Mission accomplie pour Chang'E 5 avec le retour des échantillons lunaires en Chine

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
17 décembre 2020 à 14h16
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Premières images de la capsule de retour d'échantillons de la mission sur le sol chinois. Crédits CNSA/CLEP
Premières images de la capsule de retour d'échantillons de la mission sur le sol chinois. Crédits CNSA/CLEP

Il n'aura fallu que trois semaines de mission pour que Chang'E 5 marque l'exploration spatiale d'un nouveau succès chinois. La capsule contenant plusieurs kilogrammes d'échantillons de sol lunaire s'est posée en Chine (Mongolie Intérieure) ce 16 décembre à 18h59 (heure de Paris).

Une véritable démonstration technologique.

Boule de feu, jour de l'an et bonne année…

Il ne restait plus que ces dernières étapes, le largage de la capsule chargée de ses échantillons lunaires, sa traversée de l'atmosphère et son arrivée dans les steppes enneigées de l'Ouest chinois, pour finaliser la mission. Des éléments que l'agence spatiale chinoise maîtrise depuis une décennie, mais pour lesquels toute erreur eut été impardonnable…

Certains se souviendront peut-être d'une mauvaise expérience en la matière, le retour raté de la petite capsule américaine Genesis contenant des échantillons de poussière stellaire et de vent solaire en 2004. Heureusement, rien de tel à déplorer ce soir du 16 décembre : largué à 5 000 km de son point d'impact, le précieux contenant d'échantillons a traversé l'atmosphère comme prévu, commençant sa décélération au-dessus de l'Afrique du Sud. Une demi-heure plus tard, il touchait le sol enneigé de la Mongolie Intérieure, avant d'être rejoint par une armada d'hélicoptères, de véhicules militaires et de scientifiques, qui ont immédiatement inspecté la capsule. Ce 17 décembre, elle est déjà en chemin vers Pékin par avion.

Une mission réglée au millimètre

Chang'E 5 est donc bel et bien un succès déterminant pour le programme lunaire chinois. Le pays avait déjà démontré ses capacités à opérer autour de la Lune, puis sur la surface et même la face cachée de notre satellite ; à présent cette mission « tout en un » est parvenue à condenser en 23 jours l'impressionnant savoir faire des scientifiques et ingénieurs de la CNSA.

Après son décollage le 23 novembre, l'ensemble s'était mis en orbite lunaire le 30 novembre, avant la séparation de l'atterrisseur qui s'est posé sur le sol lunaire le 1er décembre. S'en sont suivis deux jours intenses de récupération d'échantillons, stockés dans un module de remontée qui a pu décoller depuis la surface lunaire le 3 décembre.

Deux jours de vol plus tard, l'amarrage automatisé du module de remontée et de la partie de la mission restée en orbite signaient une première mondiale. L'opération fut immédiatement suivie du transfert réussi des échantillons, et de l'éjection du module de remontée (crashé volontairement sur la surface lunaire).

Ce dimanche 13 décembre, après une correction d'orbite, le module restant a pris le chemin du retour, pour un voyage de 3,5 jours émaillé de quelques corrections de trajectoire. Chaque étape était cruciale sur cette route, et l'atterrissage réussi de la capsule témoigne de la réussite de cette aventure.

Evidemment, il a fallu planter un drapeau :-) crédits  CNSA/CLEP
Evidemment, il a fallu planter un drapeau :-) crédits CNSA/CLEP

Pékin express

Une fois à Pékin, la capsule sera ouverte en salle blanche, pour en extraire le boitier contenant les échantillons de sol lunaire. Ce dernier sera pesé, puis ouvert dans un caisson spécial, à vide, puis en atmosphère contrôlée.

Dans un clin d'œil de l'histoire, les scientifiques chinois effectueront peu ou prou les mêmes opérations que leurs collègues japonais à quelques milliers de kilomètres de là avec leurs propres échantillons d'astéroïde. La Chine, bien sûr, disposera de plus de matériel : on s'attend à ce que la mission Chang'E 5 ait pu collecter au moins 2 kg de régolithe lunaire.

On apprend sans surprise que le véhicule qui a transporté la capsule chargée de ses échantillons de la Lune vers la Terre a réalisé une manœuvre qui lui a permis d'éviter de se consumer dans l'atmosphère. En effet il est possible que l'élément restant de Chang'E 5 réalise une extension de mission vers un objectif proche de la Terre nécessitant peu d'énergie de transfert. Même s'il n'est pas équipé d'instruments scientifiques, obtenir de « simples » images d'un astéroïde permettrait de faire avancer nos connaissance sur ces objets systématiquement surprenants. L'agence chinoise ne s'est pas encore exprimée quant à cette suite de mission potentielle.

