Voici CAPS, la capsule volante française autonome, passe-partout et monoplace (Vidéo)

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 20 juillet 2021 à 11h44

Sur VivaTech, nous sommes allés à la rencontre de Paul Cassé, fondateur de CAPS, une jeune entreprise qui rêve d'envoyer dans les airs de petites capsules volantes, et ce dans les prochaines années.

Trois jeunes physiciens, Paul Cassé, Kevin Laouer et Pierre de Châteaubourg, rencontrés sur les bancs de l’École normale supérieure (« Normale Sup’ »), ont lancé en 2019 leur propre société, CAPS (pour Capsule aérienne pilotée par satellite). Lorsqu’ils ont vu le Solar Impulse faire le premier tour du monde en électrique en 2017, ils se sont lancé un défi : construire leur propre drone de transport.

À VivaTech, Paul Cassé, le président-directeur général de la structure, a accepté de nous présenter l’eVTOL, véhicule à la fois électrique, autonome et monopassager, destiné à devenir une solution de choix sur le futur marché des taxis volants.

L'interview de Paul Cassé, fondateur de CAPS

Paul Cassé, patron de CAPS (© Alexandre Boero pour Clubic)
Paul Cassé, patron de CAPS (© Alexandre Boero pour Clubic)

Clubic : Enormément de gens s'arrêtent devant votre capsule eVTOL... Pouvez-vous la présenter à nos lecteurs ?

Paul Cassé : C'est la première fois, et en exclusivité mondiale, que CAPS révèle au grand public sa capsule aérienne. Il s'agit d'un eVTOL qui a vocation à assurer un service de taxi urbain aérien à la demande, pour pouvoir inclure la périphérie et le centre-ville de Paris dans un rayon de 10 à 15 minutes de trajet.

L'aéronef est entièrement propulsé par énergie électrique, et pensé pour couvrir la surface de toutes les grandes métropoles européennes et mondiales. L'idée est que l'appareil fonctionne de façon complètement autonome en se déplaçant d'un point A à un point B. Le départ et l'arrivée seront de petites stations compactes pour être intégrées facilement dans l'écosystème de nos villes. CAPS doit traverser des « rails aériens » que l'on connaît déjà et qu'on a pu préenregistrer à l'avance dans l'eVTOL.

Avant de rentrer dans les détails techniques, quelles informations pouvez-vous nous donner, notamment sur la taille et le poids de la capsule ?

Nous avons abordé la thématique de la mobilité aérienne urbaine en visant son implantation à grande échelle et de façon durable. Nous sommes convaincus que pour avoir un réel impact et solutionner le challenge de mobilité auquel font face les autorités, la mobilité aérienne électrique a besoin de deux choses : être abordable et discrète. Les personnes n'accepteront jamais le risque inhérent à ces nouvelles mobilités au-dessus de leur tête s'ils n'en ont pas une réelle utilité.

« L'idée est que l'appareil fonctionne de façon complètement autonome, en se déplaçant d'un point A à un point B »

Notre aéronef fait environ 1,20 mètre de diamètre (pour la cabine), 3 mètres de hauteur, et les bras ont un diamètre total de 3 mètres. Cela permet à l'eVTOL d'atterrir et décoller facilement un peu partout en ville. Il est aussi ultra léger : 250 kg à vide. Ce poids lui permet d'évoluer discrètement, en émettant un bruit inférieur au bruit ambiant de la ville ; en d'autres termes il est inaudible pour les usagers citadins.

La capsule CAPS (© Alexandre Boero pour Clubic)
La capsule CAPS (© Alexandre Boero pour Clubic)

Quels sont les composants et matériaux utilisés pour atteindre ce poids plume ?

Pour pouvoir atteindre la meilleure densité pour l'appareil, nous utilisons des matériaux de nouvelle génération, de types composite et fibre de carbone, qui vont allier extrême résistance et super légèreté. Ce sont des matériaux beaucoup plus résistants que l'aluminium, pour un poids trois à quatre fois inférieur.

