La constellation satellite OneWeb débloquée grâce à la fusée indienne GSLV

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
27 octobre 2022 à 16h55
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GSLV Mk3 est la fusée la plus capable de l'arsenal indien © ISRO
GSLV Mk3 est la fusée la plus capable de l'arsenal indien © ISRO

L'opérateur de connectivité par satellite OneWeb se relance, 8 mois après l'invasion de l'Ukraine et le début de ses difficultés avec la Russie, avec le décollage de 36 satellites. Le tir a eu lieu depuis l'Inde le 22 octobre et marque l'ouverture du pays à de nouvelles opportunités spatiales commerciales.

OneWeb espère désormais 5 lancements avant le printemps prochain.

Après la pluie…

Le ciel s'éclaircit enfin pour OneWeb. Après la faillite de l'entreprise en 2020, puis l'envoi réussi de multiples grappes de satellites en 2021, le groupe espérait que 2022 serait l'année des premiers bénéfices. Mais depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février dernier, les obstacles ont été nombreux.

D'abord des sanctions et contre-sanctions ont stoppé la collaboration entre Arianespace (qui avait commercialisé les fusées pour envoyer les satellites OneWeb vers l'orbite) et Roscosmos (qui fabrique et opère les fusées Soyouz). Ensuite, la « prise d'otage » d'une grappe de 36 satellites OneWeb, toujours bloquée aujourd'hui à Baïkonour avec son décollage annulé, a eu lieu. OneWeb a réussi le tour de force de trouver en quelques mois des solutions de secours, même si cela a nécessité de passer par un concurrent indirect (SpaceX) et un fournisseur inattendu, NewSpace India Limited, qui propose à l'international des fusées indiennes.

Les grands progrès indiens

Ce 22 octobre à 20 h 37 (heure de Paris), la plus imposante des fusées indiennes, la GSLV Mark 3, a décollé pour la première mission commerciale de sa carrière avec 36 satellites OneWeb à son bord. La mission à destination de l'orbite basse a duré 19 minutes et 45 secondes, auxquelles il a fallu ajouter pratiquement une heure et demie d'éjections de groupes de 4 satellites. Ces derniers pèsent chacun 145 kg et ont depuis ouvert leurs panneaux solaires, puis allumé leurs propulseurs ioniques-électriques pour commencer leur lent voyage vers le maillage de la constellation située à environ 1 200 km d'altitude.

Le succès indien a un goût de revanche sur les difficultés de OneWeb, mais aussi pour l'Inde, qui tente de sortir la tête haute d'une période très compliquée entre la crise sanitaire liée à la COVID-19, des problèmes d'approvisionnement pour son secteur spatial et une transition entre public et privé qui prend du temps. C'était d'ailleurs la plus imposante charge utile de tous les temps pour un lanceur indien. À noter que l'opérateur indien Bharti Global, qui détient la majorité des parts de OneWeb, s'est félicité d'avoir été un élément déterminant du choix de l'opérateur.

OneWeb espère clore un chapitre

Dans les mois qui viennent, OneWeb (qui a multiplié les partenariats commerciaux cette année) espère vivement terminer le déploiement de la première version de sa constellation pour atteindre les 648 unités en orbite. De quoi envisager plus sereinement une deuxième phase, mais aussi d'assurer une couverture idéale du globe avec les satellites existants. Indispensable pour les services aériens et navals ainsi que la couverture des zones isolées et polaires.

Il reste pour cela au moins une grappe de 36 satellites qui décollera également depuis l'Inde, à Sriharikota, mais aussi trois tirs avec Falcon 9 de SpaceX avec des dispositifs de déploiement de plus grande capacité (46 à 48 satellites).

