Des études font état de nombreuses planètes habitables et civilisations extra-terrestres (en théorie)

Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender, Spécialiste espace.
Publié le 19 juin 2020 à 13h14
Vue d'artiste d'une exoplanète. Crédits NASA
Vue d'artiste d'une exoplanète. Crédits NASA

Deux nouvelles études font beaucoup parler d'elles pour leurs estimations du nombre de planètes habitables dans notre galaxie (jusqu'à 6 milliards !) et du nombre de civilisations extraterrestres observables (environ 36 !).

Toutefois, il s'agit là de projections statistiques.

Restons calmes

Il eut été facile d'aguicher le lecteur en mettant en avant ces chiffres qui attirent l'œil. Pensez-donc, 6 milliards de planètes habitables… Qu'attend-on pour prendre notre sac à dos d'explorateurs ?

Mais la réalité est malheureusement plus cruelle, puisqu'il s'agit en fait de projections statistiques, et ce dans les deux articles. Le premier est basé sur le nombre et le type d'exoplanètes trouvées par le télescope Kepler sur une petite zone du ciel, et le second sur le développement de… Notre propre civilisation, à défaut de pouvoir en observer une autre.

Or, affirmer qu'il y a 36 civilisations extraterrestres dans notre galaxie en se basant sur l'article, même en citant les écarts-types, ne rend pas plus justice au travail des chercheurs qui produisent ces publications. Ces dernières, de vulgarisations en traduction, finissent parfois par perdre leur sens initial.

Vue d'artiste de Kepler 20e, qui vue comme ça, ne sera jamais une jumelle de la Terre. ©Nasa/JPL-Caltech/AFP/Archives
Vue d'artiste de Kepler 20e, qui vue comme ça, ne sera jamais une jumelle de la Terre. ©Nasa/JPL-Caltech/AFP/Archives

De l'intérêt des statistiques

Alors pourquoi ces études ont-elles été publiées ? Pour comprendre cela, il faut se prêter au jeu d'un petit exercice mental, ne pas partir du résultat, mais plutôt se reposer les questions qui ont mené à ces recherches.

Avec 400 milliards d'étoiles environ dans notre seule galaxie, combien pourrait-il y avoir de planètes habitables ? Si l'on se base uniquement sur nos observations, on sait qu'il y en a une (la nôtre), mais aussi plusieurs autres que nous avons pu identifier comme placées dans des « zones habitables » de leurs étoiles. Malheureusement, on en sait peu sur elles : ont-elles une atmosphère, de l'eau, une orbite acceptable, un taux de radiation qui n'a pas tout stérilisé ou une ceinture d'astéroïdes qu'elles traversent tous les ans ?

L'observation, en 2020, a ses limites, donc on utilise des outils statistiques. Reste à savoir lesquels ! C'est là que les deux articles prennent tout leur sens.

Qui veut une jumelle de la Terre ?

Dans la première publication, la démarche de recherche des deux astronomes basés en Colombie Britannique (Canada) est partie d'un constat : pour les 28 milliards d'étoiles du même type que la nôtre dans la Voie Lactée, différentes méthodes de calcul des zones habitables révèlent une chance d'avoir une planète en zone habitable qui varie entre 0,02 et 1.

C'est cette partie du calcul qu'ils ont tenté de raffiner, en prenant en compte le catalogue final des détections du télescope Kepler, et en établissant de nouvelles contraintes de températures, de période orbitale et de taille de planète. La valeur « finale » obtenue est ainsi de 18 % de probabilité par étoile comparable au Soleil, soit un maximum compris entre 5 et 6 milliards de planètes en zone habitable dans la voie Lactée. Cela ne veut pas dire que cette valeur est juste : elle tente seulement d'affiner les probabilités.

Il est d'ailleurs tout à fait possible qu'une autre méthode de calcul propose demain qu'il n'y ait que deux milliards de planètes potentiellement habitables, ce qui serait pertinent en fonction des arguments scientifiques développés dans l'article.

Les posters du "travel bureau" de la NASA font toujours rêver. Mais la réalité va au-delà des statistiques. Crédits NASA

Alien, résurection

Dans la seconde étude, l'estimation du nombre de civilisations capables de communiquer à travers notre galaxie à l'instant N, produite par des chercheurs britanniques, est du même acabit.

C'est une étude qui tente d'apporter une autre version de l'équation de Drake, établie en 1963, et qui fait autant figure de référence que sujet de débats… Ce qui est logique, puisque après des décennies d'écoutes et de recherches, la seule civilisation (plus ou moins) intelligente que l'on connait reste la nôtre.

L'idée cette fois est de ne prendre que des étoiles qui ont plus de 4,5 milliards d'années (et jusqu'à 5), puisque c'est le temps qu'a mis notre planète pour disposer de conditions favorables à l'éclosion d'une civilisation telle qu'on la définit. Une autre variable prise en compte est le temps qu'une civilisation passe à émettre des signaux détectables par nos moyens terrestres actuels (les chercheurs ont estimé ce temps à 100 ans puisque cela fait un siècle environ que l'on émet des signaux radio, mais cette durée peut varier).

Selon les différents paramètres - et chacun comprendra que les incertitudes sur les chiffres tiennent parfois du « doigt mouillé » - l'étude arrive à un résultat de 36 civilisations extra-terrestres probables… Avec une variance qui amène le résultat final plutôt entre 201 et 4 ! Encore une fois, cela ne veut pas dire que ces civilisations existent et sont désespérées de ne pas avoir entendu parler de Clubic.

