Villages Nature Paris, une destination touristique « connectée et écoresponsable » (Interview)

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
27 novembre 2019 à 12h30
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Bracelets cashless, navettes électriques, lutte contre la pollution sonore et visuelle, croissance... le complexe Center Parcs, situé à quelques minutes de Disneyland Paris, devient un lieu branché, tout en répondant aux enjeux de la transition énergétique.

Villages Nature Paris est une destination qui s'assure de répondre aux enjeux environnementaux et énergétiques actuels. Ouvert depuis un peu plus de deux ans, le complexe né de la collaboration entre le groupe Pierre et Vacances-Center Parcs et Euro Disney SCA utilise un mode de transport interne électrique, fait de la géothermie sa principale ressource, et offre à ses visiteurs un parcours-client connecté, destiné à faire tomber les contraintes du tourisme passé.

Pour détailler ces divers points, nous sommes allés à la rencontre de Bruno Guth, directeur général de Villages Nature Paris, dans le cadre de la deuxième et dernière partie de notre grand reportage sur la destination.


Partie 1 : Villages Nature Paris, une destination pionnière sur l'expérience digitale

Clubic : Dans un premier temps, nous avons décidé d'aborder avec vous l'expérience digitale, qui est particulière, ici à Villages Nature Paris. La destination est d'ailleurs un peu pionnière pour le groupe Pierre & Vacances-Center Parcs. Pouvez-vous nous détailler le parcours digital que va effectuer un client de votre site, du moment où il s'intéresse à la destination, sur le web, jusqu'à ce qu'il pose ses affaires, ici dans son cottage ou dans son appartement ?

Bruno Guth : Notre client peut réserver son séjour via notre site web ou en passant par notre application, qu'il peut avoir téléchargé lors d'un précédent séjour. De là, il pénètre dans un système qui lui permet d'organiser tout son séjour. Avant même d'arriver sur place, il peut surfer sur tout le programme de son week-end ou de sa semaine, et organiser son séjour, pour mieux préparer son arrivée. Beaucoup veulent éviter d'être dans la "contrainte." Le sans contrainte, pour nous, c'est important.

Ensuite, dès son arrivée sur le parc, nous avons oublié d'avoir des clés pour son cottage (rires), ou des cartes. Nous fonctionnons avec un bracelet donné à chaque participant du cottage. Les bracelets sont préprogrammés sur la durée du séjour et préprogrammés à reconnaître que tel client se trouve dans tel hébergement. Il permet d'accéder à l'Aqualagon, à la piscine et à ses casiers, ce qui offre un véritable confort.

« Le bracelet que porte tous nos visiteurs sert de porte-monnaie électrique... »


Derrière, le client peut réserver ses activités avec son téléphone, via l'application. Ces activités vont se retrouver dans le bracelet. En somme, vous n'avez plus à consulter votre téléphone constamment. Et au pire, on peut consulter, sur des écrans présents sur tous nos points de vente, l'historique de ses activités.

Le bracelet sert aussi de porte-monnaie électronique. Généralement, on ne va pas à la piscine avec sa monnaie ou sa carte bancaire. Ici, pour le coup, le bracelet vous évite de transporter tout cela avec vous. En termes de parcours client, c'est intéressant, car on oublie nos habitudes, et on y prend vite goût. Nous avons su, avec ces bracelets, créer un besoin auprès de nos clients.

J'ajoute que 100 % des visiteurs sont équipés de notre bracelet, y compris les visiteurs à la journée, ce qui nous permet notamment de suivre lesquels vont fréquenter des restaurants, faire du loisir, ou rester à la piscine.

Connaît-on la part de visiteurs qui utilisent les bracelets pour effectuer leur paiement par exemple ?

Nous analysons les données par point de vente, par exemple pour savoir si ce sont nos restaurants, la boulangerie ou les loisirs qui génèrent des paiements cashless. En kilo-euro, nous avons dépassé les plus de 200 000 euros d'activités vendues via les bracelets. Cela ne veut pas dire que ça a développé le chiffre d'affaires, mais ça offre avant tout aux clients la solution de ne pas faire la queue à la réception. Cela fait partie du sans contrainte dont je vous parlais.

Le bracelet a-t-il été développé en interne ?

Absolument. Nous l'avons développé avec les équipes du siège. Il y a eu un vrai travail, main dans la main, entre le siège et les opérationnels que nous sommes. Et nous ne ferions pas marche arrière.

« ... et coûte en-dessous d'1 euro l'unité »


Quel est le coût d'un tel bracelet ?

Nous sommes en-dessous d'1 euro l'unité. Les bracelets sont réutilisables et uniques qui plus est. Si le client perd son bracelet et que quelqu'un d'autre le récupère, il ne peut pas trouver le numéro d'hébergement pour autant, ce qui est un gage de sécurité. Même chose pour la piscine : il y a 2 600 casiers à faire un par un.