Ensuite, on utilise des batteries lithium-ion qui fournissent aujourd'hui la plus grande densité en matière de stockage énergétique. Nous visons, un jour, à basculer vers une solution à hydrogène. Les technologies existantes ne le permettent pas encore, et pour l'heure, nous bossons sur des solutions d'hybridation, pour passer plus tard au tout hydrogène, ce qui pourra encore augmenter l'autonomie de l'appareil.

« Monoplace, l'aéronef volera en permanence à 100 % de sa capacité et permettra d'accueillir des personnes à mobilité réduite »

Cette capsule se limite-t-elle à un voyageur ?

Oui. Nous avons imaginé un transport monopassager, ce qui nous permet de nous différencier de la concurrence et d'imaginer un véhicule dont l'ergonomie va être compatible avec les usages en ville. Nous avons commencé par une étude à la racine de la mobilité urbaine et avons remarqué que 70 % des trajets quotidiens en ville se font seul, et dans le pire des cas au volant d'une voiture cinq places. On a donc imaginé cet aéronef monoplace qui volera en permanence à 100 % de sa capacité et permettra d'accueillir des personnes à mobilité réduite.

Zoom sur le haut de l'aéronef (© Alexandre Boero pour Clubic)

Au niveau de la connectique, est-ce que des choses sont prévues à bord pour le passager ?

Bien sur. L'objectif est que le passager apprécie au maximum son trajet. Toute la grande vitre de devant a vocation à être connectée, à proposer une expérience en réalité augmentée pour apprécier de façon plus détaillée le paysage qui défile. Il y aura la possibilité de passer sa propre playlist de chansons à l'intérieur de l'habitacle, via l'application mobile, par laquelle on pourra aussi commander le trajet, et qui fera le lien entre le passager et la technologie donc.

CAPS présente six hélices. Comment se passeront le décollage et l'atterrissage ? Où en êtes-vous dans le développement, et quand aimeriez-vous démarrer les tests, notamment avec un prototype ?

Nous avons commencé par les simulations informatiques pour définir le design et la calibration de l'appareil. Sur le modèle que vous voyez ici, la cabine est une maquette utilisée pour les expositions, mais le plateau posé sur le dessus est fonctionnel. Il a d'ailleurs déjà effectué ses premiers décollages. L'idée est que le modèle final soit un peu différent de celui-ci, une solution un peu plus ergonomique que nous optimiserons encore au fil du temps.

Celui que l'on présente ici n'est qu'un démonstrateur destiné à prouver nos capacités à intégrer les différentes technologies nécessaires au montage d'un aéronef pour le transport de passagers.

« Nous visons à rejoindre cet écosystème le plus rapidement possible, pour pourquoi pas, faire des démonstrations de notre technologie dès les Jeux olympiques de 2024 »

Vous avez répondu à l'appel d'offres Paris 2024. On imagine que, déjà, c'était un moyen de vous faire connaître. Qu'est-ce que vous en tirez comme bilan et expérience, même si vous ne faites pas partie des trois entreprises retenues ?

L'Agence de l'Union européenne pour la sécurité aérienne (AESA) a élu Paris comme la ville la plus attractive pour la mobilité urbaine aérienne. La ville a lancé un appel à manifestations international pour les premiers services de taxis urbains aériens, qui circuleraient pour les Jeux olympiques de 2024. C'est Airbus, un acteur chinois et une entreprise allemande qui ont été retenus.

Dans trois ans donc, vous verrez les voitures volantes au-dessus de vos têtes. CAPS a bien évidemment répondu à cet appel d'offres. Néanmoins, il fallait être capable de démontrer des premiers tests dès cet été, et notre start-up ne peut pas fournir cette technologie aussi rapidement. Mais nous visons à rejoindre cet écosystème le plus rapidement possible pour, pourquoi pas, faire des démonstrations de notre technologie dès les Jeux de 2024.

La capsule, modélisée (© Alexandre Boero pour Clubic)

Ce que nous en retenons, c'est que malgré l'historique fort de la France, nous sommes aujourd'hui le seul constructeur dans ce domaine. Cela nous donne à la fois une position de leader tout en montrant la complexité de l'environnement local pour développer ce genre de technologie.