Reste qu'il s'agit à nouveau d'une méthode de calcul intéressante à disséquer et tenter d'affiner pour apporter un élément de réponse à l'éternelle question : y a-t-il, statistiquement, « quelqu'un » d'autre ?

Eh bien statistiquement, oui. Mais en théorie, on peut se tromper.

Par Eric Bottlaender
Spécialiste espace

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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rexxie

Je suis convaincu qu’il y en a beaucoup plus que 36… des centaines, voire des milliers dans notre galaxie seulement.

rexxie

Ça m’agace toujours cette manie anthropocentrique de se restreindre à des atmosphères similaires à la nôtre avec de la vie à base de carbone.
La vie peut prendre des formes que nous ignorons totalement.
Sans tomber dans le mysticisme, il est très possible que des formes de vie nous côtoient sans que nous puissions même la détecter, nous passe à travers le corps, se moque de l’espace-temps…
Il peut y avoir des civilisations qui vivent à des températures extrêmes, des êtres à base de méthane, d’ammoniaque ou quoi que ce soit d’autre.
Pourquoi diable la vie serait uniquement « telle qu’on la connaît » ?!?

D’autre part, les circonstances aléatoires du développement de l’évolution peuvent facilement avoir fait en sorte qu’une civilisation extra-terrestre soit 1 millions d’années plus avancée que nous, indétectable parce que passée à un plan dimensionnel plus agréable, ayant développé une intelligence telle que nous n’aurions pas plus d’intérêt pour eux que des microbes…

J’avais lu un article passionnant sur ce sujet, bien vulgarisé pour ma petite tête ici :

PPano

Le problème n’est pas le nombre de planètes « habitable » mais plutôt comment s’y rendre ou voyager facilement, le jour où cela sera possible là oui on risque de faire de réelle découverte autre que sur un coin de table…

PirBip

Je suis certaine que ça fourmille de vie dans la galaxie. Mais après avoir vu les équations qui sont nombreuses à promettre tout et son contraire je suis surtout convaincue que ceux qui font ces calculs au doigt mouillé espèrent trouver des espèces qui sont « comme nous », c’est-à-dire des espèces intéressées par l’espace, qui ont développé des moyens de communication comme les nôtres, et qui sont intéressées par l’exploration spatiale.

Or les civilisations en question n’ont peut-être aucun intérêt à l’exploration spatiale ou à la communication par ondes. Cet intérêt que nous portons à la connaissance du monde et à son interconnexion pour ensuite tenter de trouver des civilisations « comme nous » possède une histoire ridiculement petite par rapport à l’histoire de la galaxie.

Nous avons développé la radio il y a 150 ans. Nous avons développé l’écriture il y a seulement 5300 ans. Mais pour en arriver là nous avons du attendre plus de 4 milliards d’années. En mettant à l’échelle d’une année, si la vie sur terre apparaît un 1er Janvier, nous avons inventé l’écriture le 31 décembre à 23h59m19s et développé la radio le même jour à 23h59m58s.

Avec les équations de Drake et ses multiples variations, on cherche des civilisations qui ont une planète où la vie par ADN a pu se développer, dans des zones habitables propices au développement de ces dernières, dont la vie a pu être maintenue grâce aux conditions environnantes exceptionnelles, jamais éteinte par un événement spatial de grande ampleur, mais assez évoluées pour avoir inventé la communication spatiale, en supposant qu’ils l’utilisent aussi pour nous trouver car même ça c’est hypothétique, et ne sachant pas encore si la technologie qu’ils utilisent est compatible avec la notre, ni combien de temps on peut l’utiliser car notre civilisation intéressée par le voyage spatial ne peut émettre que depuis un temps très réduit pour des civilisations qui, si elles nous reçoivent, peuvent le recevoir trop tard car on est pas à l’abri d’un événement qui nous exterminerait tous (astéroïdes, guerres, famines, virus, climat invivable, etc).

Alors, c’est sympathique, l’optimise dont fait preuve les équations de Drake et autres très belles formules au doigt mouillé, mais si ces civilisations existent et sont sûrement plus grandes que nos calculs, notre chance d’en récupérer la trace est proche du néant, dans l’état actuel de nos connaissances et avec ce qu’on cherche spécifiquement. Et si c’était le cas, ce que j’espère très fort vivre de mon vivant!, nous ne savons pas encore si notre génération ne va pas abandonner la radio telle que nous l’exploitons pour changer de technologie de communication dans notre propre système solaire, voire si nous pourrons encore l’utiliser (ressources manquantes, énergie épuisée, etc.)

bmustang

1 par terriens et fini les mesures sanitaires du covid-19

bmustang

avec la probabilité ! tout est flou et non vérifié. Alors on lance un peu n’importe quoi pourvu que les gens y croient

Maga83

Les méduses approuvent cet article…

SlashUzero

Ils respirent peut etre du fréon et boient de l’ammoniaque, donc vivent dans un environnement complètement différent…Sinon dans le paragraphe" alien résurrection", ligne 5 , typo répétition « que que »

notolik

Nous qui pensions que le COVID était une machination de la Chine (ou de la Russie, ou des USA, ou du Bénin) pour dominer le monde…

C’est l’une de ces 36 civilisations en fait !!!

:slight_smile:

Thoach

J’ai hâte de poser mes croquenauds sur une planète vierge et d’y construire des Starbucks.