Ubisoft : une enquête dénonce les conditions de travail chez le studio en charge de Trackmania

Thibaut Popelier
Spécialiste Gaming
04 janvier 2021 à 17h33
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Ubisoft
Ubisoft

C'est l'histoire d'un feuilleton sans fin pour l'éditeur français. Une fois encore, de nouveaux témoignages viennent mettre à mal le fonctionnement d'un des studios majeurs d'Ubisoft.

Il s'agit de Nadeo, la structure française à l'origine de la licence Trackmania.

L'opération « reconquête » prendra du temps

Nous devons cette enquête au site Numerama, qui s'était déjà illustré cet été aux côtés du journal Libération sur les révélations concernant les cas de harcèlement au sein de plusieurs studios de l'éditeur Ubisoft. Depuis, la multinationale dirigée par Yves Guillemot a annoncé avoir pris des mesures pour éviter que de tels comportements subsistent dans ses équipes.

Juste avant la diffusion de l'Ubisoft Forward ce jeudi, le P.-D.G. du groupe s'est excusé via une vidéo postée sur les réseaux sociaux. Il a déclaré ne pas avoir « réussi à protéger les victimes » et que « des mesures nécessaires pour licencier ou sanctionner » les personnes incriminées ont été prises. Hélas, une énième enquête vient mettre un peu plus en lumière le mal qui semble ronger Ubisoft.

Un patron qui sème la terreur

Ainsi, dans son article publié le 10 septembre 2020, Numerama explique avoir recoupé une dizaine des témoignages recueillis auprès d'anciens et d'actuels employés de Nadeo. Ce studio basé à Paris œuvre sur les jeux Trackmania et a été racheté par Ubisoft en 2009. L'enquête dépeint une atmosphère surréaliste et étouffante à cause du comportement d'un homme : le P.-D.G. Florent Castelnérac.

Ce dernier est présenté comme un véritable tyran et magnat du travail. Il n'hésiterait pas à rabaisser ses employés si, par exemple, ils ne venaient pas travailler le week-end ou ne restaient pas au bureau plus de dix heures par jour. Une développeuse confesse : « Je passais ma vie à travailler et ce n’était jamais assez. Il m’a reproché de ne pas lui demander de travailler le week-end afin de m’améliorer ».

Castelnérac mettait vraisemblablement une grosse pression sur ses équipes. Les témoignages mentionnent le fait qu'il pouvait s'acharner sur un employé en lui hurlant dessus pendant des heures. « On l’entendait gueuler dans tout le studio des horreurs du type « c’est pas possible c’est nul tu devrais te barrer ». Ça pouvait durer 30 minutes, une heure… Il régnait un silence religieux dans les bureaux après ».

Les ressources humaines encore complices

Ces humiliations seraient fréquentes chez Nadeo et les salariés n'avaient aucune échappatoire. Bien que racheté par Ubisoft il y a 11 ans, le studio restait tout de même un peu dans son coin. Ainsi, les équipes n'avaient par exemple pas accès aux services RH de l'éditeur pour faire remonter ces comportements. Pire encore, la responsable RH de Nadeo n'aurait pas été d'un grand soutien étant donné sa proximité avec Florent Castelnérac.

«  On savait que si on lui parlait, elle allait tout raconter à Florent, et qu’après on aurait droit à un tête-à-tête avec lui. Mais je pense qu’elle avait peur de lui, elle aussi  ». D'après Numerama, le patron pouvait même pousser l'humiliation jusqu'à mettre sur la table des sujets familiaux avec des remarques de type, « Est-ce que tu penses que ton père serait fier de toi ? ». Témoignage encore plus accablant, une personne a déclaré : « il a parlé de ma famille, de mes complexes, de ma confiance en moi. À la fin, il m’a fait lire un poème d’une employée qui avait des pensées suicidaires, et il m’a demandé si ça me parlait  ».

Le patron se défend

Il ne s'agit là que de quelques exemples tirés de l'article de Numerama (que nous vous recommandons chaudement de lire). Aussi étonnant que cela puisse paraître, Castelnérac a répondu aux questions du site en expliquant n'avoir demandé que rarement à ses équipes de faire des heures supplémentaires ou en prônant « la qualité de la culture du studio ». Pour ce qui est des remontrances en public, il confesse seulement s’intéresser « aux gens, à leur vie, leur avenir, qu’on les encourage ou qu’on leur parle d’eux de manière honnête ».

Enfin, le dirigeant de Nadeo a répondu à toutes les accusations émanant des confessions d'une partie de son équipe. Dans un long post, il dément sans surprise la plupart des arguments des salariés et s'excuse parfois vis-à-vis de certains « quiproquos ». Reste à voir si cette ambiance toxique va changer suite à cette enquête.

Thibaut Popelier

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Fan de jeux vidéo et de nouvelles technologies, je suis rédacteur dans ce milieu depuis déjà plusieurs années. J'aime partager ma passion à travers les news, tests et autres dossiers. J'adore aussi le...