Par sécurité, nous avons développé des petits PDA (Ndlr : Park Digital Assistant), qui sont comme des téléphones portables, qui nous permettent d'accompagner les clients, de procéder à des ventes d'activités partout sur le terrain, sauf à la réception. Cela nous permet aussi, si un visiteur perd son bracelet, de vérifier son cottage, au cas où.

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Le bracelet, indispensable sur Villages Nature (© Alexandre Boero pour Clubic)

Quel traitement des données personnelles et des données d'activités faites-vous ?

Nous respectons évidemment la réglementation sur les données personnelles. Tous les outils IT sont extrêmement bien ciblés sur cette partie-là.

Les données nous permettent de comprendre la consommation des clients, mais en mode volume, et pas sur un plan individuel, de comprendre les besoins de nos clients pour pouvoir mieux anticiper les prochaines années, et encore mieux surprendre le client.

« Des navettes électriques qui circulent en continu, et d'une autonomie de 120 kilomètres par jour »


Outre leur utilité, on imagine que la perte des bracelets doit être bien plus faible que celle des cartes magnétiques que l'on retrouve dans les hôtels ?

C'est tout à fait juste. Le taux de perte est extrêmement faible. Lorsque nous avons fait notre business case (Ndlr : une étude d'opportunité) du coût des bracelets, c'était au final avantageux, en plus d'être un vrai avantage opérationnel.

Et ils ne peuvent pas se démagnétiser à proximité d'un smartphone non plus ?

Tout à fait, et ce au contraire des cartes, qui collées dans des pochettes de téléphone, peuvent se démagnétiser.

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Le Bluebus, navette électrique de Villages Nature (© Alexandre Boero pour Clubic)

Partie 2 : Villages Nature Paris, une destination éco-responsable

Des navettes électriques circulent tout au long de la journée sur Villages Nature Paris. Votre flotte est composée de combien de véhicules, et quelle est leur autonomie ?

Nous avons 4 véhicules qui circulent sur le site en continu, de 8h à 22h voire 23h pour la belle saison, en été, ou suivant le remplissage. Beaucoup de clients viennent à Villages Nature grâce aux transports comme l'avion, le train ou le bus. Ces navettes Bluebus (Ndlr : du groupe Bolloré) sont dotées d'une autonomie d'environ 120 kilomètres dans la journée, ce qui est largement suffisant. Le soir, elles repartent à la charge.

Elles permettent de faire la rotation, sur tout le site, en continu. Généralement, il y en a toutes les 15 ou 20 minutes, et elles passent au milieu des zones d'hébergement. C'est pratique et il n'y a pas de gêne sur le plan sonore.

Concernant la géothermie, Villages Nature Paris a économisé 7 400 tonnes de CO2 en équivalent gaz en 2018. Ce qui est important...

La géothermie faisait partie de la signature du projet, et constitue l'un des fondamentaux de la destination. L'ensemble du site (hébergement, Aqualagon compris) est chauffé, ce qui comprend tout de même 3 500 lits avec une occupation à l'année de 74 %. C'est bien d'avoir eu l'audace de le faire.



Quels sont vos liens avec Disneyland Paris ?

Nous partageons toujours nos sujets ensemble, ce qui est important, car nous sommes deux experts du tourisme et des loisirs qui travaillent main dans la main pour la réussite de Villages Nature Paris. Nous partageons nos forces, nos cerveaux et nos spécialistes ensemble, nous avons par exemple régulièrement des réunions d'échange avec nos collègues de chez Disney.

« La biodiversité, le retour de certaines espèces font partie de l'ensemble du projet »


Villages Nature Paris lutte aussi contre la pollution... visuelle, en proposant un éclairage volontairement faible, quitte à surprendre les visiteurs, de façon à faire revenir la faune sur place, après la période de construction.

Nos clients viennent chez nous pour trouver quelque chose de différent de leur quotidien. Si nous leur offrons des éclairages similaires à ceux des centres-villes avec des vitrines très éclairées, ça n'est pas forcément pertinent. Ce que l'on souhaite, c'est raconter, nous, des histoires avec l'éclairage, en créant des ambiances et des atmosphères.

La biodiversité, le retour de certaines espèces font partie de l'ensemble du projet. Le site n'a que deux ans, mais la végétation a repris ses droits, les animaux aussi, petit à petit.

Vous étiez à Londres, le 6 novembre, pour recevoir le trophée d'argent des World Responsible Tourism Awards, pour avoir contribué à la réduction de votre empreinte carbone. Que pouvez-vous nous dire sur ce prix ?

Ce prix est une reconnaissance de pairs et d'acteurs du tourisme mondial, qui ont reconnu la démarche environnementale de Villages Nature, comme la géothermie par exemple. La destination a été plébiscitée comme l'un des acteurs majeurs du site ayant réduit au maximum son empreinte. C'est le fruit d'un travail qui a démarré il y a une dizaine d'années, avec la volonté de livrer le site avec une démarche environnementale fortement présente.