Source : Space Flight Now

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (12)

ebottlaender
Le trollocomplotisme relou par excellence.<br /> Il y a des centaines de preuves que les américains sont déjà allés sur la Lune. Par ailleurs si vous ne croyez pas les américains c’est rigolo de se demander pourquoi vous croyez les chinois.
rexxie
Bravo! Et pour ceux qui continuent à dire que les Chinois ne sont que des copieurs technologiquement arriérés, voici matière à réflexion… d’autant plus qu’ils progressent rapidement, les seuls concurrents sérieux à SpaceX à mon avis… pour l’instant…
lapin-tfc
et un jour on arrivera à éduquer les humains à ne plus croire des âneries, ca viendra c’est certain
Labarthe
La Chine transforme l’essai au premier coup, et possède désormais le deuxième stock de matière extraterrestre (en poids) !
dapoussin
Bravo à la Chine pour cette belle démonstration technologique! De quoi relancer la course à l’espace? Ça serait bien…
Element_n90
J’ai cru comprendre que cela fera de ces prélévements les 1ers à revenir de la Lune sans aucune altération, ceux d’Apollo ayant été transporté dans des récipients pas tout à fait super hermétique (et donc l’oxygène de la Terre les a un peu modifié).
Element_n90
De quoi relancer la course à l’espace? Ça serait bien…<br /> Non c’est pas bien car dès l’objectif atteind, tout retombe et il n’y a plus rien. Ce qu’il faut ce sont des programmes ambitieux sur la durée. Vouloir le faire rapidement (par ce que c’est quand même mieux de pas attendre 30 ans) mais de façon constructive et sans agitation.
ebottlaender
Hum, alors ça dépend des échantillons, mais une grande partie ont été très bien préservés et sont toujours conservés dans des conditions optimales, sans plus d’altération que dans le cas de Chang’E 5.<br /> Il y a les quelques centaines de grammes de prélèvements soviétiques qui sont en bon état aussi.
BBlake
Il y a 3 ans chez Safran et ArianeGroup une enquête interne était lancé pour fuite de données industrielle concernant l’aéronautique et l’aérospatiale. Après 2 ans d’enquête, l’organisme d’enquête à dénicher un petit réseau d’espionnage Chinois qui était actif depuis environ 7 ans.<br /> Donc non non, ils sont bien partiellement des «&nbsp;copieurs technologique arriérés&nbsp;»<br /> Mais cela n’enlève rien à l’exploit à part le mérite<br /> PS : Je ne sais pas si cette enquête a été dévoilé publiquement ou c’est que en interne, donc si vous trouvez pas de source alors me croyez pas, cela m’arrange
Maspriborintorg
Tout le monde espionne tout le monde, surtout dans les domaines technologiques. Les USA, la France et même la petite Suisse (voir les affaires des entreprises Suisse Crypto et une autre qui mettaient des portes dérobées dans leurs produits) etc. . Avec sa NSA, les USA sont au courant de tout ce qui se passe dans le Monde. De même avec Windows, Google, etc etc.
vinicss
Il faut comparer ce qui est comparable. La NASA avait financé et apporté leur aide technologique a SpaceX pour pouvoir se concentrer sur les missions de recherche et d’exploration. Et aux vues de leurs réalisations, la mission chinoise est certes impressionnante mais ils sont encore loin derrière les Etats-Unis. Les complotistes peuvent passer leur chemin mais les américains ont tout de même rapporté des échantillons lunaires il y 50 ans…
BBlake
«&nbsp;Les portes dérobés volontaire&nbsp;» c’était il y a 10 ans.<br /> Même si maintenant il peut en rester plusieurs, plusieurs solutions sont maintenant possible pour contourner ce genre de faille depuis la popularisation du processus par Edward Snowden en 2013 (ou 2012)<br /> Et oui tout le monde espionne tout le monde mais je parle ici de vol industriel ^^
ebottlaender
