Après les impressionnantes images qu'elle a partagées, quelle suite pour la mission DART de la NASA ?

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
27 septembre 2022 à 13h00
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La petite lune Dimorphos quelques instants avant l'impact de la sonde DART © NASA / John Hopkins APL
La petite lune Dimorphos quelques instants avant l'impact de la sonde DART © NASA / John Hopkins APL

Comme prévu, la sonde DART s'est bel et bien écrasée sur l'astéroïde Dimorphos ce 27 septembre à 01 h 14 (heure de Paris). Mais si le travail de l'impacteur est terminé, celui des observatoires autour du monde et des astrophysiciens peut commencer ! Leur mission culminera en 2024 avec la sonde Hera de l'ESA.

Et en attendant, quelle collision !

Ce point qui grossit

Il aura fallu attendre environ une heure avant l'impact pour qu'un point minuscule apparaisse sur les images, quasiment accolé à l'astéroïde Didymos. Sa petite lune Dimorphos, que l'on a pu voir grandir grâce à la caméra DRACO de l'impacteur DART au fur et à mesure que ce dernier lui plongeait dessus, s'est révélée peu à peu. Puis, dans les dernières secondes, on a pu voir la surface de l'astéroïde dans toute sa complexité : de gros blocs et de plus petits agglomérés en un « patatoïde ». Du moins, avant que DART ne fasse voler sa surface en éclats.

La mission de l'impacteur est terminée, et c'est un réel succès, car la NASA a ainsi prouvé qu'elle était capable de viser, puis d'envoyer un véhicule autonome percuter un tout petit corps de 160 m de diamètre seulement, à 11 millions de kilomètres de la Terre. Il reste cependant toute la deuxième phase du travail, à savoir observer les effets de cet impact et mieux comprendre ces duos d'astéroïdes qui sont relativement fréquents et pour l'instant mal documentés.

C'est bon, vous l'avez vu ?

L'impact lui-même est proprement documenté depuis la Terre. Ce matin, plusieurs observatoires ont déjà publié leurs images de la collision, montrant un très impressionnant nuage de débris éjecté depuis Dimorphos (ce qui laisse supposer que sa densité était relativement faible et que les effets de l'arrivée de DART pourraient avoir bouleversé une partie de la surface).

D'autre part, le minuscule satellite LICIACube a bien enregistré, à une cinquantaine de kilomètres des astéroïdes, une séquence d'images de la collision. Sa vitesse de transfert des images vers la Terre est très faible, mais de premières miniatures ont été transférées, et tout est très prometteur. Il faudra cependant des études sur plusieurs jours et plusieurs semaines pour quantifier exactement les variations de trajectoire induites par l'impact de DART.

Dernière image complète de la surface envoyée par DART, voici un bel agglomérat à étudier pour les scientifiques ! © NASA / John Hopkins APL
Dernière image complète de la surface envoyée par DART, voici un bel agglomérat à étudier pour les scientifiques ! © NASA / John Hopkins APL

Place à la science !

En attendant 2024 et le départ de la sonde européenne HERA, dont le but sera justement d'aller étudier le duo Didymos/Dimorphos ainsi que l'impact de DART sur un petit corps, les astrophysiciens peuvent se consoler avec le film de l'approche de la sonde de la NASA. En effet, ce dernier remet déjà en question certaines connaissances. Il était par exemple admis jusqu'ici que l'astéroïde parent Didymos avait grosso modo la même forme que les astéroïdes Bennu et Ryugu, des sphères écrasées à leur équateur. Sauf que ce n'est pas vraiment ce que montrent les images de l'approche, avec une surface oblongue, très cratérisée et qui présente de nombreuses marques…

Aucun doute, il y aura de futures publications sur le sujet qui iront bien plus loin que les images de l'approche de DART. Il n'en demeure pas moins une séquence marquante pour l'exploration spatiale qui a permis de recevoir en quasi-direct des photographies toutes les 2-3 secondes d'une sonde autoguidée allant s'écraser sur un astéroïde !