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Commentaires (18)

Sans_Plot
Je sais pas quel contrat ils ont signé, mais un moment faut arrêter de se faire marcher dessus juste parce que ton patron te parle comme une m** Parce que si tout le monde fait ça il va juste continuer, sa méthode marche… Malheureusement<br /> (Je sais que c’est pas aussi simple et qu’il y a plein de facteur à prendre en compte, mais je trouve ça quand même dommage)
zekkawa
C’est special le milieu du JV, surtou en France, t’as l’impression que c’est un privilege pour l’employe de bosser dans cette industrie et que du coup il doit encaisser beaucoup et faire pas mal de sacrifices.<br /> Ce n’est rarement considere juste «&nbsp;comme un job&nbsp;».<br /> Sans parler du fait que les salaires sont super bas, alors que bon, l’industrie se porte super bien, mais allez comprendre pourquoi les employes sont si mal paye et traite…
GRITI
Sans_Plot:<br /> (Je sais que c’est pas aussi simple et qu’il y a plein de facteur à prendre en compte, mais je trouve ça quand même dommage)<br /> Tout à fait.<br /> C’est comme une femme battue qui n’arrive pas à partir et trouve des excuses à celui qui la bat.<br /> De l’extérieur cela nous paraît aberrant. Mais de l’intérieur, ce n’est plus la même chose…
Pronimo
C’est le résultat a payer quand tu veux sortir un jeu massif open world tous les ans.<br /> Les managers (ou ceux qui fouettent ses employés) ne se rendent peux etre pas compte du travail monstre qu’il faut derrière un jeuxvideo AAA.<br /> Apres ceux qui bossent dans ce secteur peuvent bien aller voir ailleurs, c’est dommage de subir tout le temps. Mais contrairement a d’autres types de scandales qui sont facilement médiatises, cela, a la détresse des employés, tout le monde s’en fou.
Sans_Plot
Malheureusement l’école ne nous éduque pas vraiment au marché de l’emploi, et les nouveaux arrivants pensant avoir la chance de leur vie au moindre CDI peut importe les clauses du contrat et le salaire… A cause de ça, les salaires sont toujours plus bas, et les gens qui veulent négocier ont de moins en moins de pouvoir, a cause de ceux qui acceptent tout.<br /> Arrêter moi si je dis de la m**, mais c’est l’impression que j’ai
mrassol
Le responsable qui m’attaque sur le plan physique ou perso, il passe par la fenêtre direct …
GRITI
C’est pour cela que désormais on aura des bureaux souterrains…
Popoulo
«&nbsp;la responsable RH&nbsp;» : c’est une habitude on dirait.
c_planet
On est dans un monde où les No Life prennent leur revanche. Les références sociales ont été vampirisées par des nerds coupés de la réalité et du relationnel. Il faudra être très malin pour les déloger.
mrassol
Pas de demi mesures chez moi. Je suis binaire … je ne connais que le 0 et le 1
Nmut
Bof, pas sur que la réponse soit proportionnée. Tu as probablement le même problème que ce boss, un problème relationnel et de management…<br /> Par contre gueuler aussi fort que lui et ne pas se laisser marcher sur les pieds, c’est normal.<br /> Ce n’est pas pour disculper ce type, mais le management par le stress a longtemps été le seul envisagé et enseigné, c’est aussi celui qui vient naturellement en cas de stress du manager (pbm de délais, le grand classique de l’informatique, de finance, de personnes, …).<br /> Le boulot d’un manager, c’est que le boulot soit bien fait ET que les n-1 aient les moyens de le faire dans de bonnes conditions. Il faut trouver la bonne méthode et ce n’est pas facile…
mrassol
La première ligne est exactement moi c’est pour ca que je me suis mis a mon compte
wackyseb
Encore un article qui me fait bien sourire. Restons pragmatique.<br /> Nous ne bossons pas dans l’industrie du jeux vidéos, nous ne connaissons pas ces gens qui se plaignent.<br /> Pour ma part, je suis dans une grande entreprise et des gens qui se plaignent d’aise le plus souvent, j’en connais des tonnes.<br /> Il faut aussi arrêter de faire son Caliméro 5 min.<br /> Si c’était vraiment si terrible, il existe des moyens légaux de mettre la pression aux dirigeants avec le DGI (Danger Grave et Imminent), le droit de retrait, la médecine du travail, les assistantes sociales, l’inspecteur du travail, les prudhommes.<br /> Et j’en oublie certainement<br /> Donc avant de crier au loup, on se renseigne réellement<br /> Si vous saviez le ramassis d’idioties qui peuvent sortir dans la presse, via un syndicat (rouge moustachu) et leur pendant politique (facteur)…
Element_n90
Dites donc, ça ressemble pas un peu à Elon Musk : crie sur ses employés, leurs impose des cadences infernales, exige qu’ils bossent les week-end…?
philumax
Un patron c’est un patron.
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