Pour aller encore plus loin et encore plus vite, quid du financement. Où en êtes-vous aujourd'hui ? Cherchez-vous à lever de l'argent ?

À date, nous avons levé 100 000 euros de fonds non-dilutifs grâce à des prix à l'innovation, des soutiens de la BPI et l'investissement des fondateurs de l'entreprise, ce qui nous a permis de réaliser ce premier prototype, de créer la société et de mettre en place un réseau de partenaires technologiques.

Aujourd'hui, nous entamons une vague de levée de fonds en amorçage de 6 millions d'euros, nécessaire au financement des trois prochaines années de recherche et développement de CAPS. Cela pourra financer la construction d'un second prototype, pour chercher la certification européenne pour le transport de passagers en ville.

Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Commentaires (10)
pinkfloyd

Nan mais, attendez, je ne sais pas moi, mais…

QUI à pensé que c’était une bonne idée ?
QUI ( avec surement un QI vachement plus élevé que le miens) c’est dit que c’était l’avenir et que cela va fonctionner/ce vendre ?
QUI a autorisé la finance de ce truc ?

( tellement de possibilité d’impact sur les hélices, obligé de resté debout, pas pour toute les morphologie, les claustrophobes, quand t’as un gros sac a dos… )

Je sais qu’en bon francais on ralle et on réfléchis après, mais là non, franchement non…

comprend pas là.

gouryell

L’idée est super bonne, l’idée d’une télécabine drone sans cable qui relie un point A a un point B. Faut prévoir un couloir aérien avec les autorités qui soit suffisamment haut pour éviter les immeubles sachant que la hauteur mini de survol d’un avion en agglomération est de 1000m (pb de turbulence d’air à voir)
« obligé de rester debout » pas nécessairement, une assise rabattable ça existe partout pour s’assoir ( bus, métro) de plus il s’agit d’un proto donc faut faire des essais en temps réels pour faire évoluer le concept en fonction de la population.
C’est vraiment top comme idée!!!

AlexLex14

Si tu avais lu/vu le papier ou la vidéo dans son intégralité, tu aurais vu qu’on est assis à l’intérieur (au regard des dimensions) et que c’est même accessible aux PMR :wink:

gamez

il n’est pas interdit de mettre un strapontin pour ceux qui veulent s’asseoir.
les claustrophobes ils font comment pour prendre l’ascenseur?
Et ils vont biensur prévoir un peu plus de place au sol que pour contenir juste tes pieds, de quoi poser ton gros sac à dos

pinkfloyd

« les claustrophobes ils font comment pour prendre l’ascenseur? »
ils prennent les escaliers, et souffre le martire quand y en a pas malheureusement.

« tu aurais vu qu’on est assis à l’intérieur »
sur ce coup au temps pour moi ! my bad !

SuperLobo

Je dois faire 3 fois le tour de Paris en RER/Metro/Tram avant d’arriver au taf.
Là, c’est du vol d’oiseau.

Si après cela, tu vois toujours pas.

gannher

Mince j’ai cru que ça parlait du token CAPS édité également par une boîte française. Je suis déçu :grin:

Tonio28

Vraiment hâte de voir les premières collisions avec des drones / oiseaux / autres aircraft, pour voir ces engins finalement s’écraser sur la foule. le futur du déplacement urbain n’est clairement pas aérien, malgré les films de SF des 30 dernières années.

« Ce que nous en retenons, c’est que malgré l’historique fort de la France, nous sommes aujourd’hui le seul constructeur dans ce domaine. » Et… du coup, Airbus, c’est bon, ils ne sont plus du tout considérés comme francais? Et puis s’appeler « constructeur » à cette étape, c’est un peu précoce. Faut pas oublier qu’ils ont l’air de bien se débrouiller pour être invités partout, mais que pour l’instant, aucun fond d’investissement serieux n’a voulu participer.

rexxie

J’aime bien la forme parachute qui semble facile à stabiliser, un peu comme les graines de pissenlit qui s’envolent.

notolik

Dommage que la gravité rende ce type de projet utopique.

Au moins nous fait un peu rêver…