Partie 2 : Villages Nature Paris, une destination à la fréquentation croissante

Combien de clients Villages Nature Paris a su attirer depuis son ouverture en 2017, et notez-vous déjà une croissance du nombre de visiteurs entre 2018 et 2019 ?

Sur l'exercice clos il y a quelques semaines, à cheval sur deux exercices puisque nous démarrons en octobre et finissons en septembre, nous avons frôlé le million de nuitées. En taux d'occupation, nous avons atterri, nous le disions, à 74 % d'occupation. La tendance est meilleure que l'année précédente, puisque nous avons augmenté notre taux d'occupation de 2 points, et avons étendu notre durée de séjour autour de 4,5 jours en moyenne.

Où en est-on de l'extension de Villages Nature ?

Nous avons des projets en cours, qui faisaient d'ailleurs partie du projet initial, en plusieurs phases. Derrière l'Aqualagon, une zone d'extension avoisinant les 250 unités d'hébergement est censée arriver à l'horizon de deux-trois années. Les logements seront davantage des cottages. Les phases suivantes, elles, feront certainement pousser de nouveaux appartements.

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La destination possède une ferme qui fait le bonheur des petits et des grands (© Alexandre Boero pour Clubic)

Alexandre Boero

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Journaliste, chargé de l'actualité de CLUBIC. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de CLUBIC. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM), pour écrire, interroger, filmer, monter et produire au quotidien. Des atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la prod' vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et Koh-Lanta :)

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Commentaires (9)

Koin-Koin
Ce sont des bracelets, ça se porte au poignet. Si ça se portait au doigt ce serait des anneau ou des bagues.<br /> Dommage, j’avais noté une amélioration des textes sur Clubic mais je constate que certains rédacteurs ne peuvent s’empêcher d’utiliser des faux-amis.
AlexLex14
Sympa ce troll.
Koin-Koin
Peut-être est il possible d’avoir une version plus développée de cette critique de mon opinion ?<br /> A défaut, le qualificatif de troll serait réciproque.
AlexLex14
La question est : quel est ton problème avec le terme « bracelet » ?
Koin-Koin
Alors effectivement il y a mal compréhension de mon propos.<br /> C’est ma faute, je l’accorde, je n’aurais pas du l’exprimer avec autant de subtilité.<br /> Je faisait référence au mauvais usage du terme « digitale » qui n’est pas la traduction de « digital » mais désigne ce qui se rapporte au doigt.
AlexLex14
Effectivement, c’est plus clair <br /> D’autant plus que le bracelet constitue une partie importante de l’interview, donc je cherchais l’erreur <br /> Du coup @Koin-Koin, sur le terme digital, oui, ça désigne ce qui se rapporte au doigt, tu as raison.<br /> Mais… c’est aussi un synonyme de « numérique », comme le confirme notamment le Larousse
Koin-Koin
En occurrence « digital » n’existe pas en français. C’est un terme anglais dont la traduction est numérique. Le terme français « digitale » (toujours avec un e) n’a absolument rien à voir avec numérique en français.<br /> Autant quand ce sont les propos de la personne interviewée, je comprends que ce soit conservé (après tous la plupart d’entre eux sont là pour vendre leur truc et s’il veulent parler le marketing bullshit ce n’est pas à l’auteur de l’article de remplacer leurs mots) autant ça me pique les yeux de voir régulièrement des faux-amis comme « digitale » « massive/massif » « solide » utilisés à tort dans les colonnes de Clubic.<br /> Par contre, je n’ai aucun soucis lorsqu’un terme anglais (ou d’une autre langue) est maintenu (et passé en italique comme le veut la convention) même s’il est préférable de ne pas en abuser.<br /> Sinon, en ce qui concerne les bracelets de Village Nature, connaissant leur histoire (en coulisse), je ne saurait être objectif sur le sujet (mais il n’en reste pas moins intéressant).
AlexLex14
Réflexion intéressante en tout cas, merci <br /> Et bien qu’on soit un peu hors-sujet par rapport à ce qui est dit dans l’interview, pour finir sur ce point, passer le terme en italique devrait en effet être la règle, (bien que l’immense majorité des médias ne la fassent pas, vu la masse de termes anglophones aujourd’hui employés dans la vie de tous les jours), c’est bien de l’avoir rappelé en tout cas.
cirdan
Complètement d’accord. Le problème n’est pas d’utiliser un terme anglais, il y en a même certains qui peuvent combler un manque, mais de l’utiliser alors qu’il signifie déjà autre chose en français.<br /> Il y a eu une mode dernièrement, c’était d’utiliser « versatile » pour désigner un appareil polyvalent. Quand on connait la définition en français, en plus d’être un mot qui ne s’emploie que pour des personnes, c’était vraiment ridicule.
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