Source : SpaceFlightNow

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (4)

merotic
C’est beau… on verra encore plus dans le ciel de nuit des grappes de satellites comme pour Starlink.
SPH
ha ! moi qui pensait avoir vu 18 étoiles filantes de suite…
AfricanJoker
C’est formidable la technologie, mais la privatisation de l’espace et son utilisation par n’importe quel privé en liaison directe avec ses ressources financières est réellement une absurdité du 21ème siècle, surtout pour certains projets qui sont plus que discutables.<br /> (Autorisation d’utilisation qui sera certainement corrigée au même titre que l’essence « au » plomb et j’en passe, par une réflexion cohérente, plus avancée que les nôtres le sont à ce jour, enfin, j’ose espérer, bien que ce ne soit pas dans l’air du temps).<br /> Je ne suis pas pour freiner l’innovation, ni la technologie, l’espace et la recherche en générale sont des excellentes choses du point de vue des découvertes, mais accepter que des privés puissent « polluer » l’espace et arriver au scénario du syndrome de Kessler par un manque de concertation et de vision à long terme par des projets X ou Y me choque profondément.<br /> Aujourd’hui, l’espace autour de la Terre est encombré par près de 3000 satellites hors d’usage, et plus de 35 000 débris mesurant plus de 10cm flottent en apesanteur, qu’il faut partiellement suivre en fonction des orbites afin qu’ils n’heurtent pas les projets essentiels, d’envergures et importants, tels que la station spatiale internationale et j’en passe.<br /> Bien sûr, viendront d’ici incessamment sous peu des robots qui commenceront à nettoyer toute notre *erde basée sur de l’hyper-capitalisme pure et dure.<br /> Celle-ci succédant à peine aux nations qui elles le poluait depuis les premiers satellites, mais à une allure plus modérée. (Est-ce plus louable, ce n’est pas la question ici face à la masse de débris générés en si peu de temps et ceux à venir)<br /> Il y a bien des accords sur le orbites avant lancement, mais ça reste marginal face au désastre que nous sommes en train de créer.<br /> Après la terre, l’espace, les débris « de masse » viendont également sur la lune d’ici une dizaine d’années, c’est une évidence, d’où mes quelques écrits.<br /> Mr Bottlaender, j’adore vos articles, je ne critique pas celui-ci.<br /> Cependant j’exprime juste une crainte par le manque de réflexion (d’intelligence?) et de concertation des êtres humains.<br /> Merci pour votre passion et vos écrits, je suis moi-même un grand passionné de l’aérospatial, certainement moins que vous et avec mes limites, mais je le suis, en tout cas je pense l’être.<br /> Donc de l’innovation OUI ! Une cause ne remplacera jamais une autre, bref, les naïfs qui pensent qu’en mettant le budget de l’un, (exemple 1, l’aérospatial), dans l’autre (exemple 2, la lutte contre la pauvreté) sont des ignorants n’ayant jamais rien compris car l’être humain fait des choses par passion. Son temps et l’investissement de celui-ci ne peut être calculé, ni égal pour des causes différentes.<br /> Mais bref, laisser n’importe qui faire ce qu’il veut sous prétexte de ses ressources financières est aberrant, paradoxal, irrationnel, irréfléchi, je n’ai pas les mots exacts pour le preciser, c’est juste dingue d’accepter telle situation sans un garde-fou, pourtant ça se passe aujourd’hui et maintenant.<br /> Un jour, à l’extinction des êtres humains, les sages diront que nous étions bien ignorants de nos actes et que tout a un debut et une fin, même notre civilisation ! Oui, seule l’intervalle diffère, nous sommes donc déjà condamnés, à nous de le prolonger !
philouze
j’aurais pensé que l’épisode starlink/ukraine, ayant démontré qu’une couverture sat quasi inviolable et accessible de partout était devenu une évidence pesant bien plus lourd que quelques caprices d’astronomes amateurs (ou pas)<br /> Les devices permettant cet accès universel sur Avion, bateau et camping-car arrivent, se complétant à l’accès en zone blanche et de conflit.<br /> Ce n’est, ni plus, ni moins que la prophétisation réalisée de L’infosphère de Dan Simmons, ça va bien plus loin qu’un « délire capitalistique » : le NET , le réseau / canal d’information VERS toute et DE toute l’humanité devient une sphère planétaire.<br /> Et bonne nouvelle, dès le début il y a une concurrence pour éviter qu’un opérateur ne devienne le seul « fournisseur d’eau » de la planète/<br /> A coté de ça, je trouve que les quelques traits sur une pose longue un jour de lancement ne pèsent pas lourd.
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