Le duo Didymos (à droite) et Dimorphos (au centre), vu par DART à quelques poignées de seconde de l'impact © NASA / John Hopkins APL
Le duo Didymos (à droite) et Dimorphos (au centre), vu par DART à quelques poignées de seconde de l'impact © NASA / John Hopkins APL

Source : The Verge

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Commentaires (10)

kplan
Un hole in one à 11 millions de kilomètres, chapeau !
jcc137
J’ai eu l’impression d’un moustique venu s’écraser à toute vitesse sur un éléphant.<br /> J’ai du mal à imaginer un éventuel impact sur la trajectoire.
Oncle_Picsou
On est quand même quelques ordres de magnitude au dessus (~1000x), plutot un dragibus qui veindrait s’écraser sur un elephant (à 26 000 km/h!)
cid1
Merci pour ton article après impact, Eric.<br /> Toujours aussi intéressants.
Space_Boy
Vu en live et quel spectacle hier soir. Ton cerveau te dit que la sonde va se poser (comme dans les films quoi), mais non, elle s’écrase contre le sol. Heureusement que le soleil a tout éclairé. Quel moment unique de voir cela en direct.<br /> Maintenant on attend les résultats si la lune a dévié un peu de sa trajectoire. C’est 11h un tour complet de la lune?<br /> Belle mission à 350mio $ depuis des années. Ca ne marchera pas si on détecte un gros caillou 1 mois avant l’impact sur terre. Et vu le % des asteroides encore à trouver…une loterie style Euromillions…
philouze
un mois c’est mort, c’est sûr, mais toute la logique derrière c’est de calculer le géocroisement fatal plusieurs décénnies/siècle avant.<br /> Pour l’instant pas sûr que ça fonctionne, rendez vous dans quelques jours, et là champagne ou retour à la planche à dessin…
ebottlaender
Le tempo idéal pour une mission du genre est estimé à deux ans ^^<br /> Bon, trêve de plaisanteries c’est surtout de la science ici, pour voir si ça a bien marché ou si il faudra être plus créatifs la prochaine fois (les impacteurs, c’est le truc qui arrangerait bien tout le monde car c’est le plus simple). Il faudra attendre quelques jours voire semaines pour confirmer le changement exact de trajectoire.<br /> Juste par contre, si on ne peut pas garantir qu’il n’y en aura jamais, chaque année la probabilité d’un impact important basse, car le nombre d’astéroïdes est fini et que les détecteurs en captent plusieurs milliers !
keyplus
va falloir faire un constat à l’amiable
Martin_Penwald
Tiens, d’ailleurs, c’est quoi le plus simple à énergie cinétique identique : envoyer un projectile de 5 tonnes à une vitesse v ou un projectile de 500 kg à une vitesse 100v ?
Gus_71
Gros succès pour cette mission !!<br /> Reste à en attendre les impacts (!) réels !<br /> Et pour la suite :<br /> Que faire contre des « monstres » d’environ 10km, comme celui qui aurait éliminé les dinosaures ?<br /> Merci Eric !
Space_Boy
A ce que j’ai lu, tous les gros sont répertoriés et sans risque pour la terre pour 10 ans. Mais les moyens peuvent encore faire bcp de dégâts.<br /> Mais effectivement, si un gros arrive, faudra le chopper très tôt avec bcp d’énergie pour le dévier.<br /> Je pense que concrètement, on ne sait rien faire contre un gros…
philouze
AMHO c’est la question à 600 millions (cout du projet DART) !<br /> Plus tu as de temps d’accélération devant toi, plus tu peux utiliser des moteurs ioniques, donc un (bien bien) meilleur ISP, donc moins t’as besoin d’envoyer de masse pour la même énergie cinétique à la fin.<br /> Pour moi l’efficacité plaide pour le léger ultra rapide, car in fine ça permet d’envoyer pour la même masse au départ de la terre « plus d’énergie cinétique à la fin »<br /> Mais si ton bidule va trop vite, est-ce que c’est aussi efficace ou est-ce que tu peux briser la cible , ce qui disperse de l’énergie dans des directions non voulues ?
darkneo2976
philouze:<br /> oi l’efficac<br /> C’est aussi que niveau Vmax, on atteint vite nos limites, et c’est encore plus difficile à cibler.
philouze
ce que j’ai aimé dans ce projet c’est qu’on a eu recours a un autodirecteur, exactement comme un missile.<br /> Il doit être possible de faire plus rapide, on voit que ça a tapé en plein centre.
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