La sonde spatiale DART voit à présent le duo d'astéroïdes qu'elle va percuter

Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender, Spécialiste espace.
Publié le 09 septembre 2022 à 12h30
Bien sûr, en août, ce n'était encore qu'un point, impossible de distinguer Didymos de sa petite lune Dimorphos. Crédits : NASA JPL DART Navigation Team
Bien sûr, en août, ce n'était encore qu'un point, impossible de distinguer Didymos de sa petite lune Dimorphos. Crédits : NASA JPL DART Navigation Team

Objectif en vue ! Après pratiquement une année de vol pour accélérer et viser la bonne trajectoire, DART se prépare à entrer en collision avec Dimorphos, la petite lune de l'astéroïde Didymos. Une démonstration qui arrive dans sa période la plus critique, avant l'impact le 26 septembre.

Il va y avoir des dégâts !

Astéroïde en vue pour DART

C'est la démonstration ultime de la méthode la plus simple pour tenter de dévier un astéroïde qui serait dangereux pour notre planète : envoyer un projectile guidé à très haute vitesse. DART (610 kg au décollage) voyage à présent avec une différence de vitesse de 6,6 km par seconde par rapport à l'astéroïde Didymos et sa petite lune Dimorphos… sur laquelle il va s'écraser le 26 septembre.

Les équipes visent le plus petit membre de ce duo, car l'impact ne modifiera pas l'orbite de l'astéroïde parent Didymos, mais la vitesse et donc la trajectoire de Dimorphos. Et depuis peu, les équipes peuvent retrouver l'astéroïde sur la caméra optique de navigation de DART, nommée DRACO (Didymos Reconnaissance and Asteroid Camera for Optical navigation), malgré les 20 millions de kilomètres qui les séparent encore.

L'approche finale arrive

La mission de la NASA évolue pour l'instant avec peu de changements de trajectoire, mais qu'elle puisse identifier son objectif sur sa propre caméra est déjà une bonne nouvelle. En effet, dans les derniers jours et plus particulièrement dans la dernière heure de sa mission, il faudra qu'elle soit capable de manœuvrer seule pour recalculer et au besoin optimiser son point d'impact sur la petite lune Dimorphos.

Et tout ira si vite qu'il sera impossible de passer par des commandes depuis la Terre. « En obtenant des images de l'astéroïde avec DRACO dès maintenant, nous pouvons déjà ajuster les paramètres logiciels » explique Elena Adams, responsable de l'ingénierie de la mission.

C'est pour bientôt... Crédits : NASA
C'est pour bientôt... Crédits : NASA

Il ne faudra pas le rater

12 août, 13 août, 22 août, DART a capté plusieurs fois Didymos, et bientôt ces mesures auront lieu quotidiennement, puis toutes les cinq heures. Les derniers ajustements majeurs de trajectoire sont prévus le jour avant l'impact, le 25 septembre.

L'impact et surtout ses effets seront mesurés via un petit CubeSat qui voyage avec DART, appelé LICIACube, mais aussi par les télescopes au sol, qui suivront en particulier les variations de l'orbite de Dimorphos autour de Didymos… Avant que la mission Hera de l'ESA aille visiter le duo d'astéroïdes dans les années à venir.

La NASA espère des résultats concluants au cas où il serait nécessaire de dévier (même à minima) un astéroïde se dirigeant vers une collision terrestre dans la décennie à venir. Pour l'instant, aucun ne répond heureusement à ce critère.

Source : NASA

Par Eric Bottlaender
Spécialiste espace

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (8)
cid1

Très intéressant cette « petite partie de billard cosmique », les données récoltées seront très nécessaires pour les futurs risques de collision d’astéroïdes avec la Terre.

SPH

Y avait-il vraiment un risque de collision avec la terre ! J’en doute :no_mouth:

ebottlaender

Non, et d’ailleurs ce n’est pas ce qu’on écrit. Il s’agit d’un exercice d’impacteur sur un astéroïde qui est proche mais ne présente absolument aucun risque de collision avec la Terre.

SPH

Ok. Espérons que ça n’aggravera pas la situation. (genre : mettre l’astéroïde sur la trajectoire de la terre)
Enfiiiin, il y a peu de risque.

olivelau

Il n’y a pas de risque de collision avec la Terre pour ces deux-là, mais dans le futur avec d’autres c’est possible.
En revanche je ne suis pas sûr d’avoir compris pourquoi ils ont ciblé la lune et pas l’astéroïde lui-même

ebottlaender

En fait parce qu’il est petit, déjà, et que du coup quoi qu’il arrive, tout reste restreint dans le « système » de Didymos. Ensuite, comme il est petit il y aura plus d’effets à l’impact. Et puis c’est difficile à cibler, donc ça permet de bien vérifier que les algorithmes sont au point. Enfin, parce que ça ne déviera pas l’astéroïde majeur, et que donc c’est pratique car on prévoit la mission européenne qui ira sur place

PaowZ

vitesse relative de 6.6km/s… je suis impressionné par le recalcul et les ajustements de trajectoire…
Une information que je n’ai pas vue, s’agit-il d’une percussion dans le dos de Dimorphos ? Ou une percussion orthogonale ? Dans ce dernier cas, la difficulté est encore plus grande en termes de timing de rendez-vous…

ebottlaender

C’est une question intéressante, mais je n’ai pas la réponse pour le moment ! Je me la note car on a des petits trucs dans les cartons pour discuter avec des scientifiques de la mission Hera.