les données de l'utilisateur ou de l'appareil collectées » à partir d'applications, sites web ou autres à des fins de publicité ciblée ou de mesure de la publicité. Apple revendique ne pas partager les données de l'utilisateur avec des courtiers en données. Enfin, l'entreprise explique appliquer à ses activités publicitaires « un niveau de confidentialité encore plus élevé que celui demandé à tout autre développeur ».

L'AFCDP (Association française des correspondants à la protection des données à caractère personnel) fait le rapprochement avec le dernier projet de recommandation sur les applications mobiles publié par la CNIL, le 21 juillet 2023. « Selon certains observateurs, cette recommandation donnerait un avant-goût de l'avis que la CNIL doit remettre à l'Autorité de la concurrence dans le dossier en cours, et serait plutôt favorable à la solution d'Apple », nous dit l'association.

Alexandre Boero

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM, école reconnue par la profession), pour écrire, interviewer, filmer, monter et produire du contenu écrit, audio ou vidéo au quotidien. Quelques atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la production vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et la musique :)

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Commentaires (7)

trollkien
Les GAFAM c’est comme les politiciens :<br /> 1 - Pas vu pas pris<br /> 2 - Une fois pris, responsable mais pas coupable<br /> 3 - retour en 1
Roger_Pimpon
Les GAFAM, les politiciens, c’est comme les gens.<br /> Pas des entités spontanées, nées de rien.<br /> Elles et ils sont à notre image. Nous les élisons comme consommateur et électeur.<br /> Certes notre pouvoir individuel est faible (ce qui excuse invariablement tout). Ce sont nos divisions et nos bassesses (parce que les gens irréprochables …) qui leur confèrent leur pouvoir. Et étrangement, lorsqu’un gain immédiat et certain se profile, l’union se fait bien vite.
Pernel
C’est impossible ! Apple respect ses clients !<br /> On me dit dans l’oreillette (ouais j’ai une oreillette quantique), qu’Apple est un enfoiré comme ses petits camarades. Ils font très « pro », très clean, très green (washing), mais c’est pas mieux que les autres.
Aegis
J’espère qu’ils gagneront leur procès. Je n’ai aucune envie que les applications puissent me suivre sans donner leur consentement.
Werehog
Vous avez vraiment lu l’article ?
Pernel
As-tu lu le commentaire en entier ?
pecore
C’est une début d’instruction, donc le début d’une enquête pouvant aboutir à… rien.<br /> Or il suffit de parler de ça pour que certains y voient déjà un procès ET une condamnation. Rien n’est moins sûr pourtant, surtout si l’on en croit le dernier paragraphe de l’article.
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