Très bon «&nbsp;je ne suis pas complotiste MAIS&nbsp;» si, bien sûr.<br /> L’argument du «&nbsp;on ne sait pas&nbsp;» ne tient pas la route. Même pas deux minutes. Au contraire on sait très bien et ignorer à ce point les centaines de preuves de l’alunissage et de la réussite des missions Apollo (sauf la 13, n’est-ce pas) relève bel et bien du complotisme bas de plafond. La question peut être posée oui, et elle peut aussi être répondue que ce soit en quelques minutes ou en plusieurs mois de débunk des théories farfelues comme les temps de réponse «&nbsp;impossibles&nbsp;» ou les photos trafiquées.<br /> Le plus rigolo dans votre commentaire était sans doute le moment où vous affirmez avoir profondément étudié le sujet.
ebottlaender
L’usage des réflecteurs lasers posés au cours de la mission par les astronautes d’Apollo 11, l’authenticité des centaines de photos prises lors de la mission Apollo 11, les relevés sismographiques, radiologiques, géologiques même, puisque de nombreux pays ont pu étudier des roches lunaires ramenées lors de ces missions ne vous suffisent pas ? Les témoignages des astronautes, mais aussi des personnes qui ont fabriqué le lanceur, des scientifiques qui ont étudié la mission, des radioamateurs qui ont suivi le lancement et les phases de vol etc, tout cela vous ne le considérez pas ?<br /> Il y a des scientifiques, en France, aujourd’hui, qui bossent avec les réflecteurs laser Apollo 11.<br /> Et il est malheureusement impossible, pour des raisons basiques de résolution, de prendre les sites d’alunissage en photo avec un télescope. C’est possible avec des capteurs à haute résolution autour de la Lune. Puisque vous ne croyez pas les données NASA (on se demande pourquoi car elles sont publiques), je ne vois pas trop pourquoi vous croyez les autres, mais qu’importe. En 2008, la sonde japonaise Kaguya (ou SELENE) a photographié le site d’Apollo 15. Même si sa résolution ne lui permettait pas de merveilles, les clichés ont bien montré les traces générées par le véhicule de remontée lors de son départ de la Lune.<br /> Les «&nbsp;confrontations binaires m’exaspèrent&nbsp;», dites vous. Mais il y a certaines choses qui sont, et d’autres qui ne sont pas. Si je vous affirme que Louis XIV est vivant, et que vous ne pouvez le réfuter sans «&nbsp;preuve&nbsp;», je n’aurais pas raison pour autant. Ce n’est pas une posture raisonnable, c’est un mauvais postulat.
ebottlaender
(non toujours pas)<br /> -&gt; valable sur l’ensemble du post.<br /> En fait ce que je trouve étrange c’est cette certitude qui viendrait par la photographie des astronautes étrangers. Qu’est-ce qui cloche avec Kaguya ? Il vous faut les marques des empreintes au sol ?<br /> Ces photos seront certainement prises par la LOP-G qui est une station américaine, vous pourrez donc toujours croire à la conspiration.<br /> D’autre part, pourquoi croire aux missions chinoises d’aujourd’hui? Elles n’apportent selon vous aucune preuve supplémentaire que ce qu’on fait les américains durant les années 70 : des photos, des échantillons, du matériel présent sur la Lune.
ebottlaender
Et puis franchement, ça ne colle pas. Vous êtes bien d’accord que les américains ont ramené plus de 300 kg de roches lunaires, mais ne pensez pas que ce sont les astronautes qui les ont ramené ?<br /> Donc vous expliquez ça comment, toutes les missions Apollo étaient robotisées (et donc les astronautes montaient dans une fusée et atterrissaient dans une capsule qui venait de nulle part, malgré le suivi etc radio), se posaient sur des sites qui comme par hasard collent comme pas croyable à toutes les photos ramenées par les astronautes, avec des cailloux qui ont été photographiés in-situ et rapportés…<br /> Ca ne colle pas !<br /> Et l’URSS a aussi suivi les missions Apollo de très près. Les atterrissages ne faisaient aucun doute pour eux. Ni pour les chinois d’ailleurs, qui seraient très contents de rapporter un échec américain. Au contraire, ils ont affirmé que leurs sondes Chang’E avaient elles aussi observé les sites Apollo (mais n’ont fourni aucune photo précises du sol depuis l’orbite, Apollo ou non).
ebottlaender
Le doute c’est bien, quand ça mène à un raisonnement.<br /> Annoncer que ces 300kg de roches n’ont pas été ramenées par les astronautes Apollo, c’est devoir expliquer comment tout ça s’est goupillé.<br /> Bonne chance !
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